« Le Sénat condamne le développement des éoliennes en Bretagne » déclare Patrick Massiot, président du conseil régional de Bretagne. Il fait référence à l’amendement du Sénat au texte de la loi sur la transition énergétique fixant à 1 km la distance minimale entre un parc éolien et des habitations, contre 500 mètres aujourd’hui. Cette contrainte réglementaire s’ajouterait aux autres barrières auxquelles font déjà face les projets de parcs éoliens : oppositions des riverains, complexité dans le lancement des projets (permis de construire, financement)…
Malgré tout, certaines associations et habitants sont convaincus du potentiel que représente cette source d’énergie. En témoigne la multiplication d’initiatives dites « citoyennes », impulsées par les habitants du territoire, pour les habitants du territoire. Focus sur l’une d’elles.
Fin 2015, un nouveau parc constitué de 4 éoliennes de 2 MW chacune entrera en exploitation sur les communes de Sévérac et Guenrouët, en Loire-Atlantique. Ce parc produira annuellement environ 18 000 MWh, soit l’équivalent de la consommation électrique hors chauffage de 8 000 foyers. Retour sur le cheminement d’un des projets citoyens pionniers en France…
À l’origine du projet : Éoliennes en Pays de Vilaine
Créée en 2003, l’association Éoliennes en Pays de Vilaine (EPV) est à l’origine de ce projet. Véritable promotrice de la production citoyenne
décentralisée, cette association réalise diverses études de faisabilité pour identifier les territoires propices à la construction de parcs éoliens coopératifs. Ce fut le cas de Sévérac-Guenrouët.
Par définition, l’initiative citoyenne se fonde sur la participation des habitants pour financer le projet. C’est là que le rôle fédérateur d’EPV a été crucial. EPV promeut auprès d’ acteurs locaux (habitants, entreprises, collectivités) les bénéfices d’une telle aventure : « notre objectif est de bénéficier d’une ressource énergétique locale, de l’exploiter localement avec des retombées et une maîtrise locales » explique Michel Leclercq, vice-président de l’association.
L’implication des acteurs locaux
Après plus de 3 ans d’échanges avec la Préfecture de Loire-Atlantique pour obtenir les autorisations et le permis de construire, la SAS Isac-Watts est fondée en 2012. Cette dernière se compose de 38 clubs d’investisseurs locaux (10 à 15 personnes par club pour une moyenne d’investissement de 1000€/investisseur), du Conseil Général de Loire-Atlantique, d’entreprises locales et de collectivités partenaires. Elle finance sur fonds propres 20% des 11 millions d’euros nécessaires à la réalisation du parc éolien et emprunte les 80% restant auprès d’établissements bancaires.
Dès que l’exploitation aura débuté, l’électricité produite sera envoyée sur un poste source d’ERDF qui la redistribuera sur le réseau. L’électricité sera revendue directement à EDF par Isac-Watts aux tarifs en vigueur, les recettes de cette vente financeront :
- Le remboursement de l’emprunt bancaire ;
- Le versement de dividendes aux actionnaires de la SAS ;
- La création d’un emploi de « chargé de sensibilisation environnementale » dans les deux communes concernées.
L’avantage fondamental de l’initiative citoyenne réside dans la forte adhésion qu’elle génère auprès des habitants de la communauté. La nature coopérative de ces projets bénéficie d’une acceptation bien plus large que d’autres projets parfois considérés comme subis par les riverains.
Forte de ses différentes premières expériences, Éoliennes au Pays de Vilaine ne compte pas s’arrêter là. Outre l’énergie renouvelable qui est produite, c’est toute une communauté qui se crée autour de ces projets citoyens, une unité qui se réaffirme dans des zones où le lien social pouvait s’être distendu. D’autres projets éoliens citoyens sont à l’étude ou en cours et devraient voir le jour dans les années à venir, au plus grand bonheur de la région.