Depuis 2007, les ménages français peuvent librement choisir leur fournisseur d’électricité et de gaz – les activités de transport et de distribution d’énergie restant, elles, régulées. Cette ouverture des marchés de l’énergie en France souhaitée par la communauté européenne, s’inscrit dans la construction d’un marché à l’échelle européenne. Son objectif ? Assurer la sécurité de l’approvisionnement de l’énergie tout en garantissant des prix abordables pour les consommateurs. 8 ans après, où en est-on ?
Un marché de l’énergie toujours très concentré
Le marché de détail de l’électricité français reste encore très concentré. Sur les 31 millions de sites résidentiels seuls 9% sont fournis par un des 11 fournisseurs alternatifs. Cela signifie que plus de 9 français sur 10 est encore au Tarif Réglementé d’ EDF. Sur le marché de détail du gaz le constat est légèrement plus réjouissant, puisque plus de 15% des 11 millions de sites résidentiels sont fournis en gaz naturel par l’un des 6 fournisseurs alternatifs opérant sur le territoire français. À titre de comparaison, dans le secteur de la téléphonie, Orange, le fournisseur historique ne représente plus qu’environ 36% du marché de la téléphonie mobile et 41% du marché de l’ADSL.
Le bilan de l’ouverture du marché de l’énergie en France est donc plutôt mitigé, puisque les prix ont également continué d’augmenter, quand ils se sont effondrés dans la téléphonie par exemple. Sur le marché de l’électricité par exemple, le prix du Tarif Réglementé a augmenté de 2% par an en moyenne sur les 8 dernières années, conséquence directe des investissements d’EDF pour renouveler les équipements nucléaires, et de la flambée de certaines matières premières.
Malgré cette hausse la France reste l’un des pays où le prix de l’électricité reste le moins cher en Europe. En effet la France se positionne bien en dessous de la moyenne des pays de l’UE, juste après la Croatie et la République Tchèque.
…Un marché qui s’ouvre progressivement à la concurrence
Tarifs Réglementés : Offres proposées par les fournisseurs historiques (GDF Suez en gaz naturel et EDF en électricité) dont le prix est fixé par les pouvoirs publics. Offres de marché : offres dont les prix sont fixés librement par les fournisseurs. Les fournisseurs alternatifs comme les fournisseurs historiques peuvent proposer des offres de marché. |
L’arrivée sur le marché de nouveaux acteurs tels que Direct Énergie avec des offres plus compétitives, et des investissements marketing/ communication important, ainsi que les appels d’offres menées par l’association de consommateurs UFC Que Choisir les deux dernières années dans le marché du gaz naturel contribuent à dynamiser la concurrence sur ces marchés qui semblaient résolument figés depuis des années.
Pour preuve la part de marché des fournisseurs alternatifs a légèrement augmenté chaque trimestre de 2014 (Environ 0,5 points entre T1 et T2 2014 en gaz et électricité). Le constat est d’autant plus flagrant sur les nouveaux contrats d’énergie souscrits en France en 2014.
Sur les contrats de gaz plus de la moitié ont été souscrits auprès d’un fournisseur alternatif (53,8%). Sur le secteur de l’électricité le constat est légèrement réjouissant, mais tout de même un quart des nouveaux contrats ont été souscrits auprès de fournisseurs alternatifs.
Les facteurs clés de succès
Il semblerait donc que le marché soit en train de s’ouvrir légèrement. Mais que manque-t-il pour que s’opère une véritable transformation favorable à l’émergence de nouveaux acteurs ?
– Transparence de l’information. Le manque de connaissance des clients sur l’ouverture du marché continue d’être un frein à l’émergence de nouveaux fournisseurs. Selon les derniers sondages, seuls 55% des ménages savent qu’ils peuvent choisir librement leur fournisseur de gaz, et 53% pour leur fournisseur d’électricité. D’autre part, seuls un tiers des Français savent qu’EDF et GDF SUEZ sont deux entreprises différentes et concurrentes. Il y a donc un vrai travail d’information à faire de la part de l’État et des acteurs du marché.
– Concurrence prix. La plupart des offres proposant des taux de remise d’environ 10% sur le prix du kWh (TTC ou HT), l’intérêt financier reste difficilement perceptible pour les consommateurs. Alors que dans le même temps les démarches semblent trop contraignantes. Certains consommateurs pensent notamment que changer de fournisseur nécessite le changement de leur compteur.
Au-delà du travail de sensibilisation, il faut que les fournisseurs alternatifs soient en mesure de proposer des prix plus attractifs. Chose difficile dans les conditions actuelles étant donné le peu de marge de manœuvre dont ils disposent : avec 30% de taxes, 30% de coûts d’acheminement et 35% de fourniture, c’est plus de 95% de la facture qui est réglementée.
De plus, le prix auquel EDF revend l’électricité sur le marché de gros (tarifs de l’Arenh) n’est pas bien inférieur à celui du Tarif Réglementé pour les particuliers. Aujourd’hui fixé à 42€ du mégawattheure il est bien au-dessus des prix recommandés par le rapport Champsaur de 2009 par exemple. À court terme il faut baisser le prix de vente de gros, à plus long terme, c’est la fin du Tarif Réglementé fixé par les pouvoirs publics qu’il faut envisager.