La règlementation européenne le promettait, l’audit énergétique des entreprises est devenu obligatoire depuis le 1er juillet. Pour nombre d’entre elles le bâtiment est un poste de consommation d’énergie conséquent. D’ores et déjà elles doivent explorer les démarches d’analyse car la copie est attendue pour fin 2015…Ces prochains mois les auditeurs ne chômeront pas !
Une obligation européenne
Pour atteindre les objectifs du paquet-climat 2020 en termes d’efficacité énergétique, la Directive 2012/27/UE introduit l’obligation de réaliser un audit énergétique pour les grandes entreprises, à renouveler tous les 4 ans. Sa transcription dans le droit français est clarifiée par deux textes : la loi DDADUE (très technique, elle transpose six directives européennes dans le droit français de développement durable) et le décret n° 2013-1121 du 4 décembre (il fixe les seuils au-delà desquels l’audit énergétique est nécessaire).
L’audit énergétique se présente comme un outil d’analyse des différents postes de consommation d’énergie. Sur la base de cette analyse, il permet de définir un plan d’action pour réduire les consommations d’énergie. Il devra couvrir au moins 80% de la facture énergétique de l’entreprise considérée dans son ensemble (filiales et locaux d’activité inclus).
Toutes les entreprises ne sont pas concernées
L’obligation ne s’applique qu’aux entreprises de plus de 250 salariés, ou réalisant un chiffre d’affaires hors taxe annuel de plus de 50 millions d’euros ou dont le total des actifs excède 43 millions d’euros.
Sont exemptées d’audit les entreprises certifiées ISO 50001 (système de management de l’énergie) puisque, comme Energystream le détaille pour le distributeur Carrefour, l’obtention de cette certification requiert déjà une revue énergétique.
Plusieurs d’entre elles se sont déjà lancées volontairement dans la démarche, dans la perspective d’une réduction de la facture énergétique.
Pour les autres, novices de l’audit énergétique, le rapport d’audit est attendu avant le 5 décembre 2015. Les sanctions pour les mauvais élèves pourront atteindre 2% du chiffre d’affaires hors taxe du dernier exercice clos. Le compteur tourne…
Une approche concrète de cet audit
Se lancer dans un audit énergétique, concrètement c’est chercher ses gisements d’énergie et passer au crible toutes les consommations d’énergie des bâtiments notamment les consommations liées aux processus de production pour les industriels.
Le rapport d’audit comprend effectivement :
- Une fiche d’identité énergétique (données administratives, techniques, énergétiques et financières) ;
- Un détail de la qualité et la nature du bâti, de ses consommations énergétiques et dépenses énergétiques ad hoc ;
- Des scénarios d’amélioration avec objectifs d’économie d’énergie associés, des estimations de ROI et les aides financières éventuelles.
Si la sollicitation d’un auditeur externe sera sûrement pour beaucoup un arbitrage budgétaire, la mise en musique de ses résultats peut s’avérer plus complexe…D’autant plus que la règlementation n’impose pas aux entreprises de réaliser les actions préconisées.
Une opportunité de performance énergétique
Faire entrer la gestion énergétique au cœur des priorités requiert indéniablement une implication du management.
D’après l’ADEME, des gains d’efficacité énergétique de près de 20 % sont atteignables dans l’industrie, à l’horizon 2030. Les mesures organisationnelles seules représenteraient entre 10% et 25 % des gains en question.
La création de postes de Responsable Energie permet de se doter de compétences techniques et d’une autorité venant professionnaliser la démarche et éventuellement challenger la faisabilité des plans d’action du spécialiste externe.
Le choix du spécialiste, en mesure d’apporter un œil neuf mais indépendant, est un enjeu de réussite de l’audit. Une large palette de fournisseurs est déjà sur le marché : entre bureaux d’études indépendants, fournisseurs d’énergie et fournisseurs d’équipements, les plans d’action préconisés seront plus ou moins transparents et lisibles pour le client.
Quelques bonnes pratiques
Un cahier des charges clair et bien structuré posera les bases d’une bonne relation avec son auditeur et d’une démarche bien documentée. Il doit préciser les étapes d’intervention permettant de dresser un plan d’action en cohérence avec le niveau d’engagement de l’entreprise. Le plan d’action proposera des évolutions de pratiques comportementales, de nouveaux modes d’exploitation des installations et éventuellement des remplacements de matériel, au regard d’un plan d’investissement et de rentabilité.
Une opportunité d’engagement dans une véritable stratégie énergie
Pour les plus engagés, l’audit s’inscrit au cœur de la stratégie énergie. C’est sur la base de l’audit, que s’articulent les plans de faisabilité et le schéma directeur. Une démarche qui devrait payer puisqu’avec l’ouverture du marché de l’énergie en 2016, les entreprises ne devront pas tarder à définir leur profil énergétique si elles souhaitent maîtriser la facture associée (les grilles de tarifs risquent en effet d’être complexes).
L’audit représente ainsi une opportunité réelle pour initier un cercle vertueux et chercher des bénéfices concrets sur toute la chaîne de valeur. La certification ISO 500001 reste certainement à date la meilleure méthodologie pour établir et suivre sa feuille de route. C’est aussi l’approche qui permet le doublement des primes CEE versées dans le cadre de travaux d’efficacité énergétique.
Contrainte législative ou opportunité de performance énergétique, l’audit énergétique arrive donc en France…sans précipitations d’après les dernières enquêtes réalisées. En avril 2014, les chiffres de l’enquête réalisée par l’ATEE, l’Afnor et Dalkia annonçaient que 12% avaient décidé de le programmer…Nous attendrons donc 2015 à priori pour connaître leurs ambitions énergétiques !
merci 😉