Leurs ressources naturelles, leur diversité et leur isolement prédisposent les îles à l’innovation et à l’expérimentation des solutions énergétiques nouvelles. Pour répondre aux problématiques de maîtrise de la consommation et d’intégration d’énergies renouvelables au mix énergétique, le développement des smart-grid semble apporter sur le papier la solution adéquate. En pratique, quelques projets pilotes tentent d’appréhender leur fonctionnement.
Un contexte propice à l’expérimentation
Les « petits systèmes électriques isolés » que constituent nos îles présentent un certain intérêt à l’expérimentation de réseaux intelligents et des solutions renouvelables : les gisements éoliens et solaires y sont attractifs, l’énergie hydraulique y représentait 20% de l’électricité produite en 2010…Pourtant, la production électrique de base y reste très carbonée, pour l’essentiel à base de pétrole et de charbon.
Exposés aux cyclones et autres tempêtes, les systèmes électriques de ces territoires sont non interconnectés au continent. L’électricité consommée doit être produite sur place (en totalité pour les DOM TOM, en grande partie pour la Corse). En cas de pics de consommation, les délestages (coupures d’alimentation électrique des clients) sont ainsi 10 fois plus fréquents qu’en métropole. Pour répondre à ces pics de demande, EDF déploie des solutions coûteuses via des centrales thermiques au fioul ou au charbon et dont le coût en carburant et l’impact environnemental sont importants.
En Corse et en Outre-Mer la production de l’électricité coûte ainsi plus cher que son tarif de vente réglementé : en 2010, le coût du mégawatheure (MWh) produit était de 122 à 315 € selon les régions, pour un coût de l’énergie reflété dans le tarif au client établi à 51,7 €/MWh. Ce déficit chronique est compensé par le système de la CSPE (Contribution au service Public de l’Électricité, permettant de compenser les surcoûts structurels de production et rémunérer les investissements d’EDF) et donc pris en charge par l’ensemble des consommateurs français.
L’évolution démographique et les tendances de consommations (usages de climatisation…) laissent par ailleurs présager une tension accrue sur ces coûts de production avec une croissance de la demande supérieure à celle de l’Hexagone : + 3,8 % par an en moyenne pour l’ensemble des DOM (contre + 1 % par an en métropole).
Ces spécificités techniques et économiques n’ont pas permis l’émergence d’une concurrence pour la fourniture d’électricité aux clients. EDF est donc le seul acteur de la chaîne de valeur de l’électricité, et y accomplit une mission de service public qui présente l’avantage de pouvoir répartir plus facilement les coûts et bénéfices engendrés par la mise en place des technologies de Smart grids.
Des comsom’acteurs pour réduire la consommation, le développement des énergies renouvelables, ça bouge sur les îles smart
EDF propose déjà à ses clients des offres de maîtrise de l’énergie. L’opérateur a mis en place des systèmes de pilotage de la demande variés, déployés par le projet Millener à La Réunion, en Corse et en Guadeloupe et le projet ADDRESS dans les îles de Houat et Hoëdic.
L’intégration des énergies renouvelables fait son chemin sur ces territoires avec les avancées technologiques mais le caractère intermittent des énergies éolienne et solaire créé pose des difficultés techniques encore plus contraignantes que pour les grands réseaux interconnectés. EDF porte ses efforts sur un lissage du caractère intermittent et sur l’évolution de la réglementation pour obtenir une augmentation du seuil maximal d’énergies intermittentes fixé réglementairement à 30 % de la puissance appelée sur le réseau. D’autres efforts portent sur le stockage d’électricité, c’est le cas des projets Pegase (à la Réunion) et Myrte (en Corse) qui testent des systèmes de batteries, de stations de transfert d’énergie par pompage utilisées dans des zones à fort relief et d’hydrogène, pour corriger les écarts de production avec la prévision d’électricité renouvelable tout en permettant des services à différents horizons temporels tels que le transfert d’énergie (quelques heures) et le réglage de la fréquence (quelques secondes).
Pour remédier aux problématiques économiques et d’isolement et tirer profit des ressources naturelles, les efforts s’orientent vers des solutions durables dont l’objectif est l’atteinte de l’indépendance énergétique des îles. Ces mesures sont théoriquement rendues possibles par les technologies smart-grid. Pour parvenir à modéliser plus efficacement leur fonctionnement, des partenaires industriels ont proposé le projet Millener, à découvrir sur un prochain éclairage…
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