À contre-courant des délocalisations massives des pays industrialisés vers les pays à main d’œuvre low cost, Dow Chemicals a annoncé la construction d’un nouvel outil de production estimé à plusieurs milliards de dollars au cœur du Texas. La raison ? La proximité à une source d’énergie compétitive. Retour sur une tendance à suivre.
Pour de nombreuses entreprises, résister à la crise en réduisant la facture énergétique est devenu un véritable leitmotiv. Il s’agit en effet pour elles de s’installer là où le prix de l’énergie est le plus compétitif et de réutiliser dans le même temps leurs excédents. Et contrairement aux délocalisations de ces dernières années des pays industrialisés vers les pays en voie de développement, la tendance est inverse. Ce sont les pays puissants, disposant d’infrastructures solides qui attirent ces nouvelles délocalisations.
Des industriels franchissent le pas de la relocalisation
Certains pays, les États-Unis en première ligne, ont bien saisi l’enjeu de la nouvelle donne énergétique dans les pays industrialisés. Les prix de l’électricité y ont tellement baissé avec l’utilisation de gaz non conventionnels dont le gaz de Schiste que ce pays tant fui ces dernières années par les entreprises (fiscalité et réglementation sociale contraignantes, main d’œuvre trop chère) est désormais perçu comme un ‘paradis énergétique’. Cette tendance incite de nombreux groupes industriels très énergivores, comme les géants de la chimie, de l’aluminium ou les miniers à repenser leurs politiques de délocalisation. C’est par exemple le cas de Dow Chemicals qui a ouvert récemment un grand complexe en Louisiane et qui prévoit la construction d’un nouvel outil de production estimé à plusieurs milliards de dollars au cœur du Texas. Selon une étude menée par l’American Chemistry Council, « les investissements dans l’industrie chimique, 35,5 milliards de dollars en 2012, s’élèveront à près de 52milliards de dollars en 2017 ».
La France a de bons atouts
Il semble que la France veuille se donner les moyens d’attirer elle aussi ces entreprises et de rentrer véritablement dans les jeux des relocalisations. Avec un prix du KWh estimé à 13,43€ TTC (PPA) contre 26,68€ en Allemagne, la France est très bien placée en termes de compétitivité énergétique selon le rapport du commissariat général au Développement Durable de novembre 2012. Arnaud Montebourg, le Ministre du redressement productif, annonçait ainsi en Janvier dernier un grand programme de relocalisation en France. Il cible près de 300 entreprises notamment dans l’aéronautique, la pharmacie ou encore le numérique et insiste sur les prix compétitifs de l’électricité de la France par rapport à ses partenaires européens.
Cette tendance encore marginale, tend à s’amplifier d’autant que la Chine semble également s’intéresser au vieux continent. D’après une étude du cabinet Rodhium, ses investissements sur le continent ont doublé entre 2011 et 2012. Aussi en trois ans, la part de l’Europe est passée de 2 à 10% dans le total des investissements directs étrangers (IDE) chinois. Une bonne nouvelle donc pour la croissance européenne ? A suivre…
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