Air France / KLM : faire du ciel le plus vert endroit de la terre

Quand on pense développement durable, Air France / KLM n’est généralement pas la première compagnie que l’on a en tête. Les chiffres nous donneraient plutôt raison : le transport aérien produit de 2 à 3% des émissions globales de CO² . Au-delà du CO², les avions émettent dans l’atmosphère de la suie et de l’ozone, qui détériorent la qualité de l’air et contribuent au réchauffement climatique. Sur le papier alors Air France / KLM,  8ème compagnie mondiale (en nombre de passagers transportés), ne figure pas sur les rangs des entreprises eco-friendly.

Et pourtant… elle affiche résolument la couleur verte dans sa communication corporate et dans son organisation. Choix stratégique, coup marketing ou nécessité économique ? Energystream décortique pour vous les actions d’Air France / KLM en termes de management environnemental

Développement durable : politique d’entreprise ET nécessité économique

Depuis 2006, la compagnie a signé une déclaration, affirmant sa volonté de devenir une référence en matière de responsabilité sociétale d’entreprise. Organisée autour de 5 objectifs clés :

  • lutter contre le changement climatique
  • réduire l’impact environnemental,
  • construire une relation durable avec leurs clients
  • promouvoir une politique RH responsable
  • contribuer au développement du territoire

La politique née de cette charte est complètement intégrée et pilotée par les instances de l’entreprise. Chaque niveau, du comité de direction au collaborateur, a un rôle à jouer.

Surtout, le groupe s’est fixé une série d’objectifs dont l’atteinte est mesurée au travers d’indicateurs de pilotage audités et publiés chaque année. Par exemple, Air France doit réduire de 20% (par rapport au chiffre 2005) d’ici 2020 ses émissions pour les vols à destination des DOM. Pour cela, elle renouvelle progressivement sa flotte depuis 2008 et forme ses pilotes à la « conduite économique » ce qui se traduit, dans le domaine aérien, par la recherche de la trajectoire optimum, des procédures d’approche en descente continue ou à vue, un roulage au sol avec un ou deux moteurs coupés.

Dans un contexte économique tendu, alors que le plan « perform 2015 » préoccupe salariés et syndicats, ce choix est une manière de passer des messages positifs à l’ensemble des parties prenantes de la compagnie – et de reprendre la main sur un sujet, la protection de l’environnement, où les pollueurs sont souvent dans une position passive / défensive.  En effet, la compagnie n’est la seule à se préoccuper du niveau de ses émissions …

L’Union Européenne, accélérateur de transformation d’entreprise

Au-delà de la prise de conscience « individuelle » – due à sa culture d’entreprise et à son contexte économique propre – Air France / KLM doit faire avec son environnement politique. Au sein de l’Union européenne, les prises de position dans le domaine écologique se sont traduites en mesures, dont la plus impactante est une taxe carbone spécifique.

Depuis le 1er février 2012, les compagnies aériennes opérant dans l’Union Européenne (quelle que soit leur nationalité) doivent compenser 15% de leurs émissions de CO². En pratique, elles doivent donc acheter des quotas d’émission de CO² dans le cadre du système d’échanges de quotas de l’Union Européenne . Cette taxe, contestée par 26 des 36 pays membres de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) de par la distorsion de concurrence engendrée, a entraîné un bras de fer entre l’UE, la Chine et les USA, qui refusaient que leurs compagnies participent à ce marché. Pour l’instant, la taxe ne concerne pas les vols intercontinentaux, dont les émissions devraient être inclues dans ce marché à partir de l’automne 2013 – mais elle pèsera dès réception de facture sur le bilan d’Air France / KLM…

En parallèle, l’UE a décidé d’augmenter le prix du kilo de CO² sur l’ETS (Emissions trading scheme, ou système d’échanges des quota d’émissions), trop bas actuellement pour financer les investissements dans les ENR – augmentant l’inquiétude des compagnies aériennes européennes.

Polluer moins devient urgent.

Le vol vert, avenir d’Air France / KLM ?

Pour réduire drastiquement ces émissions et atteindre ses objectifs, la compagnie fait le pari de l’innovation. En Octobre 2011, elle expérimentait pour la première fois un « vol vert ». Avion économe en carburant, poids optimisé (jusqu’aux 20 kg de documentation technique des pilotes, transférés sur un iPad !), éco-carburant à base d’huile usagée et trajectoire optimisée : au final, le vol a généré presque moitié moins de CO² (54g contre 93g par passager) qu’un vol classique. Ce qui représenterait, sur une année, des millions de tonnes de CO² économisées. Au-delà de ce test, le vol vert est devenu est une appellation presque générique pour la compagnie, avec des longs courriers New York / Paris  moins gourmands en CO² que la moyenne (3 à 5 tonnes économisées par vol).

Mais il faudra encore des années pour que de tels vols se généralisent : les technologies ne sont pas encore complètement matures, les mentalités sans doute pas encore prêtes. Nul doute cependant qu’il s’agit d’une solution d’avenir, économiquement et écologiquement souhaitable.

Air France / KLM s’est résolument engagée sur la voie de la responsabilité sociale, bien consciente des potentiels gains économiques mais aussi des bénéfices RH et d’image qu’elle peut en tirer. En affirmant sa position d’entreprise responsable sur tous les niveaux, elle se positionne en acteur de la lutte contre le réchauffement climatique, et non pas en « victime » des politiques.

Mais au final, en matière d’environnement, seuls les résultats comptent ; et gageons que l’organisation d’Air France / KLM, aiguillonnée par les mesures politiques, bénéficient à celui  pour qui l’enjeu est le plus fort : le climat.


5 thoughts on “Air France / KLM : faire du ciel le plus vert endroit de la terre

  1. L’avion blanc devient l’avion vert..Très intéressant comme article. J’ajouterais cependant que de mon point de vue, au delà de l’importance environnementale, la priorité du transport aerien me semble être la sécurité qui passe par une formation de pilote hors avion de tourisme..et des visites d’entretien sans faille..

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