Le 23 mars prochain, vous allez trancher. Vous pourrez voter pour les conseillers municipaux qui, selon vous, seront les plus compétents pour prendre les décisions structurantes de votre ville pour les 6 prochaines années. Pour aider les lecteurs parisiens d’Energystream dans leur réflexion, nous sommes rentrés en contact avec les deux principales candidates à la Mairie de Paris, Mme Hidalgo et Mme Kosciusko-Morizet, afin de leur poser 5 questions sur le volet énergétique de leur programme électoral pour la ville Lumière. Dans ce premier article, honneur à la challenger, NKM, et à son programme « Une nouvelle énergie pour les parisiens ». Entretien exclusif.
1 – Vous faites de la « ville intelligente, numérique et durable » une des priorités de votre programme. Quelles mesures concrètes proposez-vous pour mener à bien cette promesse ?
« Mes objectifs sont simples. Je veux que le numérique soit au service des Parisiens, mais aussi diffuser et essaimer une culture digitale, condition indispensable pour que notre capitale devienne un terrain fertile aux idées et aux usages innovants.
Je propose tout d’abord de créer de nouveaux services grâce aux technologies numériques, comme la fusion de toutes les cartes diverses sur un seul pass complet, permettant d’avoir sur un même support son abonnement Navigo, sa carte d’accès à une installation sportive, etc.
Le numérique doit aussi faciliter les démarches du quotidien comme le stationnement, en permettant aux Parisiens de localiser sur leur smartphone les places disponibles. »
2 – Selon l’Agence Européenne pour l’Environnement, la ville de Paris présente des niveaux de pollution de l’air inquiétants, bien au-delà de la moyenne européenne. Que comptez-vous faire pour enrayer cette tendance ?
« La pollution reste à Paris à un niveau inacceptable pour la santé publique. Un seul chiffre justifie l’urgence de la situation : les Parisiens perdent 6 mois d’espérance de vie à cause d’une exposition à des niveaux de pollution trop élevés.
Pour améliorer durablement la qualité de l’air, j’ai présenté un plan d’urgence en décembre dernier. En préalable, je pose une mesure forte : cesser immédiatement l’achat de véhicules Diesel par la Ville de Paris. Malgré les discours, entre 2008 et 2012, la consommation de Diesel par l’administration parisienne a été multipliée par 1,86 : c’est irresponsable.
De même, je demanderai au STIF de ne plus acheter de véhicules Diesel. En février dernier 286 bus ont été achetés… Et ils circuleront jusqu’en 2028 ! Ce n’est qu’après avoir fait la preuve de l’exemplarité des pouvoirs publics que je demanderai un effort aux acteurs du transport de marchandises et du tourisme.
En 2017, je ne permettrai plus aux autocars et poids lourds qui ne respectent pas la norme Euro IV de circuler dans Paris. En 2020, le seuil minimal sera la norme euro V. Ce calendrier, annoncé plusieurs années à l’avance, tient compte du rythme de renouvellement de la flotte des entreprises (7 années). Pour les artisans et commerçants, je leur proposerai une aide à l’équipement de véhicules électriques. Cela consistera à bonifier de 100 % le bonus gouvernemental. Toujours pour stimuler l’essor de la mobilité électrique, je développerai un réseau dense de bornes de recharge. »
3 – En termes d’innovations énergétiques, qu’est-ce qui vous différencie de votre principale concurrente, Anne Hidalgo ?
« Les paroles et les actes ! Le Plan Climat de la ville de Paris avait fixé des objectifs ambitieux pour l’ensemble des émissions du territoire parisien à horizon 2020 : 25% de réduction des émissions de gaz à effet de serre, 25% de réduction des consommations énergétiques du territoire, 25% de consommation énergétique du territoire provenant des énergies renouvelables.
Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo présentaient alors des objectifs qui allaient au-delà des objectifs européens. En réalité, ces objectifs sont restés à l’état de vœux pieux, faute d’une réelle volonté politique pour engager Paris dans la transition énergétique.
J’engagerai un grand plan d’investissement sur les énergies renouvelables à Paris, en développant le biogaz, la géothermie, les réseaux de chaleur et le solaire thermique. Nous avons tant de ressources à développer ! Par le biais d’appels d’offre et par la mobilisation de tous les acteurs du bâtiment, je reste persuadée que nous pourrons atteindre en 2020 l’objectif de 20% d’énergies renouvelables, conformément aux objectifs européens. »
4 – Et sur le plan de la réduction de la précarité énergétique ?
« La réduction de la précarité énergétique passe par des aides sociales, mais aussi par des investissements. Il faut aider les ménages à payer leurs factures d’eau, d’électricité et de gaz, mais il faut aussi les aider à réduire leur consommation.
Tout d’abord, je créerai des outils qui permettront de financer la rénovation énergétique, notamment grâce à une SEM de tiers financement. Il nous faudra par ailleurs soutenir les ménages pour que ces derniers investissent dans des équipements économes en énergie : kits économiseurs d’eau, l’électroménager ayant une bonne performance énergétique.
A cette fin, nous mobiliserons le Fonds de Solidarité Logement, les bailleurs sociaux et bailleurs privés. »
5 – En 2015, Paris sera le centre du monde énergétique, avec la tenue de la Conférence Climat. La ville de Paris sera alors plus que jamais exposée. Qu’attendez-vous de ce grand rendez-vous ?
« La cause climatique a subi plusieurs échecs consécutifs. Cette Conférence Climat devra marquer un tournant, et nous permettre de trouver un accord global sur la lutte contre le réchauffement climatique.
Les énergies renouvelables devront avoir une place importante, car elles sont un moyen de lutter contre les gaz à effet de serre, tout en assurant le développement d’une industrie innovante. Une prise de conscience est nécessaire, un nouveau modèle de croissance est à promouvoir ! »
NKM fait du développement de la technologie numérique le fer de lance de son programme pour faire de Paris une ville plus « intelligente » et durable. Pour enrayer les pics de pollution, sujet désormais au cœur de la campagne municipale, elle propose de s’attaquer aux voitures diesel, de durcir les normes de transport pour les véhicules plus polluants et de stimuler la mobilité électrique. Enfin, elle annonce la mise sur pied d’un grand plan d’investissement sur les énergies renouvelables pour encourager l’innovation énergétique et des outils permettant de financer la rénovation des bâtiments pour réduire la précarité énergétique.
Vous vous êtes fait un avis sur le « Paris Énergétique » de NKM ? Vous pourrez bientôt faire de même sur celui d’Anne Hidalgo. A découvrir le mercredi 19 prochain sur Energystream !
2 thoughts on “Municipales 2014 : le Paris énergétique de NKM – Entretien”