La nécessité de changer notre manière d’appréhender l’énergie ne relève plus de doutes. Tous les secteurs de l’économie sont désormais mis à contribution pour opérer une transition énergétique. Le football, fleuron de l’industrie sportive, ne peut faire figure d’exception.
Attirant l’attention de centaines de millions de supporters, générant des millions d’euros de chiffre d’affaires, les clubs de football sont devenus des entreprises d’un marché global très lucratif. Ils se doivent de défendre la valeur de leur marque tout en s’adaptant à l’air du temps. En France, l’idée d’un football plus durable commence à faire son chemin : construction de stades à énergie positive, réalisation de Bilans Carbone par les clubs… Le football, lui aussi, entreprend sa propre révolution énergétique.
Les nouvelles variantes tactiques de la transition énergétique
Depuis quelques années, les mauvaises nouvelles s’accumulent pour le football français, une équipe nationale qui n’a plus la côte auprès de ses supporters. La plupart des clubs, en perte de résultats sur les compétitions européennes, doivent également faire face à une crise sociétale profonde. Ils sont avides d’initiatives pouvant restaurer leur image et ressouder les fans autour de nouvelles valeurs.
Des arguments pour passer à l’attaque. C’est dans ce contexte qu’est né le « Manuel du match responsable ». Un projet lancé par l’Union des Clubs Professionnels de Football (UCPF) en octobre 2012, qui compte mettre en œuvre une véritable politique de développement durable au sein des clubs français. Ce texte fondateur explore les frontières jusque-là hermétiques séparant le football et les pratiques de développement durable.
Cet ouvrage fixe 6 leviers majeurs à actionner pour mener des réformes énergétiques à l’échelle des clubs : la gestion énergétique des stades, l’épargne des ressources naturelles, la limitation de l’impact des infrastructures, le recours au photovoltaïque, la réduction de l’impact environnemental des transports et la maîtrise des déchets. Telle une feuille de route énergétique, des dizaines de recommandations sont ensuite pour répertoriées pour mener à bien ces objectifs.
Les clés de la victoire du football durable. Valérie Fourneyron. Ministre des Sports a mis sur pied le 25 septembre dernier le groupe de travail « Vers un modèle durable du football français ». Une mesure significative mais qui aura de faibles répercussions sur le marché globalisé du ballon rond. Trois autres facteurs seront plus décisifs pour assurer l’ancrage des valeurs de développement durable dans le football français : la crise économique, la reconversion des stades à l’approche de l’Euro 2016 et le soutien des collectivités territoriales.
33 clubs du vieux continent cumulent à eux seuls une dette estimée à 15 milliards d’euros. La santé financière des clubs européens et français ne cesse de se dégrader. Conscients des limites de leur modèle économique traditionnel, ils vont devoir se réinventer. Les mesures leur permettant de réduire leur facture énergétique semblent donc avoir de beaux jours devant elles.
Les principaux stades de l’hexagone sont en rénovation et d’autres en construction dans la perspective de l’organisation de l’Euro 2016. Une occasion en or pour adapter ces grands bâtiments aux enjeux énergétiques de notre temps.
Engagées dans la transition énergétique, les collectivités territoriales trouvent dans les clubs des alliés de circonstances pour contribuer à leurs objectifs de production d’énergies renouvelables et de sobriété énergétique. Elles profitent notamment de l’installation de panneaux solaires photovoltaïques sur les toits des stades et de l’utilisation croissante des transports en commun les jours de match.
Sur le papier nous sommes donc face à un véritable chantier de transformation dans lequel devront s’impliquer toutes les strates du football français. Mais où en sont réellement les clubs ? Allons voir quelle est la réalité du terrain. Tâchons de repérer les bons élèves de la transition énergétique footballistique.
Classement du championnat de France de football à énergie positive
1er. Le Havre : le doyen montre l’exemple à suivre. Fondé en 1872, Le Havre est le premier club de l’histoire du football français. Il est également le premier club à avoir construit un stade à énergie positive. Inauguré le 12 juillet 2012, le stade Océane du Havre s’érige en véritable symbole de la naissance du football durable en France.
Pour produire plus d’énergie qu’il n’en consomme, ce bâtiment réduit tout d’abord sensiblement ses besoins énergétiques via une isolation optimale des espaces fermés, des équipements performants de chauffage et la régulation de la température et de l’éclairage des locaux en fonction des temps d’occupation. Un système de récupération des eaux de pluie permet par ailleurs d’arroser la pelouse et d’alimenter les sanitaires. Une collecte des déchets est également prévue sur l’ensemble du site avec des systèmes de tri.
Podium. Nice et Saint-Etienne : à ce Stade, les plus ambitieux. L’OGC Nice a décidé de suivre l’exemple du Havre avec l’inauguration du deuxième stade à énergie positive de France : l’Allianz Riviera, qui accueillera certains matchs de l’Euro 2016. Tout a été mise en œuvre pour réduire son impact environnemental : de l’utilisation de bois pour la réalisation de la charpente à l’installation de 4000 panneaux solaires avec le soutien d’EDF ENR. Ce stade flambant neuf contribuera à hauteur de 15% dans l’atteinte de l’objectif de production d’énergie d’origine renouvelable à 2020 fixé dans le cadre du Plan Climat Energie Territorial de la ville de Nice.
« Les verts » portent bien leur nom. Ils furent le premier club à annoncer la couleur en 2007 en recouvrant une partie de la toiture du mythique stade Geoffroy-Guichard de 2600 m² de panneaux solaires. De quoi produire annuellement suffisamment d’électricité pour 60 maisons individuelles. Telle une entreprise préoccupée par le Greenwashing, l’ASSE a également mis en place en 2009 un programme de compensation carbone volontaire en association avec la fondation Goodplanet de Yann-Arthus Bertrand.
Haut du classement. AS Nancy et FC Lorient : le pari des pelouses synthétiques. Selon un rapport de la Fondation du football, les pelouses synthétiques consomment 63 fois moins d’eau et émettent 8 fois moins de gaz à effet de serre que les pelouses pelouse habituelles. L’AS Nancy Lorraine et le FC Lorient se sont dotés de pelouses synthétiques depuis la saison 2010/2011. Ces deux clubs précurseurs appliquent donc la sobriété énergétique sur le terrain.
Relégables. PSG et Monaco. Tapez PSG et développement durable sur Google et vous tomberez sur le Plan Simple de Gestion (PSG) des forêts qui propose des avantages fiscaux pour les personnes appliquant une gestion durable sur un terrain supérieur à 25 hectares. Pas de traces du Paris Saint Germain. Les deux plus grands clubs français du moment ont investi des millions d’euros pour attirer des stars du football mondial dans leur effectif. Leur modèle économique est basé sur l’arrivée providentielle de mécènes qui visent des succès sportifs sur le court terme et qui n’ont pas à se préoccuper de l’autosuffisance énergétique de leurs stades. Ils représentent l’anti-modèle du « football durable ».
La mauvaise image véhiculée par les grandes écuries ne doit pas entacher la bonne dynamique qui s’est enclenchée dans le football français avec 25% des clubs professionnels utilisant des énergies renouvelables. Fin 2013 un quart des clubs aura réalisé un Bilan Carbone.
Tous les facteurs semblent donc réunis pour que le football prenne à son tour le virage de la transition énergétique. Aujourd’hui, les fans remercient les anglais d’avoir inventé le football. Demain, la planète remerciera les français d’avoir inventé le football durable.
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