1.5% : c’est la part de SNCF dans la consommation électrique française. Un chiffre qui en fait le premier consommateur industriel d’électricité dans l’Hexagone. Afin de réduire la facture associée – plutôt salée – le groupe s’est fixé comme objectif de réaliser 20% d’économie d’énergie en 10 ans. Ambitieux !
Mais quels leviers l’entreprise peut-elle mobiliser pour relever ce pari ? Et quelles sont les économies escomptées ? Enfin, comment SNCF compte-t-il transformer le train pour le rendre plus intelligent ?
L’efficacité énergétique des trains et des bâtiments
La consommation énergétique de SNCF se décompose en deux grands postes. Loin devant, l’énergie nécessaire pour faire avancer les trains représente 80% de l’énergie totale consommée. Les 20% restants sont consacrés aux bâtiments, principalement les gares.
Pour améliorer son efficacité énergétique sur le volet train, SNCF combine différents leviers :
– Côté métier, en formant ses conducteurs à l’éco-conduite, SNCF espère 6% de gain ;
– Côté technologie, pour la traction diesel, SNCF prévoit d’établir un système du type “Start and Stop”. Quant à la traction électrique, 10% d’énergie serait économisé en déconnectant les trains à l’arrêt du réseau électrique ;
– Les infrastructures vont aussi devoir s’adapter. Elles seront progressivement transformées pour permettre de récupérer l’énergie de freinage des trains ;
– Enfin, à plus long terme, SNCF entend revoir la conception de ses trains afin d’améliorer leur aérodynamisme, de les alléger et d’optimiser leurs systèmes de ventilation.
Sur le volet des bâtiments, SNCF exploite plus de 3 000 gares devant gérer des échanges thermiques importants. D’ores et déjà, toutes les gares rénovées intègrent les normes environnementales HQE1 et BBC2 et les éclairages sont progressivement remplacés par des LED. Mais SNCF veut aller plus loin et s’est donc engagé depuis 2011 dans le Programme Gare porté par la chaire Econoving3, un laboratoire visant à faire émerger les éco-innovations au service de la gare de demain et de son quartier.
La suppression des intermédiaires
Pour éviter que la facture énergétique ne rogne davantage sa marge opérationnelle, SNCF entend également tirer profit de sa fonction achat. En 2012, SNCF Energie a été créée dans cette optique. Cette filiale du groupe a pour mission de négocier au mieux les conditions d’achat de l’électricité de traction nécessaire au fonctionnement des trains. Elle agit ainsi en qualité de fournisseur, achetant de l’électricité auprès de producteurs et la revendant à ses clients internes : Voyages, Fret, Proximités (TER, Intercités et Transilien).
D’après Nicolas Fourrier, directeur de l’énergie de SNCF, “la suppression des intermédiaires dans l’achat de l’électricité conduit à des millions d’économie par an”. Une aubaine lorsque l’on sait que la facture d’électricité relative à la traction des trains atteint à elle seule 600 millions d’euros.
Prochaine étape dans cette stratégie de réduction des coûts ? L’achat de l’électricité alimentant gares, ateliers et bâtiments lorsque le tarif réglementé passera au tarif commercial en 2016.
Vers des trains intelligents ?
Nous l’avions évoqué dans un précédent article : SNCF souhaite installer d’ici à 2020 des compteurs intelligents à l’intérieur de ses motrices. La collecte des informations doit permettre à la fois d’optimiser les consommations et de promouvoir les bonnes pratiques observées chez les conducteurs de train expérimentés.
Ainsi, le « S » de SNCF qualifiera-t-il à terme le « S » de Smart ? C’est du moins l’ambition du groupe, qui entend consacrer 146 millions à ce projet entre 2014 et 2020 pour équiper l’intégralité de sa flotte.
Poursuivons, et perdons-nous en conjectures : le N de SNCF se référera-t-il quant à lui au N de numérique ? En effet, la volonté affichée par le transporteur est de fournir à ses conducteurs, via une tablette, des informations en temps réel leur permettant d’adapter leur conduite.
Les nouvelles technologies au service de l’optimisation de la consommation énergétique, n’est-ce pas, justement, une bonne définition du Smart ?
20% d’économie d’énergie en 10 ans : l’objectif affiché par SNCF est ambitieux ; ou du moins, nécessaire. Car à long terme, cette stratégie permettra au groupe de limiter l’érosion de sa marge. Rappelons en effet que le prix de l’électricité est voué à doubler d’ici 2030. Le jeu en vaut donc la chandelle ; ou du moins, permettra à SNCF d’éviter de la brûler par les deux bouts. Et, peut-être, autorisera-t-il le groupe à prétendre au titre de leader de la mobilité durable ?
1 Haute Qualité Environnementale
2 Bâtiment Basse Consommation
3 Chaire internationale d’éco-innovations portée par l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et cinq entreprises partenaires (Alstom, GDF SUEZ, Italcementi, Saur, SNCF).
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