Pour réussir la transition énergétique, François Hollande souhaite » réduire à l’horizon 2025 la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75% à 50% « , un effort similaire à celui de l’Allemagne qui préfère passer de 28% à 0% d’ici 2022 mais avec à la clé une sortie définitive du nucléaire. Pour l’instant, le Président affirme bien maintenir le nucléaire en France mais peut-on envisager une sortie définitive ? Energystream a mené son enquête et interviewé Henri Baguenier, actuellement Président d’un fonds d’investissement européen dédié aux énergies renouvelables.
Avant d’analyser de près le cas de la France, regardons les pays ayant déjà entamé leur sortie du nucléaire civil.
Certaines de ces sorties sont toutefois à nuancer. L’Autriche n’a jamais réellement produit d’énergie nucléaire. Leur unique centrale nucléaire n’était qu’au stade de prototype lorsque le gouvernement a proclamé vouloir » une Autriche sans nucléaire « . En Suède, le moratoire de construction de nouvelles centrales nucléaires est levé en 2009 pour permettre le remplacement des anciennes. L’Italie a tenté de revenir au nucléaire mais l’accident de Fukushima a laissé l’opinion publique contre un tel retour . En effet, 95% des italiens ont rejeté par référendum, en juin 2011, la décision du gouvernement Berlusconi de construire 4 EPR. Pour la Belgique la première phase de sortie du nucléaire est pour l’instant programmée pour 2015 sans qu’il n’y ait de véritables actions mises en place pour respecter ce délai. En ce qui concerne le Japon, le retour au pouvoir du Premier ministre Shinzo Abe en décembre 2012, quelques mois après l’annonce du démantèlement des réacteurs, pourrait être synonyme de reprise du nucléaire.
Nous pouvons donc constater que si certains pays ont la volonté de sortir du nucléaire, la facture énergétique pour compenser cette sortie est telle qu’elle est difficile à assumer économiquement. Par exemple, le gouvernement japonais avait annoncé, en septembre 2012, un scénario de sortie où la facture d’électricité de chaque habitant serait multipliée par deux. Il faut cependant tenir compte de l’arrêt précipité des 48 réacteurs sur les 50 présents dans le pays laissant comme seule énergie de transition possible celle d’origine fossile. Il s’agissait essentiellement de gaz naturel. Pour sortir durablement du nucléaire, ou même diminuer la part du nucléaire dans la production d’électricité, il faut donc un mix énergétique économiquement viable.
Les accidents nucléaires indiqués sur cette chronologie ne sont malheureusement pas les seuls répertoriés mais ils font partie des événements les plus graves que l’histoire du nucléaire ait connus. Chaque accident a réveillé des réflexions, battues et rebattues, sur les risques du nucléaire, mais qui peinent à émouvoir les français puisque cette énergie est si » merveilleuse » car propre et peu chère.
Le risque d’un accident nucléaire majeur est souvent l’argument principal contre le nucléaire. A côté du coût humain évident, le coût économique qui s’en suivrait n’est pas à négliger. De plus, l’énergie nucléaire n’est peut-être pas aussi propre qu’elle n’y paraît. Certes, les réacteurs nucléaires n’émettent pas de gaz à effet de serre lors de leur fonctionnement mais l’émission de CO2 au cours des cycles de vie d’une centrale est loin d’être nulle. Par ailleurs, les détracteurs du nucléaire affirmeront également que les prix de l’électricité en France sont artificiellement bas car les réacteurs sont déjà rentabilisés et les prix de vente d’électricité actuels ne tiennent pas compte du renouvellement du parc français. En effet, si le MWh est évalué à environ 40€ actuellement, le prix du MWh produit par un nouveau réacteur peut être estimé jusqu’à 100€.
Energystream est allé à la rencontre de Henri Baguenier, personnalité à la double compétence académique et politique, pour lui demander son avis sur la question.
Henri Baguenier est actuellement Président d’un fonds d’investissement européen dédié aux énergies renouvelables. Anciennement conseiller de la Commission Européenne et du gouvernement portugais, il a été Directeur de 1985 à 2007 du DESS d’économie et politique de l’énergie (Paris X- CEA).
Energystream : Selon vous, la France peut-elle sortir du nucléaire ?
Henri baguenier : Tout dépend de l’horizon considéré. Etant donné la part du nucléaire dans la production Française d’électricité (plus de 75%) une sortie rapide et ordonnée du nucléaire est impossible. Sur un horizon de deux ou trois décennies, cela serait techniquement et économiquement possible, à partir du moment ou un consensus politique dans ce sens émergerait dans le pays. Compte tenu de la position très favorable au nucléaire de la majorité de l’establishment politique, je doute que, en l’absence d’un problème majeur, ce consensus puisse être obtenu. Je crois que la question qui reste posée est la suivante : s’il survenait un incident majeur en France, ou en Europe, quelle serait la capacité de réaction de la France si elle se retrouvait confrontée á la situation du Japon après FUKUSHIMA? Celui-ci tant bien que mal a fait fonctionner à pleine capacité son parc thermique et a pris des mesures strictes d’économie d’électricité, mais au Japon le nucléaire ne représentait que un tiers de la consommation.
Méditons ce qu’Ulrich Beck, conseiller d’Angela Merkel, écrivait dans un article du Monde : « Continuer, après Tchernobyl et Fukushima, à affirmer que les centrales nucléaires françaises, britanniques, américaines, chinoises, etc., sont sûres, c’est refuser de voir que, d’un point de vue empirique, c’est la conclusion inverse qui s’impose : s’il y a une certitude, c’est celle du prochain accident nucléaire majeur. «
Comment ne pas être interpelé par les déclarations en décembre 2012 du Directeur sur le départ de l’Agence fédérale de contrôle du secteur nucléaire en Belgique (AFCN). Willy De Roovere a créé la sensation dans son pays en mettant en cause la sécurité de cette industrie. « Nous devons nous demander si le risque nucléaire est encore acceptable », a expliqué, lundi 24 décembre, sur une radio publique néerlandophone ce responsable qui dirigea par ailleurs la centrale de Doel, l’un de deux sites atomiques belges.
« En toute honnêteté, si je considère ce risque, je choisirai d’autres formes d’énergie », ajoutait M. De Roovere dans cet entretien, évoquant cependant les risques économiques liés à une telle décision.
Toute industrie comporte une part de risques, ajoutait-il, mais il est « très difficile dans la période actuelle » de faire accepter par la population celui qui est lié à la filière nucléaire. Surtout sur un territoire aussi densément peuplé que la Belgique, où une évacuation pourrait concerner des centaines de milliers de personnes.
« Ma réflexion est la conséquence de la catastrophe de Fukushima », a expliqué M. De Roovere dans une autre interview publiée jeudi par le quotidien belge Le Soir. Avant de conclure : « en matière nucléaire, le risque est très faible, mais les conséquences d’un accident peuvent être extrêmement graves. »
Bonjour,avec toutes ces questions sur la production d’électricité en France qui dans l’avenir deviendra un réel problème, serait-il possible d’après vous de repenser notre production d’électricité hydraulique, comment, arrêter de fournir les industries et les particuliers a partir des barrages, et utiliser cette énergie pour faire tourner des salles d’alternateurs types centrales nucléaire avec toute la production hydraulique et à partir de là ré-alimenter industrie et particulier? Dans l’attente de vous lire Salutations