Pilotage des systèmes de chauffage à distance, suivi temps-réel en des consommations… Autant de nouveaux usages qui séduisent de plus en plus les français. Jusqu’alors dominé par des acteurs isolés, le marché du Home Energy Management avait peu décollé ces dernières années, avec seulement quelques milliers d’utilisateurs français en 2014. Sur ce foisonnement d’offres, de nouveaux acteurs font progressivement leur place tandis et les énergéticiens et opérateurs télécoms sont aux aguets pour saisir le bon créneau. Le marché est en pleine évolution.
Quelles sont donc les tendances émergentes ? Quels acteurs tirent leur épingle du jeu ? Vers quelles solutions les particuliers vont ils se tourner ? Ci-dessous, un aperçu de la bataille en cours !
Smart Home, HEM : quelles différences ?
Commençons par clarifier les termes ! En effet, HEM, Smart Home, Maison connectée, etc. sont des mots qui traduisent la percée du numérique au sein de la maison.
Une Smart Home est un foyer doté de systèmes de communication automatiques capables d’interagir avec plusieurs équipements de la maison, faisant du lieu de vie :
- Un foyer connecté, transmettant des informations à des acteurs tiers et permettant à l’occupant de piloter ses équipements depuis des interfaces en ligne.
- Un foyer intelligent, anticipant les souhaits de l’occupant grâce à des équipements auto-apprenants.
Bien qu’il n’existe pas aujourd’hui de définition du Home Energy Management communément admise, nous pouvons décrire le HEM quant à lui par les objets qui le composent. En effet, le HEM se rattache à 4 objets indissociables les uns des autres :
- Un relais (compteur communicant ou passerelle communicante dans la maison) : il fait le lien entre la maison et ses objets connectés et le monde extérieur. Souvent, des petits appareils sont répartis dans la maison (capteurs, prises connectées, etc.). Ils communiquent sans fil avec ce boîtier central, indépendant du compteur d’électricité, appelé « energy box ».
- Une interface utilisateur: en général, une application sur un terminal nomade (smartphone, tablette, etc…)
- Des servicesà valeur ajoutée qui traduisent une promesse d’économie d’énergie et/ou de confort.
- Des données, internes et externes à la maison.
Ainsi, la Smart Home comprend une panoplie de services domotiques, de la vidéo-surveillance à la musique s’adaptant à l’humeur de l’habitant. Confort, bien-être et sécurité sont les usages principaux pour développer le marché de la maison intelligente. La portée du Home Energy Management reste quant à elle, cantonnée à la gestion efficace de l’énergie, avec pour principales motivations des utilisateurs la réduction de la facture énergétique et le confort. L’écosystème en est-il beaucoup plus simple ? Pas si sûr…
Partenariats, acquisitions : un marché en plein mouvement
Par les objets qui le compose, le HEM est à la frontière entre plusieurs mondes : énergéticiens, fabricants de matériel, techfirms, domoticiens, etc. L’environnement était tellement complexe que pendant longtemps, le domaine est resté à la main de spécialistes ou start-ups fournissant des solutions complètes. Le particulier avait parfois du mal à y voir clair sur une offre hétérogène et abondante. D’autant plus que les solutions diverses n’étaient pas nécessairement interopérables. Mais tout laisse à croire que ce temps est révolu et que le marché se structure peu à peu.
Début 2014 Google rachetait Nest le fabricant de thermostats connectés fondé par un ancien d’Apple pour 3,2 milliards de dollars. Fin 2014, Nest rachetait lui-même la société Revolv au prix de 7 millions de dollars. Nest enrichit ainsi son écosystème connecté avec le hub de Revolv, qui transfère en wifi les commandes prises par smartphone ou tablette, les informations aux différents appareils connectés de l’habitat. Son intérêt réel est sa compatibilité avec les différents protocoles de communication utilisés par les objets connectés ( Zigbee, Z-Wav utilisés dans le Homelive d’Orange, le WiFi et le Bluetooth).
Puis ce fut au tour de Samsung de prendre des positions en rachetant SmartThings en août 2014 pour 200 millions de dollars dans une logique similaire de compatibilité élargie.
Une chose est sûre : les techfirms sont dans la place ! Il ne serait d’ailleurs pas étonnant d’entendre un peu plus parler de Microsoft qui a déjà ouvert son showroom sur l’appartement numérique…
Côté énergéticiens, le HEM a aussi le vent en poupe car EDF continue de travailler en lien étroit avec la start-up Netatmo pour lancer de nouveau services énergétiques et commercialiser une offre au Royaume-Uni. Engie rétorque avec son offre déjà évoquée par Energystream, Dolce Confort associée à Netatmo. Pacific Oil & Gas a choisi de travailler avec une start-up pure player du Big Data dans l’énergie : Opower, connue pour les comparaisons de consommation avec le voisinage. Certains énergéticiens ont quant à eux fait le choix des acquisitions : c’est notamment le cas de British Gas qui vient de racheter AlertMe pour 68 millions de dollars. L’offre Hive, qui en résulte, permettant de piloter son chauffage à distance, est d’ailleurs déjà disponible sur le site de British Gas.
Quels seront les leaders de demain ?
L’arrivée progressive de Linky s’annonce plutôt porteuse pour le secteur : non seulement elle pourrait éveiller les particuliers sur les systèmes de comptage mais aussi les inciter à piloter leur consommation puisque de nouvelles offres tarifaires indexées sur les heures de consommation feront bientôt leur apparition.
Les principaux acteurs cherchent donc à dépasser leur périmètre historique avec une logique de partenariats afin de proposer un service à valeur pour l’utilisateur final.
Et demain, quels autres facteurs clés de succès pour les leaders du marché?
- La propriété et la valorisation des données sont essentielles. Plus un acteur possédera des données sur un même client, plus il pourra proposer des services ciblés et attrayants pour ce dernier. L’évolution de la start-up Wattgo le montre : au-delà d’un audit de consommation pour le particulier, elle a développé un réel métier de statisticien et propose son baromètre Powermetrix en compilant les données individuelles avec plusieurs centaines de variables descriptives de chaque foyer. De fait, être présent sur un des autres pans de la Smart Home est un réel avantage pour croiser et valoriser les données pour entrer dans les habitudes quotidiennes.
- Une présence internationale sera une aide précieuse pour adresser l’ensemble des marchés où le Smart Home émerge.
- Des capacités financières solides pour investir massivement dans le développement de leurs catalogues d’offres et services…
A ce compte-là, les mieux placés aujourd’hui sont les techfirms qui possèdent une réelle compétence dans la gestion et la restitution des données. De plus, contrairement aux énergéticiens et aux domoticiens par exemple, elles sont souvent présentes et connues sur la totalité du globe. Google, Samsung et les autres ont donc un coup d’avance…Les autres acteurs sauront ils se faire mal pour rattraper leur retard ? Affaire à suivre…