Dans le cadre de l’ouverture du marché de l’électricité et de la loi Nome de décembre 2010 sur la nouvelle organisation du marché, les tarifs réglementés de vente d’électricité pour les professionnels vont disparaître le 1er janvier 2016. Quels vont être les impacts de cette étape sur le marché ? Va-t-elle bouleverser l’écosystème concurrentiel ? Provoquera-t-elle la baisse des tarifs attendue ?
Une avancée majeure sur le chemin de la dérégulation
Depuis l’ouverture du marché de l’énergie à la concurrence en 1999, les clients professionnels avaient le choix entre deux types d’offres :
- Les offres du marché proposées par les nouveaux entrants dont les prix sont fixés librement ;
- Les tarifs réglementés de vente d’électricité (tarif jaune de 36kVA à 250kVA en basse tension, et tarif vert pour la haute tension à partir de 20000V).
À partir du 1er janvier 2016, ces derniers seront supprimés.
Contrairement à la fin des tarifs réglementés du gaz dont la disparition se fait progressivement entre 2014 et 2016 en fonction de la puissance souscrite, les tarifs réglementés de l’électricité disparaîtront brusquement au 31 décembre 2015 pour tous les clients non résidentiels (particuliers), en France métropolitaine et dont la puissance souscrite est > à 36kvA.
Une ouverture du marché qui reste timide
L’ouverture est restée timide puisque ces nouvelles offres concernent seulement 22% du volume d’électricité vendu aux clients non résidentiels et 5% des clients !
Pourquoi ce peu d’engouement ? Différentes raisons sont évoquées : la simplicité de rester chez le fournisseur historique tant que la bascule n’était pas obligatoire, le manque d’information des consommateurs, le peu d’actions des pouvoirs publics pour promouvoir la concurrence, des offres concurrentes qui ne se démarquent pas toujours, etc.
Quoi qu’il en soit, la fin annoncée des tarifs réglementés va inévitablement participer à accélérer cette ouverture à la concurrence.
Une nouvelle donne qui va chambouler la répartition des parts de marché ?
Difficile à croire compte tenu du fait qu’EDF se prépare d’ores et déjà à cette échéance et prend soin de ses clients en leur proposant des offres compétitives et innovantes. Néanmoins il faut admettre que cette échéance va obliger les entreprises à mettre le nez dans leurs contrats d’électricité, ce qui sera pour elles l’occasion de comparer réellement les offres et peut-être de quitter le fournisseur historique. Obligation réelle puisque tout client qui n’aura pas changé de contrat basculera sur une offre provisoire d’EDF ou de son ELD pour 6 mois maximum avant interruption de fourniture.
Le chemin vers une baisse des tarifs de l’électricité ?
Rien n’est moins sûr ! En effet, contrairement au marché du gaz dont les clients ont déjà pu obtenir des offres jusqu’à 15% moins cher, le marché de l’électricité reste sous le quasi-monopole d’EDF qui détient 85% du parc de production. Pour remédier à cela, la loi Nome a permis la mise en place en 2011 d’un accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh) fixant un prix du MWh à 42€ permettant aux nouveaux fournisseurs d’acheter l’électricité à EDF à prix inférieur à celui du marché. Aujourd’hui, EDF souhaite légitimement répercuter les nombreux investissements liés au parc nucléaire (carénage, démantèlement, …) et propose d’augmenter le prix du MWh à 50€. Un prix trop élevé aux yeux des fournisseurs alternatifs et qui s’éloigne de son objectif initial : permettre d’abaisser le coût moyen d’approvisionnement et par la même occasion la facture proposée aux clients finaux.
Dès le mois d’avril, les premiers courriers seront envoyés par les fournisseurs historiques afin d’avertir officiellement leurs clients de cette échéance. Puis, chacun de leur côté, clients comme fournisseurs s’activeront pour être prêts avant la date fatidique !