24 Septembre 2012, arrivée de l’Odyssée Électrique, premier tour du monde en voiture électrique de série. Son objectif était de promouvoir la voiture électrique (VE) et de démontrer qu’elle est tout à fait adaptée à l’usage urbain.
L’Odyssée Électrique, les récentes mesures de soutien aux véhicules électriques du gouvernement ou encore le lancement de la plateforme Plug & Move, sont autant d’initiatives en faveur du développement de la voiture électrique pour tous.
Cependant, moins de 4000 voitures sur les 2 millions de véhicules vendus l’année dernière en France étaient électriques. Alors, l’odyssée électrique pour tous, un rêve ou une future réalité ? Solucom est allé à la rencontre d’Antonin Guy, l’un des initiateurs de l’Odyssée Électrique.
Qu’est-ce qui vous a poussé à réaliser cette aventure ?
L’idée nous est venue en 2010, à Xavier Degon et moi-même. Nous avions envie de voyager tout en menant un projet qui ait du sens. C’était également un moyen de contribuer à la promotion du véhicule électrique, tout en faisant des rencontres partout dans le monde, avec – grâce à – la contrainte de recharger la VE tous les 100 kilomètres environ.
Quel a été le plus gros imprévu auquel vous avez dû faire face au cours du voyage ?
Le vent ! Nous avions calculé l’autonomie de la voiture en prenant compte des facteurs classiques, tels que la circulation, le dénivelé,… Mais nous nous sommes vite rendus compte que l’autonomie de la voiture est très sensible au facteur vent, notamment en traversant les Rocheuses aux États-Unis ou dans le désert Gobi. Nous avons également traversé des régions de Chine où les légendes racontent que le vent fait reculer les trains…. effectivement nous avons dû nous arrêter plus tôt que prévu pour recharger la voiture via une prise électrique située dans les toilettes d’une station essence !
Cela signifie que l’on peut recharger une VE en la branchant sur une prise électrique classique ?
Exactement ! Cela ne prend pas plus de temps que sur un boitier de recharge. En revanche, le processus de recharge est moins sécurisé. Lorsque l’on installe un boitier de recharge, un électricien vient vérifier la stabilité de l’installation. Des options d’alimentation sont également disponibles : par exemple, recharger la voiture de minuit à 6 heures du matin.
Avez-vous identifié des pays dans lesquels le potentiel de développement de la voiture électrique étaient plus important / ou moins important que dans d’autres ?
Le véhicule électrique est fait pour les usages urbains ou péri-urbains, pour les gens qui font moins de 100 kilomètres par jour. Cela signifie qu’il répond aux besoins de déplacement au sein des grosses villes ou dans les pays très denses.
Il y a effectivement des régions à fort potentiel de développement :
- La Californie, état très dense et très concernée par l’environnement. L’état a une vraie volonté de développer le véhicule électrique pour des raisons environnementales et économiques. C’est d’ailleurs l’état où nous avons croisé le plus de voitures électriques au cours de notre voyage.
- Le Japon, pays à forte densité d’habitation. La présence de constructeurs japonais comme Nissan sur le marché de la voiture électrique ainsi que l’existence de nombreuses bornes de recharge rapides – recharge en 20 minutes – font du Japon un pays propice au développement du véhicule électrique.
- La Chine, pays souffrant d’un problème majeur de pollution de l’atmosphère. Les véhicules classiques émettent du CO2, mais également des particules, qui elles représentent un danger pour la santé public. La Chine investit énormément pour réduire le nombre de particules dans l’air. C’est ainsi que le gouvernement a commencé à promouvoir le scooter électrique dans les grandes villes. Il y a même des villes ou les scooters à essence ne sont pas autorisés. Cela commence à familiariser les gens à l’usage de véhicules électriques, et à les habituer à brancher leur moyen de transport tous les soirs.
« Toyota renonce à commercialiser la iQ EV parce que les voitures électriques ne répondent pas aux besoins de la société » affirmait leur vice-président en septembre dernier. Quels sont les obstacles à surmonter avant que la voiture électrique soit plus répandue ?
Il existe plusieurs leviers pour que la voiture électrique se développe :
- La technologie des voitures et surtout des batteries afin de prolonger l’autonomie des voitures électriques. De nombreuses innovations voient le jour à ce sujet avec de meilleures performances en termes d’autonomie. C’est le développement du marché qui permettra d’accélérer ce mouvement : plus les volumes de voitures électriques vendues augmenteront, plus les constructeurs investiront sur les recherches à ce sujet.
- Le prix, qui est également lié à la technologie de la voiture électrique.
- La communication autour de la voiture électrique et le changement d’habitudes des usagers : les gens ne connaissent pas tout sur le véhicule électrique, et il n’est pas facile de passer d’une voiture à l’autonomie quasiment illimitée, à une voiture avec 100 kilomètres à 150 kilomètres d’autonomie.
- Des infrastructures de recharges non pas forcément publiques, mais surtout des prises électriques à la maison, ou dans les parkings locataires des grandes villes.
Quelle évolution attendez-vous avec impatience sur les prochaines voitures électriques ?
Tout ce qui se rapporte à l’assistance à la conduite, en tant que service embarqué reste à développer : il n’y a pas encore de GPS adapté au véhicule électrique, permettant de repérer les bornes – existe déjà mais perfectible – et permettant surtout d’évaluer l’autonomie de la voiture en fonction des caractéristiques de l’itinéraire – le dénivelé, le type de route, par exemple.
Avez-vous une voiture électrique au quotidien ?
Je me suis posé la question pas plus tard qu’hier, car je viens d’emménager dans mon nouvel appartement. Je suis donc allé voir s’il y avait prise électrique dans mon garage, ce qui n’est malheureusement pas le cas… Des efforts restent à faire sur les infrastructures urbaines dans ce sens.
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