Non, l’ère du charbon n’est pas révolue. Le combustible, qui occupe toujours une place prépondérante dans le mix énergétique de nombreux pays, participe à la production de près de 40% de l’électricité mondiale. Profitant de la baisse de son cours, les États Européens y ont recouru massivement cet hiver pour faire tourner leurs centrales thermiques. Lumière sur le renouveau du charbon en Europe et les projets associés de centrales supercritiques.
Un combustible bon marché
En moins de 2 ans, le cours du charbon s’est effondré. La tonne, qui atteignait les 135$ en mai 2011, avoisine aujourd’hui les 87$.
La cause ? Avec l’exploitation du gaz de schiste, les Etats-Unis disposent désormais d’un combustible bon marché pour l’exploitation de leurs centrales thermiques. Meilleur marché que le charbon, dont ils se sont logiquement détournés pour leur production domestique.
La conséquence ? Le pays, hier encore importateur de charbon, en est aujourd’hui le premier exportateur à l’échelle mondiale, devant la Chine. L’afflux massif de cette houille américaine sur les marchés a fait chuter le cours du combustible, redevenu par conséquent (très) compétitif.
L’Europe au charbon
Dans ce contexte, les pays européens délaissent le gaz, trop cher, et se tournent davantage vers le charbon pour faire fonctionner leur parc thermique. A titre d’exemple, au cours des 8 premiers mois 2012, les centrales à charbon françaises ont produit 44% d’électricité de plus qu’en 2011 sur la même période.
Le constat est le même outre-Rhin, où la part de l’électricité produite à partir du charbon est passée de 42% en 2010 à 52% en 2012.
Un défi environnemental majeur
Source importante de pollution atmosphérique et de gaz à effet de serre, le charbon est confronté à un défi environnemental majeur : les centrales se doivent d’évoluer afin de réduire leur empreinte écologique.
En permettant d’optimiser l’énergie produite par la combustion du charbon, la technologie supercritique est l’une des réponses apportées par les industriels du secteur. Ces centrales nouvelles génération opèrent à des températures et des pressions supérieures au point critique de l’eau (374 degrés et 221 bars). Le niveau de chaleur et de pression alors atteint permet de réaliser des gains d’efficacité importants et de produire plus d’électricité tout en brûlant moins de charbon.
Dernier point, mais non des moindres, leurs équipements de désulfuration et de dénitrification permettent de réduire les concentrations en oxydes de soufre, oxydes d’azote et poussières.
Des projets de centrales supercritiques
Bien qu’EDF ait récemment suspendu son projet de centrale supercritique à Rybnik en Pologne pour raisons économiques et financières, l’énergéticien français songe aujourd’hui à investir dans une telle centrale en France. En cas de décision favorable, c’est la ville du Havre qui serait la mieux placée pour l’accueillir. Mais la réflexion n’en est qu’à ses premiers balbutiements et cette décision ne devrait pas être prise avant 2020-2030.
D’ici là, EDF ambitionne de développer ces centrales charbon dernière génération à l’étranger, à commencer par la Chine, où le Groupe s’est engagé dans une coopération industrielle avec la China Datang Corporation pour le développement de projets de construction et d’exploitation.
En 2009, EDF a d’ailleurs acquis 35 % dans une joint-venture pour exploiter deux unités de 600 MW d’une centrale supercritique dans la province du Henan.
En plein débat sur la transition énergétique, le renouveau du charbon en Europe inquiète certains. “Ce n’est pas le sens de l’histoire” a tenu à rappeler Delphine Batho, la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. Cependant, à l’image de l’Allemagne, le combustible peut symboliser une énergie de transition vers une société moins dépendante de l’énergie nucléaire. Et d’un point de vue environnemental, les technologies d’avenir comme les centrales supercritiques donnent à espérer.
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