Ce weekend du 22 mars 2014, nous avons fêté la journée mondiale de l’eau. Occasion de plus de rappeler la valeur de cette ressource et son gaspillage. Cette année, ce sont les interdépendances eau-énergie qui ont été mises à l’honneur, afin d’attirer l’attention du grand public sur ce lien trop rarement évoqué. Au-delà même d’une question de développement durable, le développement et le bien-être des populations fait face à des défis majeurs à ce sujet.
Un constat sans équivoque
En effet, l’ONU a révélé dans son cinquième rapport mondial du 21 mars 2014 sur « La mise en valeur des ressources en eau » une situation bien préoccupante. Le constat est le suivant : pour rendre l’eau accessible une grande quantité d’énergie est nécessaire. Mais de la même manière pour produire de l’énergie il est nécessaire d’utiliser beaucoup d’eau (environ 600 milliards de mètres cube d’eau par an selon Le monde).
Or personne n’ignore que l’eau est une ressource qui se raréfie. Baisse des nappes phréatiques, augmentation des consommations : les chiffres parlent d’eux-mêmes. Un aquifère (formation géologique qui stocke de l’eau) sur cinq est surexploité et ne se renouvelle plus. Aussi, d’ici à 2050 2,3 milliards de personnes vivront sous stress hydrique sévère.
Un consommation incrémentale problématique
Au-delà de ce constat, ce sont les dynamiques qui sont inquiétantes: l’industrie continue d’utiliser de plus en plus cette ressource d’eau et aggrave la situation. Aujourd’hui 20% de l’eau mondiale est utilisée pour l’industrie, et les trois quarts de cette eau servent à la production d’énergie (notamment pour alimenter les centrales thermiques). Mais ces besoins énergétiques vont continuer à croître, surtout dans les pays émergents où la demande ne va cesser d’augmenter dans les prochaines années. La consommation énergétique mondiale a crû de 186 % en quarante ans, et ne va pas décroître de si tôt. La croissance de la demande mondiale d’énergie pèsera donc de plus en plus sur les ressources en eau.
A l’image du solaire photovoltaïque et de l’éolien, certains modes de production d’énergie ne sont pas très gourmands en eau mais ce n’est pas le cas des méthodes de production dominantes et qui vont continuer à dominer (selon l’agence internationale de l’énergie). En effet le gaz de schiste, les sables bitumineux ou encore le refroidissement des centrales thermiques et nucléaires restent fortement demandeurs d’or bleu.
Il est donc important d’adresser publiquement cette problématique, même si les gouvernements et industriels de l’énergie peinent encore à définir la façon d’aborder ensemble la question. En somme, se pose ici l’éternel débat de l’écologie contre la croissance: faut-il traiter le problème de santé publique ou répondre avant tout à la demande mondiale d’électricité ?