Pour beaucoup d’étymologistes scandinaves, Norvège signifie « Chemin du Nord ». Quoi de plus normal donc que les norvégiens soient habitués à tracer la route… et dorénavant en voiture électrique ! En effet, en l’espace de quelques mois, au même titre que le Japon ou la Californie, la Norvège est devenue un paradis de la voiture électrique avec un nombre d’immatriculation en forte croissance. La Norvège roule à l’électrique : découvrez les raisons de cet essor.
The electric (Nor)way to succeed… en 3 mesures !
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : toutes marques confondues près de 1500 voitures électriques ont été vendues en Norvège sur le seul mois de Novembre 2013 selon l’organisme Norvégien Opplysningsraadet for Veitrafikken (OFV), soit une part de 11,9% dans les nouvelles immatriculations.
La Norvège a réussi ce tour de force de devenir leader de la mobilité électrique en alliant mesures incitatives et installation d’infrastructures : en Norvège, tout est fait pour que l’utilisation de la voiture électrique soit simple, bon marché et avantageuse !
Concrètement, 3 types d’actions ont été mises en place :
- Faire en sorte qu’une voiture électrique coûte autant ou moins chère qu’une voiture à combustion : Comment ? Via une exemption fiscale appliquée lors à l’achat d’un modèle électrique (la fiscalité étant très lourde sur les modèles thermique avec une TVA à 25% et parfois une taxe à l’achat)
- Faire en sorte de supprimer l’inconvénient majoritaire que représente l’autonomie actuelle de la voiture électrique : Comment ? Via la mise en place en place d’un réseau très dense de bornes de recharge classiques (près de 4000 bornes) et de bornes de recharges rapides (où 30 minutes suffisent à charger 80% de la batterie)
- Faire en sorte que la voiture électrique facilite le quotidien de son conducteur : Comment ? Via la mise en place de droits exclusifs aux voitures électriques comme la gratuité des recharges, la gratuité des places dans les parkings publics, la gratuité des péages urbains ou encore la possibilité d’emprunter les couloirs de bus et de taxis (particulièrement utile lors d’embouteillages)
À ce jeu, les constructeurs en profitent et certains sortent en position de force comme l’américain Tesla avec son modèle haut de gamme Tesla S, le japonais Nissan avec sa citadine Leaf ou encore Volkswagen avec la E-Up.
Et chez les gaulois ?
Un simple bilan chiffré suffit pour comprendre l’écart avec nos amis vikings… En France :
- Les modèles électriques coûtent 25% à 50% plus chers que les voitures thermiques
- Nous avons un ratio « bornes de recharge par habitant » près de 10 fois inférieur à la Norvège (et ce, malgré Autolib !)
- Selon l’Avere, le marché français des véhicules électriques et hybrides représenterait 3,1% du marché global des « voitures particulières » en France en 2013, en comparaison aux 10% des Norvégiens
En prime, selon un sondage BVA/Alphabet, 72 % des Français interrogés trouvent que ces mesures n’incitent pas à investir en pointant du doigts : l’autonomie, le manque d’infrastructures de recharge et le surcoût à l’achat. Pour y remédier, l’état français a principalement axé ses mesures autour de l’application du bonus-malus écologique permettant d’avoir une réduction de 6300€ à l’achat d’un véhicule électrique.
Difficile de répondre à la question de savoir si nous pouvons rattraper ou si nous rattraperons la Norvège sur la mobilité électrique. Ce qui est sûr c’est qu’à un niveau d’investissement bien moins important que celui de la Norvège, la France enregistre elle aussi un bon spectaculaire dans ses immatriculations (+50% en 2013).
La Norvège a pris le pari de la mobilité électrique en tablant sur des incitations économiques, structurelles et d’usage. Espérons que cette réussite fasse des émules en Europe et en France pour relancer une industrie automobile en berne mais aussi nous faire entrer dans un monde plus green !
Bonjour,
Merci pour l’article. Une petite question. Comment est produite l’électricité en Norvège ? Est ce que le bilan carbone au global est positif ?
Constate-t-on à l’usage des pics de consommation à certaines heures de la journée (le soir en rentrant du boulot par exemple) et si oui comment y font-ils face (si cela pose problème) ?
(en fait c’était plusieurs questions :))
merci!
Oui, enfin les taxes sont extrêmement élevées sur les voitures en Norvège, dont par ailleurs le niveau de vie est dopée par la richesse pétrolière. La seule manière financièrement abordable en France de faire l’équivalent serait de relever le prix des voitures classiques à un niveau inabordable. Le niveau actuel de prime des véhicules électriques représente déjà un effort fiscal considérable.
@Cyril : Les Norvégiens ont la très grande chance d’avoir peut-être la ressource hydroélectrique la plus abondante par habitant au monde. Sans aucun effort particulier, ils bénéficient donc d’une électricité presque à 100% décarbonée, et extrêmement souple d’emploi, l’eau étant gardé en stock dans les barrages et libérée à la demande. Ils sont donc dans les conditions idéales pour profiter des véhicules électriques.