En avant la transition énergétique ! Oui mais comment ?
2012 : Le gong de la transition énergétique a sonné
Le public s’éveille, les apprentis questionnent, les experts proposent et les confirmés fustigent. Transition énergétique ou comment faire évoluer nos modes de production d’énergie vers les énergies renouvelables (ENR). Sur le même tempo, François Hollande a affirmé vouloir réduire, d’ici 2025, la part du nucléaire de 75% à 50% dans le mix électrique sans toutefois parler de sortie progressive. Le gouvernement prévoit, pour l’instant, de fermer la centrale de Fessenheim et de terminer la construction de l’EPR de Flamanville. Aucune autre fermeture n’a été officiellement annoncée. Comment l’objectif de diminution de la part du nucléaire va-t-il donc être atteint ? Mais surtout, comment la France va-t-elle pallier cette baisse de l’atome, tout en restant dans le rythme des objectifs fixés par les directives européennes ?
Abaisser la part du nucléaire de 75% à 50% signifie remplacer ces 25% par d’autres moyens de production. Un retour durable au charbon ou au gaz parait invraisemblable pour atteindre l’objectif de réduction de 40% des émissions de GES d’ici 2030. Les énergies renouvelables apparaissent alors comme LA solution.
Cependant, une intégration très rapide des ENR dans le système français en vue de combler ces 25% parait difficile à réaliser d’ici 2022 notamment à cause de leurs modèles économiques et de leurs rendements intrinsèques actuels. De plus, les ENR ne représentent aujourd’hui que 12% de la production d’électricité. La France serait-elle réellement capable de tripler cette part en moins de 10 ans ?
Le cas de l’Allemagne
En 2011, l’Allemagne a annoncé une sortie progressive et définitive du nucléaire d’ici 2022. Cependant, cette sortie, précipitée par l’accident de Fukushima, ne laisse pas beaucoup de temps pour mettre en place un nombre suffisant de sources d’énergies renouvelables dans le but de compenser la production d’énergie nucléaire. Les énergies fossiles sont donc un recours momentané mais inéluctable pour l’Allemagne. Dans une interview accordée au journal Libération, Delphine Batho, ministre de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie, a affirmé que l’Allemagne n’est pas son modèle en matière de sortie du nucléaire. En effet, le taux d’émission de CO2 allemand, déjà bien plus élevé que le taux français, est en hausse. Mais la France ne peut se passer du retour d’expérience allemand et devra justement tirer les leçons de la transition allemande.
La question est donc de savoir si l’on peut à la fois atteindre l’objectif de diminution des émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030, tout en abaissant en même temps notre part du nucléaire dans le mix énergétique ? Et si oui, comment ?
Le scénario Négawatt
Négawatt, une association d’experts et de praticiens de l’énergie, a publié en 2012 un ouvrage intitulé « Manifeste Negawatt – Réussir la transition énergétique » exposant un scénario complet alliant transition énergétique et sortie du nucléaire. Si l’objectif de la France n’est pour l’instant que de diminuer fortement la part du nucléaire, regardons tout de même de près ce scénario.
Celui-ci propose une démarche autour de la sobriété, de l’efficacité et des énergies renouvelables. Les deux premiers aspects permettraient de diminuer fortement la consommation énergétique du pays. Les ENR remplaceraient progressivement les centrales nucléaires.
« Il s’agit d’un côté, de fermer les réacteurs à un rythme suffisant pour respecter les enjeux de sûreté : la fermeture de chaque réacteur doit intervenir entre sa trentième et sa quarantième année de fonctionnement. De l’autre côté, il faut faire en sorte que la production de nucléaire reste aussi proche que possible du besoin de compléter la production des renouvelables, afin de minimiser le recours au gaz fossile pour assurer la transition et d’éviter un pic non maîtrisé de l’usage de ce dernier. »
Il existe toutefois de nombreux scénarios, proposés par des entités distinctes, ayant des objectifs et des moyens pour les atteindre différents. Cette diversité permet d’alimenter et d’enrichir les débats sur la transition énergétique.
Peu importe la décision qui sera prise concernant le nucléaire, nous sommes dans une ère de développement des ENR. Et si les objectifs ne sont pas atteints en temps voulu, nous devons concentrer nos efforts dans ce domaine afin de dessiner la tendance et de donner l’exemple aux générations futures. N’oublions pas que si les ENR sont très prometteuses, c’est aussi grâce à leur diversité, aux smart grids et aux moyens de stockage qui permettront leur intégration complète et future. Les ENR auront au moins, à terme, une place bien ancrée dans le paysage énergétique français.
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