5 Milliards : c’est le prix en dollars que Tesla a déboursé pour construire sa fameuse « gigafactory » dans le Nevada. Destinée à produire des batteries lithium-ion, cette usine permettra au constructeur de réaliser d’importantes économies d’échelles dans la construction et le recyclage des batteries de ses véhicules… Mais la taille et la capacité de production du bâtiment pourraient permettre à Tesla de s’imposer sur le marché des batteries domestiques.
Elon Musk, un visionnaire
Il serait impensable de parler des batteries fabriquées par la société Américaine Tesla sans revenir sur le parcours impressionnant de son actuel dirigeant. En effet, Elon Musk semble être visionnaire.
En 1995, il fonde ZIP2 Corporation qu’il va vendre 4 ans plus tard pour 341 millions de dollars. La même année, il crée X.com, une banque en ligne et rachète en 2000, un site de paiement en ligne prometteur : Paypal. X.com cessera rapidement ses activités bancaires et change de nom rapidement pour devenir Paypal. Elon Musk récupère 175 millions d’euros à la vente de Paypal en 2002. Dans la même année, il monte sa troisième entreprise : Space exploration Technologies (SpaceX) dont il est l’actuel CEO et CTO. En parallèle, il prend la direction de Tesla Motors en 2008 et décide d’investir dans une société capitalisant sur le photovoltaïque : Solarcity. Souvent préoccupé par les enjeux planétaires, Elon Musk propulse Tesla en plein cœur du secteur de l’énergie.
Des batteries de voitures aux batteries domestiques
Une chose est sûre, il ne va pas se contenter de développer des batteries lithium-ions uniquement pour le secteur automobile. En effet, il y a quelques jours, Tesla a annoncé qu’elle allait commercialiser des batteries domestiques pour les foyers et entreprises. La « powerwall », aux dimensions modestes (130 x 85 cm), pèse une centaine de kilogrammes et peut être installée à l’extérieur de la maison. Ces batteries coûtent 3 500 dollars, peuvent stocker 10KWh et être associées en série de manière à pouvoir répondre aux besoins des foyers très énergivores. Ainsi, connectées à un service en ligne, elles sont capables de se recharger pendant les heures creuses et ménagent les centrales électriques aux heures de pointe en prenant le relais du réseau normal.
Cependant, mené par la baguette très écologique de Monsieur Musk, le développement de ces dernières doit permettre de s’affranchir complètement de l’utilisation d’énergies fossiles et d’investir dans des énergies renouvelables intermittentes comme l’éolien ou l’énergie solaire. Enregistrant à date plus de 38 000 précommandes, la batterie de foyer est déjà annoncée en rupture de stock jusqu’à mi 2016. D’où vient ce succès alors qu’elle n’est même pas encore commercialisée ?
Des perspectives variées
Les perspectives qu’offre cette batterie sont nombreuses et expliquent, du moins en partie, le franc succès rencontré par l’entreprise du milliardaire sud-africain.
Tout d’abord, énergétiquement parlant, elles ouvrent la porte aux maisons autonomes. En effet, associées à des panneaux photovoltaïques, ces batteries permettraient aux particuliers équipés d’être auto-suffisants en matière d’énergie, ce qui leur permettrait de s’affranchir du réseau d’électricité normal. Les particuliers effectueraient un coup double en participant à la sauvegarde de la planète tout en économisant chaque mois le montant de leur facture d’électricité.
De plus, en y ajoutant la dimension très actuelle du « sharing » (à l’image de blablacar par exemple), on entrevoit une possibilité de partage de surplus d’énergie verte avec ses voisins moyennant une légère compensation. En créant ainsi un véritable réseau secondaire d’électricité, la vision écologique véhiculée par Elon Musk prendrait tout son sens.
On pourrait même envisager un business model basé sur la « revente » de l’énergie renouvelable accumulée pour que chaque foyer équipé puisse arrondir ses fins de mois. Voire même qu’une entreprise spécialisée dans l’installation de panneaux solaires associée à une batterie chez le particulier pourrait voir le jour. Elle proposerait ainsi à ce dernier une électricité gratuite et revendrait le surplus d’énergie non consommé.
En nous intéressant à un autre sujet d’actualité, il serait possible d’utiliser les travaux effectués sur la signature énergétique (E2co) des équipements pour répartir de façon précise l’énergie utilisée par chaque appareil en fonction de sa consommation. De la box à la voiture électrique en passant par l’électroménager, une répartition exacte serait possible grâce au couplage de la batterie et des informations relatives à la signature énergétique formant ainsi une véritable intelligence artificielle.
Enfin, n’oublions pas de nous resituer dans l’ère de digitalisation actuelle. Entre objets connectés et applications smartphone, l’innovation dans le domaine du digital est permanente. Ainsi, il ne serait pas surprenant de voir apparaître sous peu un « wearable » capable de piloter à distance son stockage en énergie. À titre d’exemple, on pourrait envisager de couper l’alimentation de son poste de télévision à distance via son smartphone ou son objet connecté en constatant qu’il consomme un peu d’électricité bien qu’étant en veille, permettant ainsi d’économiser quelques euros.
Une question reste cependant en suspens : dans un secteur concurrentiel dominé par des géants tels que General Electric ou Siemens qui développent leurs propres systèmes de « home battery », Tesla parviendra-t-il à s’imposer durablement ?
Dans le modèle actuel, les producteurs d’EnR particuliers (photovoltaïque ou éolien) ont l’obligation de revendre l’énergie produite à EDF. L’auto-consommation est interdite.
Dans ce contexte, l’autonomie domestique en matière d’énergie est-elle possible en France ?
Faut-il revoir le business model ? Des réflexions sont-elles en cours ?
« L’autoconsommation électrique : on y vient doucement. Même en France ! »
http://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/20150216.OBS2618/l-autoconsommation-electrique-on-y-vient-doucement-meme-en-france.html