Nous vous l’avions annoncé l’année dernière, l’efficacité énergétique des foyers allait devenir un grand terrain d’expérimentation pour les utilities. L’année fut riche en lancements commerciaux de nouvelles offres et fonctionnalités. En France, GDF SUEZ a lancé la Zenbox Pilotage. Outre-atlantique, Opower et Tendril continuent d’étendre leurs services. En 2013, le Big Data a démontré son utilité comme levier du Home Energy Management. Quels sont les meilleurs retours d’expériences et quelles futures innovations peut-on attendre ?
Nos consommations affichées, comparées et anticipées
Nous avons constaté en 2013 la généralisation d’un ensemble de services dit de « Home Energy Management ». Cela a été rendu possible par le regroupement et le traitement d’une grande quantité de données issues de sources aussi diverses que les compteurs communicants, la météo, le profil commercial des usagers et leurs types d’habitats. Si l’on se risquait à une définir un « socle de base » des fonctionnalités en regardant les entreprises leaders et les startups les plus développées (Tendril, Opower, GreenPocket, Alert.me…), il pourrait consister à :
- Suivre sa consommation énergétique en temps-réel, la comparer à son historique et à des usagers similaires
- Pouvoir anticiper sa prochaine facture en temps-réel, grâce à une extrapolation de sa consommation historique
- Recevoir des recommandations en fonction de son usage
- Visualiser les postes de dépense par type d’appareil
Les canaux utilisées montrent que le digital est désormais incontournable dans la relation client, et aux relevés papiers viennent s’ajouter mails, alertes SMS, facebook, applications smartphones et tablettes.
Pour quels résultats ?
Bien que les opérateurs communiquent peu sur l’impact réel de leurs offres et les économies réalisées, des études récentes permettent de lever le voile. Selon l’étude 2012 du American Council for an Energy-Efficient Economy, les économies obtenues grâce au simple affichage déporté de la consommation s’échelonnent entre 0 et 19,5% avec une moyenne à 3.8%. Une autre étude, réalisée pour l’Energy Efficiency Advisory Council du Massachussetts permet de souligner l’importance de la motivation client : 5% de réduction si le client a souscrit de lui-même à l’offre (opt-in) et 2% si cela a été choisi par son énergéticien (opt-out).
Comment donner à l’usager la clé des économies d’énergie ?
Les énergéticiens ont une injonction forte à accompagner la réduction des consommations de leurs clients. En effet, tous les KW/h n’ont pas le même coût et l’effacement des pointes de consommation permet aux énergéticiens d’améliorer la fiabilité et la rentabilité du réseau. Or l’engagement de l’usager dans cette démarche n’est pas gagné d’avance !
La première solution est l’automatisation du foyer, pour le rendre réellement « smart » et se dispenser du facteur humain. Cela implique une communication montante et descendante entre les appareils du foyer et un opérateur dédié. Ainsi, en France, Edelia réalise une coupure automatiques par tranches de 10 à 40min, en pilote sur 5000 foyers. Le projet ambitionne des économies d’énergies comprises entre 6 et 8% par foyer. Si le pilote est concluant, la gageure sera de déployer massivement la solution en supportant le coût élevé des boîtiers d’effacement. A terme, des solutions comme Neurio pourraient apparaître pour faire communiquer et contrôler chaque élément du foyer pour un prix modique.
En attendant le déploiement de ces technologies, encore coûteuses à mettre en place et souvent réservées aux technophiles, certains énergéticiens trouvent des solutions alternatives. Opower par exemple vient d’annoncer son système d’effacement « comportemental » (Behavioral Demand Response). L’entreprise envoi aux usagers des recommandations personnalisées peu avant les pics de charge prévus. Par exemple, « Monter la climatisation de quelques degrés » ou « décaler l’heure de lancement du lave linge »… A l’issue de l’opération, l’impact de ses actions lui sont communiquées afin de le fidéliser dans la démarche.
Enfin, il faut noter que l’ingénierie comportementale n’a pas dit son dernier mot. Nous l’avions déjà annoncé comme levier d’engagement des consommateurs avec la gamification et l’émulation sociale. Tendril encourage maintenant ses usagers à se fixer des « objectifs d’économies » et à s’engager à les tenir en l’annonçant via les réseaux sociaux ! L’entreprise propose en plus des conseils personnalisés pour aider l’atteinte de l’objectif. Cette approche permet d’après l’entreprise d’atteindre 11% d’économies en moyenne, soit deux fois plus que le simple affichage des consommations.
A l’avenir, quels services personnalisés grâce au Big Data ?
Des services encore inédits sont en train d’apparaître grâce au Big Data, en venant compléter le socle de base ci-dessus. Ainsi, l’analyse fine de la consommation électrique du foyer, recoupée avec la signature électrique des appareils, le profil des habitants, leurs historiques de consommation permet déjà à des entreprises spécialisées (telles que Onzo) de :
- Détecter des pannes d’appareils électriques, voire de les prédire en constatant une anomalie dans la courbe de charge
- Segmenter très finement des clients potentiels pour proposer des offres commerciales personnalisées sur des appareils électriques
- Détecter en fonction de l’activité du foyer l’heure idéale pour appeler
- Alerter en cas de changements inhabituels dans la consommation (personne âgée)
Si l’intérêt du Big Data était déjà prouvé à l’échelle des Smart Cities, il devient de plus en plus un maillon essentiel pour la construction de services Smart Home innovants. Les nouveaux services associés permettent à l’énergéticien de sortir de la position de simple « fournisseur d’énergie » pour devenir un expert du foyer, capable à terme de conseiller pro-activement et de manière personnalisée l’usager en anticipant ses besoins. Outre les problématiques technologiques, il conviendra pour arriver à cette fin d’être particulièrement attentif aux questions relatives à la sécurité et à la confidentialité des données ainsi récoltées et traitées.
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