Suite et fin de notre article sur les sables bitumineux. Après un premier volet consacré au volume des réserves et aux différentes formes d’extraction des sables bitumineux, consacrons-nous aux coûts d’extraction, aux conséquences économiques et aux recherches en cours pour limiter l’impact environnemental.
Les coûts ne sont plus un frein à l’exploitation des sables bitumineux
La National Energy Board estime le coût d’extraction et de traitement d’un baril à 18-20 $CA par extraction minière et à 20-22 $CA par extraction in-situ, contre seulement 1 à 6 $CA pour un forage conventionnel en Arabie Saoudite. Si on y ajoute le coût de transformation du bitume en pétrole, on aboutit à un coût total de 36 $CA par baril. Compte-tenu du fait que le prix du baril de WTI dépasse aujourd’hui les 90 $, il apparait évident que l’exploitation des sables bitumineux est devenue économiquement très intéressante.
L’exploitation des sables bitumineux contribue fortement au développement économiques des pays producteurs
Selon une étude de 2011 de l’Institut canadien de recherche énergétique (CERI), l’exploitation des sables bitumineux stimule fortement la création d’emplois et la croissance économique de la quasi-totalité des collectivités canadiennes :
- Les investissements dans les sables bitumineux ont créé plus de 75 000 postes à l’échelle du Canada en 2012, et ce chiffre devrait dépasser les 905 000 en 2035 ;
- L’industrie des sables bitumineux va payer 783 milliards $CA entre 2010 et 2035 : 122 milliards en taxe provinciale, 311 en taxe fédérale et 350 milliards en redevances provinciales ;
- L’exploitation à venir des sables bitumineux va injecter plus de 2,1 billions de dollars canadiens dans l’économie canadienne entre 2010 et 2035, soit environ 84 milliards $CA par an.
- L’industrie des sables bitumineux achètera entre 2010 et 2035 pour plus de 117 milliards $CA d’équipements et de services auprès d’autres provinces canadiennes que l’Alberta.
Les conséquences environnementales de l’exploitation des sables bitumineux en question
Certaines études effectuées par des associations environnementales telles que la branche canadienne de la Sierra Club montrent que les incidences de l’exploitation de ces gisements sont colossales, notamment en raison des exploitations à ciel ouvert. En effet, selon les techniques d’exploitation utilisées, il faudrait entre deux et quatre tonnes de sables bitumineux et entre 7 et 28 m3 de gaz pour produire 1 baril de pétrole. À cela, s’ajoutent les gigantesques bassins de décantation à proximité des usines de traitement des sables bitumineux qui recueillent les eaux utilisées pour le traitement des sables et qui sont trop contaminées en métaux lourds pour être rejetés dans le réseau hydrographique.
Au final, la production d’un baril de pétrole issu des sables bitumineux est cinq fois plus énergivore et trois à cinq fois plus émettrice de gaz à effet de serre qu’un baril de pétrole conventionnel. Ces éléments ont valu aux sables bitumineux d’être qualifiés par Greenpeace de 5ème menace climatique.
Ces éléments placent les pays producteurs dans une position très délicate vis-à-vis du protocole de Kyoto. En effet, le Canada, qui s’était engagé à réduire d’ici 2012 ses émissions de GES de 6% par rapport au niveau de 1990, a observé une augmentation de 34% de ses émissions en 2009 par rapport à l’année de référence. Ainsi, le Canada mené par son premier Ministre S. Harper, fût le premier État à décider de se retirer de cet accord le 12 décembre 2011 en s’appuyant sur des études montrant les effets économiques catastrophiques supposés de l’application stricte du protocole de Kyoto.
L’industrie des sables bitumineux mène des recherches visant à réduire l’impact des activités d’exploitation sur l’eau, les terres et l’air
L’Alliance canadienne pour l’innovation dans les sables bitumineux (COSIA), fondée le 1er mars 2012, réunit des spécialistes de premier plan issus de l’industrie, du gouvernement et des universités dans le but d’accélérer les amélioration au chapitre de la performance environnementale dans l’industrie canadienne des sables bitumineux. A ce jour, les sociétés membres de la COSIA ont partagé plus de 560 innovations et technologies dont les coûts de développement dépassent les 900 millions $CA. Ces chiffres sont en constante augmentation et les sociétés membres peuvent ainsi accélérer le rythme de l’amélioration de la performance environnementale.
De nombreux projets de recherches sont en cours tels que :
- le recours à la chaleur géothermique comme solution à faibles émissions afin de remplacer le gaz naturel ;
- l’amélioration des systèmes de recyclage de l’eau afin de réduire le volume d’eau douce utilisé ;
- l’élaboration de nouvelles méthodes de remise en état des sites perturbés afin d’en faire de nouveau, des forêts reconstituées…etc.
Le pétrole est une source d’énergie vitale qui répond aujourd’hui à plus du tiers des besoins en énergie dans le monde. Malgré la nécessité d’œuvrer vers une économie plus faible en carbone, l’AIE affirme que le pétrole fournira encore un minimum de 26% des ressources énergétiques mondiales en 2035. L’exploitation des sables bitumineux représente donc un fort enjeu pour les compagnies pétrolières et les pays producteurs qui mettent tout en œuvre afin de développer des techniques d’extraction et de transformation qui réduiront l’impact sur l’environnement.
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