Le scénario de référence du Grenelle de l’Environnement concernant la transition énergétique intègre une évolution du mix énergétique vers plus d’énergie renouvelable (23%), mais vise également une sobriété énergétique améliorée. En 2013, le ralentissement de la consommation a été notable : après plusieurs années en hausse moyenne de 1%, la consommation des particuliers, professionnels et PMI-PME a progressé de seulement 0,3% en 2013. (RTE)
La consommation d’énergie connait une inflexion grâce à une attention plus soutenue des ménages, mais cela restera insuffisant pour atteindre l’objectif affiché d’une baisse de 38% des consommations dans les bâtiments résidentiels et bureaux d’ici 2020. Quelles sont les causes principales à l’origine du constat et quels leviers d’action sont envisageables ?
Intentions louables et actions réservées
Les Français déclarent être concernés par la sobriété énergétique et une majorité admet qu’il faille réduire les consommations d’énergie domestique. Néanmoins, les résultats restent mitigés pour deux raisons principales :
- Les investissements ne sont pas plébiscités : seul un tiers des français envisage d’investir pour améliorer leur logement et seul 20% envisagent de réaliser des travaux susceptibles de faire des économies d’énergie (source CREDOC ). L’isolation et les éco gestes peu onéreux sont les premiers reflexes, mais l’installation d’un système de chauffage plus performant ou l’automatisation des équipements ne sont pas dans les esprits. On constate ainsi que la dynamique de modernisation qui prévaut dans d’autre secteur (automobile, télécom…) s’applique plus difficilement au secteur du logement, qui souffre d’une inertie particulière.
- L »effet rebond reste important : depuis 1980, des études ont constaté que la mise à disposition d’équipements moins énergivore stimulait paradoxalement la consommation. C’est le fameux « effet rebond », illustré par la différence de comportement des ménages entre habitat récent et ancien. En effet, une installation plus performante et plus sobre permet aux ménages de disposer d’un niveau de confort supérieur à cout égale, au lieu de simplement faire baisser la consommation.
L’immobilier ancien, un parc omniprésent…et énergivore
C’est un héritage important qui pèse sur l’habitat. 75% des logements qui seront habités en 2050 sont déjà construits. Ainsi, sur les 35 millions de résidences principales anticipées pour 2050, 25 millions ont déjà été bâties. Or le bâtiment et l’habitat ancien, mal isolé, sont très consommateurs : les habitations pré-1975 ont une consommation de chauffage par m2 deux fois plus élevée que les habitations récentes. Les innovations technologiques ont en effet permis d’aboutir à des normes beaucoup plus performantes, telles BBC ou HQE. Pour les logements anciens, face au coût très élevé de la rénovation des bâtiments, l’isolation externe reste la solution la plus rentable et bénéficie d’un crédit d’impôt. Cependant, les villes interdisent ou freinent fréquemment l’isolation par l’extérieur à cause de nombreux périmètres de protection autour des bâtiments classés.
Conclusion : l’approche technologique et législative sera-t-elle suffisante ?
Les innovations technologiques récentes (smart home etc.) peuvent contribuer à la sobriété énergétique à condition d’être intégrés dans de nouveaux usages par les habitants. Cependant, l’enjeu dépasse la simple optimisation de tel ou tel équipement, et pose la question du mode de vie urbain. Se demander comment rendre la vie quotidienne moins énergivore sans perdre en confort oblige en effet à prendre du recul pour considérer l’habitat dans son ensemble : la maison, l’immeuble, mais également le quartier voire la ville. Des éco-quartiers tels que celui de Culemborg aux Pays-Bas ont montré qu’une approche « bottom-up » est possible, avec l’implication de 80 familles dans le plan de développement urbain du quartier. Ainsi, l’ambition technologique ou politique laisse la possibilité aux habitants d’être acteurs de la dynaique énergétique, facteur nécessaire à un changement durable des comportements.
Pour aller plus loin sur l’éco-quartier Eva Lanxmeer de Culemborg.
–> http://labyrinthe.info/2012/09/10/leco-quartier-eva-lanxmeer-initiative-citoyenne-pour-la-resilience-locale/
Cependant, aussi louable soit l’initiative, sa généralisation semble problématique. Surtout à l’ère des Mega-cities et autres mégapoles. Rappelons que plus de 50% de la population mondiale vit en ville. Les dispositifs de type smart home semblent, à mon sens, plus dans l’air du temps.