Le cœur de la planète bat en ce moment au rythme de la coupe du monde de football qui se tient au Brésil. Joie, déception, émotions en tout genre… les peuples de 32 nations exultent.
Mais… dès qu’on sort la tête des stades, dès qu’on éteint l’écran télé, nous observons que la planète est à bout de souffle. Le monde vit au-dessus de ses moyens : en un an, il faut 1,51 planètes Terre pour produire les ressources nécessaires destinées à subvenir à nos besoins énergétiques.
Et si l’on décidait de changer les règles du jeu ? Et si pour gagner il fallait respecter les ressources fournies par son propre territoire, tout en respectant la biosphère ? Imaginez une Coupe du Monde où pour gagner les nations devraient présenter un bilan écologique plus favorable que l’adversaire. Oubliez le classique 4-4-2. Pour l’emporter, il faut s’inspirer des tactiques du Facteur 4 et du Grenelle II.
Il était temps de la créer. Energystream l’a fait. La première édition de la coupe du monde environnementale, c’est en exclusive, sur EnergystreamSports.
La Biocapacité en attaque, l’empreinte écologique en défense
Venons-en aux règles du jeu. Si la coupe du monde de football récompense la réussite face aux buts, la coupe du monde environnementale, elle, cherche à gratifier les nations qui ne vivent pas au-dessus de leurs moyens.
Ce n’est plus le ballon qui va décider mais la conjonction de deux facteurs : la biocapacité et l’empreinte environnementale, suivant les règles imparties par le think tank Global FootPrint Network. En faisant la somme des deux, nous parvenons à mesurer la dette écologique de chaque pays, à savoir son score.
D’un côté, nous avons donc la capacité biologique du pays, soit l’apport crée par la biosphère de son territoire. Appelée « Biocapacité », elle est la mesure de la quantité disponible de terre et eaux biologiquement productives qui fournissent les éléments de l’écosystème que l’humanité consomme.
D’un autre côté, nous avons l’Empreinte Ecologique, qui se base sur les rendements des produits primaires (récoltes, produits forestiers, etc) par hectare pour calculer la superficie nécessaire aux activités d’une société donnée.
Avoir une bonne attaque c’est bénéficier d’une biocapacité généreuse. Plus on en a, plus on a de chances de mener au score. Par contre, maîtriser son système, bien défendre, revient à surveiller son empreinte écologique. Attention donc de ne pas surconsommer, cela peut être fatal pour le score final.
Les résultats de la phase de groupes
Nous avons décidé de retenir les 32 mêmes pays qualifiés pour la coupe du monde de football. Et de conserver les groupes tels qu’en a décidé le tirage au sort de la FIFA. Retrouvez ci-dessous les résultats de la phase de groupes, sur la base des données fournies par l’Atlas 2010 de l’empreinte écologique.
Groupe A. Le Brésil arrive logiquement en tête de ce groupe grâce notamment à sa star, la forêt amazonienne. « poumon » de la Terre permet aux brésiliens de bénificier deplus d’un million de gha. Le Cameroun arrive deuxième grâce à une faible empreinte écologique. Heureusement qu’ils sont là pour compenser la dette écologique déficitaire de pays comme la Croatie ou le Mexique.
Groupe B. L’Australie, pays continent domine aisément ce groupe. Elle prend une première place logique, compte tenu de son taux de biocapacité sans égal (le plus élevé de la planète) mais sans développer du beau jeu écologique (forte empreinte environnementale). L’Espagne et les Pays-Bas apparaissent loin derrière, incarnant une Europe Occidentale qui vit depuis longtemps au-dessus de ses moyens.
Groupe C. Ce groupe met en exergue les tendances continentales en matière de dette écologique. La Colombie et la Côte d’Ivoire représentent les deux seuls continents vivant encore aujourd’hui en deça de leurs moyens : l’Amérique du Sud et l’Afrique. Le Japon arrive bon dernier, victime de la surconsommation chronique d’une île fortement peuplée et aux ressources limitées.
Groupe D. Comme sur la « vraie » Coupe du Monde, l’Uruguay et le Costa Rica réussissent à éliminer deux poids lourds comme l’Italie et l’Angleterre. Ils font honneur aux petits pays qui parviennent à maintenir sur une surface limitée un bon équilibre entre les ressources disponibles et consommation énergétique.
Groupe E. Certes, la France et la Suisse ont appliqué les règles du fair-play écologique, puisqu’elles font partie de l’échantillon de dix pays ayant accepté d’institutionnaliser la mesure de l’empreinte écologique. Ce sont donc des pionnières en matière de calcul des actifs écologiques. Mais cela ne suffit pas pour devancer des pays maîtrisant leur empreinte écologique, comme l’Equateur ou le Honduras.
Groupe F. Dans ce groupe, nous aurons assité à une outrageuse domination de l’Argentine, qui n’aura pas eu de rival puisque le Nigéria, la Bosnie et l’Iran présentent un déficit écologique. Mais l’Argentine est aussi à l’origine d’un des plus mauvais gestes du tournoi avec la publication d’un projet de loi voulant consacrer 2 ha de la « Reserva Ecologica » de Buenos Aires pour stocker les déchets.
Groupe G. C’était sans aucun doute LE groupe de la mort de cette Coupe du Monde Environnementale, avec tous les membres du groupe vivant au dessus de leurs moyens. Pour l’anecdote, nous pouvons constater que le Ghana et l’Allemagne ne se seraient pas qualifiés dans d’autres groupes plus relevés. Ils peuvent remercier un tirage au sort favorable.
Groupe H. C’est le groupe des paradoxes, avec la Russie qui se qualifie malgré une empreinte écologique bien trop élevée et l’Algérie qui fait de même malgré sa faible biocapacité. C’est dans ce dernier groupe que nous trouvons la moins bonne équipe du tournoi, la Belgique. Tels des diables rouges de l’écologie, la Belgique présente une empreinte écologique inacceptable, avec des taux similaires à ceux des Etats-Unis.
Ce que l’histoire retiendra de cette première édition
Cette édition marque avant tout la fin d’un système de jeu écologique introduit depuis des années par les Etats-Unis, qui a dominé la planète, jusqu’à la rendre malade. Le modèle occidental passe à la trappe et le monde avec puisque depuis le 20 août 2013 l’humanité est entrée en période de « dette écologique ».
Ainsi, à l’image de la Coupe du Monde de football qui se joue au Brésil, le vieux continent fait profil bas. La non qualification de puissances comme l’Espagne, l’Italie ou l’Angleterre n’est plus une surprise. Leur modèle est à bout de souffle. Après la crise économique et la crise footballistique il ne manquait plus que la crise écologique.
Autre nouveauté de cette phase de poules : l’importance du jeu défensif en matière énergétique. Les équipes ayant su maintenir leur écosystème bien en place (faible empreinte écologique) ont obtenu leur billet pour les huitièmes. Un système particulièrement respecté par les pays africains qui peuvent sortir la tête haute de cette phase de poules.
Notons finalement qu’ici aussi, le tournoi est pour le moment dominé par les pays d’Amérique Latine. Dotés d’une riche biocapacité, leur population vit la plus par du temps en excédant écologique. Ils peuvent se permettre de l’emporter tout en jouant à l’offensive, c’est le « Joga Bonito » environnemental.
L’histoire ne retiendra pas par contre que cette coupe du monde environnementale aurait dû être remportée par le Gabon. En cas de qualification, avec une Biocapacité 20,7 fois supérieure à son empreinte environnementale, les panthères du Gabon, auraient dominé les débats. C’est donc grâce aux gabonais et aux quelques pays qui maintiennent encore un excédent écologique que la planète reste habitable. Mais attention, avec un tel déséquilibre dans le jeu énergétique, la planète, ainsi que la coupe du monde, pourrait bientôt entrer dans sa phases finale…
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