Le 12 novembre dernier, l’Agence Internationale de l’Energie a publié son rapport annuel sur la situation énergétique mondiale actuelle et ses prévisions d’évolution pour 2040 : le World Energy Outlook 2014. En faisant différentes hypothèses sur la croissance économique et les politiques mises en place, l’IEA propose plusieurs scénarios dont un scénario central. Retour sur les points clés.
Le scénario 2°C du GIEC de plus en plus improbable
Afin de soutenir la croissance économique, l’IEA estime que la consommation énergétique mondiale augmentera de 37% d’ici 2040. Cette croissance sera portée à 60% par les pays d’Asie, hors Japon et Corée du Sud.
Si les énergies renouvelables connaîtront une forte croissance – la moitié des nouveaux moyens de production électrique utiliseront des sources renouvelables – la consommation d’énergies fossiles continuera à augmenter, notamment en raison de l’abondance et du faible coût du charbon et la faible substituabilité du pétrole pour le transport et la chimie. Par conséquent, à long terme, la température mondiale devrait augmenter de 3,6°C, entraînant de graves problèmes environnementaux et sociaux. Pour les éviter, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU) est catégorique et parle de nécessité absolue à limiter le réchauffement planétaire de 2°C.
Évolution des moyens de production énergétiques
Si toutes les sources d’énergies verront leur production augmenter d’ici 2040, la part du gaz et des énergies bas carbone (renouvelables et nucléaires) dans le mix énergétique mondial augmentera par rapport au pétrole et au charbon, pour tendre vers une répartition égale entre ces 4 sources (le charbon et le pétrole représentent aujourd’hui 60% de la production d’énergie primaire). À noter que près de 60% de l’augmentation de la production de gaz sera issue de gisements non conventionnels.
Pour répondre à ces besoins, plus de 900 milliards de dollars d’investissement annuels dans la production d’hydrocarbure seront nécessaires dans les années 2030 car les nouveaux gisements sont de plus en plus coûteux à exploiter (forages en eau profonde et hydrocarbures non conventionnels).
Le nucléaire porté par l’enjeu de sécurité énergétique
Si l’accident nucléaire de Fukushima a relancé le débat sur l’énergie nucléaire, l’IEA prévoit que le nucléaire ne sera pas délaissé en raison de la sécurité énergétique qu’il permet d’apporter aux pays importateurs d’énergie. De plus, dans un contexte géopolitique tendu en Russie et au Moyen-Orient, deux grande zones d’exportation d’hydrocarbures, la question de la sécurité de l’approvisionnement en énergie revient au premier plan.
L’Afrique subsaharienne encore loin de sortir de la précarité énergétique
En Afrique subsaharienne, 620 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité et près de 730 millions de personnes ont recours à de la biomasse solide pour la cuisson, provoquant des problèmes sanitaires et économiques. Malgré les nombreuses ressources en hydrocarbures et le potentiel d’énergie renouvelable du continent, le manque d’investissement dans les infrastructures énergétiques devrait laisser 500 millions de personnes dans la précarité énergétique en 2040.
Ainsi, suivant les régions du monde, les problématiques sont différentes : répondre à une demande croissante en énergie, sortir de la dépendance des importations d’hydrocarbures ou encore réduire la précarité énergétique. Dans tous les cas, des investissements colossaux dans les infrastructures énergétiques sont à prévoir pour les prochaines années. Comment rediriger ces investissements vers un mix le moins émetteur de GES possible, tout en répondant aux autres problématiques ? Tel sera le défi attendu pour la COP 21 qui se tiendra l’année prochaine à Paris, afin d’éviter le réchauffement climatique aux conséquences dévastatrices vers lequel nous nous dirigeons.