Précédemment nous vous présentions la situation en France sur la collecte des Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques (DEEE) ménagers. Cependant, une fois jetés, la vie de vos produits high-tech ne s’arrête pas là, un ensemble de filières existe pour les revaloriser. Zoom sur les principales filières et sur la démarche d’éco-conception permettant de faciliter cette revalorisation.
Déchets, vous avez dit déchets ?
En premier lieu, la notion de « déchet » est relative à un individu et au temps. En effet, le terme implique qu’à un instant donné, un objet n’est plus jugé « utile » par son utilisateur pour diverses raisons (obsolète, remplacé, cassé…). Remarquons alors que cet objet est donc possiblement toujours en état de marche, par exemple si une personne décide de changer son vieil écran cathodique mais que celui-ci fonctionne encore. Cet écran est considéré comme un « déchet » s’il est jeté, cependant une tout autre personne pourrait en avoir besoin et l’utiliser à son tour. Un autre exemple, plus courant, étant lorsqu’une personne change de téléphone portable. Seulement 3% des Français pensent à recycler leur ancien téléphone portable, 16% leur donne une seconde vie en le revendant ou le donnant à un proche, 4% le jettent à la poubelle (!) quand 44% le conservent au fond d’un tiroir…
La revalorisation des DEEE représente l’ensemble des filières qui existent pour redonner une nouvelle vie à ces objets. L’essor de ces filières repose en grande partie sur la collaboration d’entreprises dédiées à la revalorisation des DEEE et des éco-organismes – puisque ce sont ces derniers qui alimenteront les filières de revalorisation avec les DEEE qu’ils ont collectés.
Reconditionner les DEEE
La filière la plus évidente consiste à remettre sur le marché les DEEE réutilisables. Il s’agit de reconditionner et/ou de réparer ces équipements afin de prolonger leur durée de vie et permettre à leur futur utilisateur d’acquérir le bien à moindre coût ou gracieusement. On estime que cette filière traite aujourd’hui près de 3% des DEEE collectés. C’est un taux extrêmement faible sachant que que 50% des équipements jetés par les particuliers peuvent encore fonctionner ! Historiquement, des associations comme Emmaüs ou Envie ont des accords avec les éco-organismes pour leur donner accès aux DEEE collectés. Si ces associations parviennent à rendre utilisable les DEEE, elles peuvent alors les distribuer dans le cadre de leurs activités sociales. Sinon, elles s’engagent à faire réintégrer les DEEE non reconditionnables dans la filière de traitement.
Cependant le reconditionnement est de loin la filière la plus intéressante pour réduire l’empreinte écologique des DEEE puisqu’il permet de réduire l’utilisation de nouvelles ressources tout en prolongeant l’utilisation de ressources déjà exploitées. Économiquement, elle est aussi pertinente pour le marché de l’occasion et permet à une partie de la population qui ne souhaite pas ou qui ne peut pas acheter un bien électrique ou électronique neuf de se le procurer à un prix plus faible.
Recycler les DEEE
Si on ne peut pas reconditionner un DEEE, on peut toujours le recycler pour récupérer une partie des matières premières qui le composent. Il est d’autant plus intéressant de recycler les DEEE car ces équipements électroniques contiennent souvent des matériaux précieux (or, argent, cuivre, palladium…). Cette deuxième filière a aussi un deuxième objectif : la dépollution. Comme nous l’évoquions dans l’article précédent, la plupart des DEEE contiennent des composants qui pourraient être néfastes sur l’environnement et qui nécessitent d’être spécialement traités avant d’être recyclés à proprement dit. Il peut s’agir aussi bien de métaux lourds (plomb, mercure) que de gaz pouvant avoir un impact négatif sur l’effet de serre – c’est notamment le cas pour les réfrigérateurs et autres équipements réfrigérants. Aussi, le recyclage et le reconditionnement peuvent être complémentaires. Un rapport de l’ADEME estimait, en 2013, que 77% des DEEE ménagers collectés avaient été recyclés.
Valorisation énergétique
Si le plastique est partout, les DEEE ne font pas exception. Aussi, il existe une filière de valorisation énergétique de certains de ces plastiques, c’est-à-dire ceux qui ne comportent pas de danger (composés halogénés notamment). Cependant, tout n’est pas revalorisable, certains DEEE ou plutôt certaines fractions issues de ces filières ne sont pas ou ne peuvent pas être revalorisés. Ainsi, 13% des DEEE sont tout simplement stockés en tant que « déchets non-recyclables » – également appelés « déchets ultimes ».
L’éco-conception : la conception pour le démantèlement et le réemploi
En plus des filières de revalorisation des déchets d’équipements électriques et électroniques présentées, une démarche plus amont peut permettre d’optimiser le recyclage et de réduire davantage les impacts environnementaux en préservant les ressources naturelles : l’éco-conception. L’éco-conception consiste à mener une étude supplémentaire pour analyser l’ensemble du cycle de vie d’un produit ou d’une procédure. L’objectif étant d’identifier tous les effets d’un bien sur l’environnement aux différentes étapes : l’utilisation de la matière première pour le concevoir, le transport, son utilisation mais aussi le recyclage, la réutilisation et la revalorisation à la fin de sa vie.
Il reste cependant encore une marge de progression certaine. En 2011, seulement 18% des entreprises industrielles avaient mis en place une démarche d’éco-conception selon l’Insee.
En conclusion, si les filières de revalorisation des DEEE sont nombreuses, il convient de rappeler que le premier acteur garant de ces succès reste le consommateur particulier. C’est à lui d’agir et d’avoir les bons réflexes : aussi la prochaine fois que vous rencontrerez l’icône suivante sur vos équipements électriques et électroniques, pensez à le déposer chez un distributeur ou dans un centre de dépôt adéquat pour favoriser sa collecte et donc sa revalorisation !
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