L’actualité politique de ce début d’année en France a été marquée par les élections municipales. Energystream avait d’ailleurs proposé des mises en perspectives pour certaines villes comme Paris avec les entretiens successifs de NKM et de la candidate élue Anne Hidalgo. Ce fut l’occasion de se pencher sur les programmes de politique énergétique des candidats aux municipales et des conséquences du scrutin sur les orientations en termes d’énergie du gouvernement .
Mais qu’en est-il pour la ville intelligente ? Quelle importance a eu la smart city dans les municipales et quelle importance aura-t-elle dans les programmes des candidats élus ? Après un rappel sur les principes de la smart city nous étudierons les orientations vers une ville plus intelligente des candidats et candidats élus de certaines villes françaises emblématiques.
Smart cities une tendance de fond encore méconnue
- Simplifier la vie des habitants en développant, par exemple des réseaux d’applications uniques pour les transports.
- Structurer et faciliter les échanges de l’écosystème économique régional pour les entreprises en proposant des synergies et un accès aux informations locales (fiscalité, subventions, emploi…).
- Reposer sur l’échange et la co-construction pour rendre possible cette révolution en créant un accès à la prise de parole et à l’expression par des plateformes collaboratives et les réseaux sociaux.
- Intégrer les habitants dans la révolution numérique pour permettre la transition, en réduisant la fracture numérique tant générationnelle que sociale.
Cette ambition sera rendue possible par la capacité à intégrer l’innovation dans la politique municipale comme le démontre Jacques Attali dans sa chronique sur Slater.fr. L’internet des objets, les réseaux sociaux, le big data, ou encore le cloud computing rendent possible une meilleure gestion des transports urbains, une plus grande efficience de la gestion de la consommation énergétique, des villes plus sures par le développement de la vidéosurveillance… Tous ces projets sont intégrés dans une politique municipale intelligente.
Les Français ont conscience des opportunités que représente une gestion intelligente de la ville. Dans une étude menée par Microsoft CityNext avec Ipsos auprès de 1.000 Français, les attentes et perceptions de la population autour des services numériques proposés par les municipalités et leur amélioration ont été mesurées. On y observe que 46% des interrogés attendent une révolution numérique et estiment que les plus grandes innovations n’ont pas encore eu lieu, si bien que 29% pensent que leur municipalité est en retard au sujet de l’utilisation des nouvelles technologies. Les Français attendent de leurs municipalités des actions concrètes, ainsi 58% désirent une meilleure gestion du temps dans les villes, et 51% une réduction des factures.
La Smart City est donc une réalité pour les électeurs français, il s’agit désormais d’étudier en quoi les candidats et candidats élus des municipales de 2014 ont su adopter et proposer dans leur programme des mesures politiques visant à rendre plus intelligentes les villes qu’ils espéraient ou vont diriger.
Quelle place pour les projets smart city dans les débats des municipales 2014?
En quoi la ville intelligente a su se placer dans le débat des principales villes françaises? Nous étudierons des exemples significatifs dans certaines villes importantes.
1. Paris et le débat autour d’une ville plus saine et numérique
Lors des élections EnergyStream vous avez proposé deux entretiens des candidates en lice pour la mairie de Paris, Anne Hidalgo candidate PS élue et Nathalie Kosciusko-Morizet candidate UMP. Ces entretiens furent l’occasion d’étudier les programmes de chaque candidate à la fois en termes de politique énergétique et écologique de la ville de Paris, mais également de s’intéresser aux ambitions « smart » de chaque programme notamment sous l’angle de la ville numérique.
« Nous aurons les moyens de faire de Paris la métropole à la pointe de l’urbanisme écologique, de l’économie circulaire et de la transition énergétique » : le programme d’Anne Hidalgo était marqué par une volonté d’établir une gestion écologique de la ville. La ville intelligente apparaît dès lors comme un moyen d’assurer une transition, notamment énergétique, moyen auquel la maire élue a prévu de dédier 1 milliard d’euros de budget.
Ainsi, la candidate élue considère que les réseaux électriques et les compteurs « intelligents » doivent permettre la transition énergétique, vers une meilleure gestion de l’énergie et une forte réduction des gaspillages. Adopter une nouvelle vision de la gestion de l’énergie, une vision « multi-réseaux ». Développer les éco-quartiers à l’image du déploiement de la norme Bepos 2020.
Pour les transports, la maire de Paris vise à renforcer la politique de diversité de moyens adoptée dans la capitale. Cela se traduit notamment par une volonté d’accroître la mobilité électrique : création d’un parc de scooters électriques en libre-service, déploiement d’une flotte de véhicules municipaux électriques, remplacement des bus diesels pas des bus électriques et hybrides; autant de mesures pour étendre la place des transports électriques dans Paris.
Pour Anne Hidalgo, la smart city participe et influence la vie et la gestion d’une ville. La maire élue de Paris envisage un nouveau Paris, plus responsable, plus écologique mais également plus intelligent.
2. Lyon, le pari réussi de Gérard Collomb
Le maire socialiste réélu de Lyon a accordé une part importante au smart dans son programme. Il veut « faire de Lyon une smart city de référence en misant sur l’innovation ». Le pari avait déjà été clairement lancé avec le projet Lyon Confluence, quartier intelligent connecté et écoresponsable, ou encore par les initiatives exemplaires du Grand Lyon ou de Greenlys. Outre ces projets innovants déjà implantés, Gérard Collomb a démontré lors de sa campagne qu’il voulait aller plus loin vers un modèle de ville « encore mieux connectée », « durable », en changeant notamment l’approche des transports « pour inventer une nouvelle mobilité ».
Concrètement, cela s’est traduit par de nombreuses mesures et projets. Pour les transports d’abord le maire a voulu renforcer le vaste chantier de mise à disposition de véhicules électriques. Par le développement du système SunMov, par exemple, voiture électrique à l’énergie solaire, initié dans le quartier Confluence.
Il y a bien une volonté d’élargir l’offre de véhicules électriques dans le programme du maire réélu, soutenu par Bluefly qui s’étendra à 120 véhicules d’ici 2014, puis à 1.000 à l’horizon 2020. Les modes de transports écoresponsables sont donc prisés à Lyon, en témoigne la fierté de Gérard Collomb face au succès de l’Application de Covoiturage du Grand Lyon, qui a été téléchargée plus de 10.500 fois !
Mais le choix de faire de Lyon un exemple de ville intelligente ne se limitait pas à la gestion des transports dans le programme de Gérard Collomb. Sur le plan de l’énergie, sa volonté de renforcer Smart Electric Lyon s’est notamment traduite par le projet de généraliser l’utilisation de compteurs Linky.
De nombreux chantiers à renforcer pour le maire de Lyon donc, afin de faire de cette ville un exemple de ville intelligente. Mais la dynamique est déjà bien lancée.
3. Nice et le Smart Nice
Christian Estrosi, maire UMP réélu de Nice avait en 2013 initié un projet smart city concentré autour du Boulevard Victor Hugo, une artère importante de la ville, projet qui a remporté le prix de l’innovation aux Victoires des Acteurs Publics en 2013:
http://www.dailymotion.com/video/x111max_victor-hugo-un-boulevard-connecte_news
Ce boulevard est ainsi connecté par l’utilisation de plus de 200 capteurs. L’internet des objets y permet de gérer la circulation, les flux d’énergie ou encore le ramassage des ordures. Mais les initiatives du maire pour faire de Nice une métropole intelligente ne s’arrêtent pas là. Le projet Nice Grid par exemple, concentré dans la commune de Carros dans la métropole niçoise vise à implanter un quartier solaire intelligent. Les riverains volontaires y gèrent la production d’électricité par l’implantation de panneaux solaires mais également de compteurs Linky qui permet une meilleure gestion des variations de production.
4. Marseille, quand la ville intelligente garantit la sécurité des riverains
A Marseille la sécurité a historiquement été un sujet majeur du débat public, l’actualité récente et les nombreux cas de règlements de comptes l’expliquent aisément. Lors du débat des municipales 2014 la sécurité s’est même vue prendre un virage smart. Les deux principaux candidats, le maire sortant UMP réélu Jean-Claude Gaudin et le candidat PS Patrick Mennucci se sont également opposés sur le terrain de la smart city. Outre les discours « classiques » sur la ville intelligente, Jean-Claude Gaudin a su orienter le débat en fonction d’une préoccupation majeure des Marseillais : la sécurité.
Son programme de ville intelligente reposait notamment sur la mise en place d’une application smart-phone « Marseille sécurité » par laquelle chaque riverain pourrait alerter les autorités. De plus, son programme visait également à renforcer le parc de vidéo-surveillance ainsi que la mise en place de boutons d’alerte pour une meilleure remontée des incidents dans la ville.
Les villes françaises ont su adopter un visage smart durant les municipales 2014. Mais on est en mesure de se demander quelle place auront elles dans le classement des villes smart dans le monde. Et vous ? Seriez vous capable de construire une ville intelligente? Le jeu en ligne Maker Cities vous permet de proposer votre vision de la ville intelligente dans une logique de crowdsourcing.
2 thoughts on “Smart cities et municipales 2014 : panorama des villes françaises intelligentes”