Le 7 décembre dernier a été effectuée la première soudure de South Stream, le futur gazoduc destiné à acheminer le gaz russe vers l’Union Européenne. La partie sous-marine de cette réalisation paneuropéenne est portée par South Stream Transport B.V., dont EDF est actionnaire à 15%. Lumière sur ce projet, constitutif de la stratégie gaz portée par l’électricien français.
South Stream : un projet majeur pour l’Europe
South Stream est un projet de gazoduc destiné à relier la Russie à l’Europe occidentale à horizon 2016. Avec un coût total estimé à 16,5 milliards d’euros, South Stream doit à terme permettre à Moscou de livrer 63 milliards de mètres cubes de gaz par an au Vieux Continent, soit 10% de sa consommation en 2020 selon les projections de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE).
De la mer Noire à l’Italie, en passant par la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie et la Slovénie, le tracé évite soigneusement l’Ukraine, principal pays de transit à l’heure actuelle. L’option offshore permettra à Moscou d’éviter les méfaits des crises tarifaires à répétition et de prévenir tout risque d’interruption des livraisons. Du gaz dans l’eau pour éviter de l’eau dans le gaz, en somme.
« C’est un événement important non seulement pour le marché de l’énergie russe, mais aussi pour celui de l’Europe tout entière” a tenu à souligner le président russe Vladimir Poutine lors de la cérémonie officielle d’inauguration du chantier à Anapa, sur les rives de la mer Noire “Avec NordStream [son pendant nordique dans la Baltique], South Stream va créer les conditions pour des livraisons fiables et inconditionnelles de gaz russe aux consommateurs européens, dans ce cas, dans le sud de l’Europe. »
…et pour EDF
EDF a rejoint officiellement le développement de la section offshore de South Stream suite à la signature d’un pacte d’actionnaires quadripartite le 16 septembre 2011. Alors que le géant russe Gazprom et la société nationale italienne des hydrocarbures ENI se répartissent respectivement 50% et 20% des parts, Wintershall, filiale du groupe Allemand BASF, et EDF en détiennent chacun 15%.
La participation de l’électricien français dans le projet est un des volets de son partenariat avec Gazprom, portant notamment sur un contrat long terme de fourniture de gaz. Avec le terminal méthanier de Dunkerque actuellement en construction, les projets de gazoducs ITGI (Interconnexion Turquie-Grèce-Italie) et GALSI (Connexion de l’Italie à l’Algérie via la Sardaigne) ainsi que le terminal méthanier de Rovigo, South Stream symbolise la stratégie de diversification des approvisionnements gaziers du Groupe EDF. Elle lui permet de renforcer sa position sur ce marché tout en sécurisant l’approvisionnement de ses clients et de ses centrales de production au gaz. Stratégique !
…qui s’inscrit dans une stratégie gaz ambitieuse
Depuis l’ouverture du marché de l’énergie à la concurrence, en juillet 2007, EDF fournit à ses clients non seulement de l’électricité mais également du gaz. En 2010, en France, les ventes de gaz naturel du Groupe à ses clients finals ont atteint 21,4 TWh, soit une part de marché de 4%.
Mais la présence d’EDF dans ce domaine s’explique également par le besoin d’alimenter ses centrales à Cycle Combiné Gaz (CCG). Innovant, tant pour sa technologie, que pour son respect de l’environnement ce type d’installation, qui fonctionne au gaz naturel, est capable de démarrer en moins de quatre heures pour répondre aux fluctuations de la demande en électricité. Un atout essentiel pour EDF afin de compléter les capacités d’ajustement de son parc de production.
Enfin, la stratégie gaz ambitieuse d’EDF est symbolisée par sa prise de contrôle d’Edison, en juin dernier, dans l’optique d’en faire son pôle de développement dans le domaine. Le groupe italien mènera notamment les activités d’exploration production en Italie, en Egypte, en mer du Nord et en Norvège.
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