Les objets connectés ont envahi notre quotidien. Tout d’abord, les smartphones ont émergé puis progressivement c’est l’ensemble de notre écosystème qui a été touché par l’utilisation des nouvelles technologies. Les motivations peuvent être la recherche de confort, le design, les économies financières à long terme ou encore le fait de combler des besoins jusqu’ici insoupçonnés. En particulier, l’Habitat est de plus en plus impacté et ces nouvelles technologies ont des répercussions sur nos habitudes de vie. Les objets de la maison sont encore méconnus, leurs bienfaits comme leur limites. Que se cache-t-il au-delà de l’effet de mode et du design attractif ?
Les particuliers, les premiers bénéficiaires de la maison connectée
Un consommateur qui se veut responsable et branché
2015 a marqué l’organisation de la COP21 par la France. Le climat, la consommation responsable, les économies d’énergie, autant de termes martelés depuis quelques années déjà et qui résonnent de plus en plus fort depuis ces derniers mois à nos oreilles et à notre portefeuille. En effet, consommation responsable et propre n’est pas seulement un effet de mode mais aussi un moyen de faire des économies et notamment d’énergie – au sens physique et scientifique mais aussi en terme d’efforts humains. Ainsi, la progression des objets connectés et des nouvelles technologies inhérentes pousse l’usager dans son quotidien à faire plus attention à sa consommation quantifiée, ses dépenses et ses habitudes de consommation, et cela en un minimum d’effort. Régulez son énergie consommée n’a jamais été aussi facile, il suffit de se connecter à son smartphone ou à sa tablette. L’application fait le reste à votre place. Bientôt, la domotique de votre maison sera telle qu’un bouton à saisir suffira à régler l’ensemble de votre habitat.
La technologie et les objets connectés (presque) à la portée de tous
Les objets connectés de l’habitat envahissent les étalages des distributeurs physiques du type Darty, Fnac, Leroy Merlin, les retailers en ligne du type Amazon, C discount, Price Minister mais également les offres des fournisseurs d’énergie (ENGIE, EDF, etc..). Un nouveau besoin lié à l’émergence des IoT (internet des objets, extension d’internet à des objets physiques) est né. Toutefois, la maturité de ce besoin est encore faible : parmi 2000 personnes interrogés, 8% possèdent ou ont accès à un haut parleur sans fil, 4% à un système de sécurité par surveillance, 1% à un thermostat connecté, 1% à un appareil domestique connecté, 1% à un système d’éclairage intelligent et 3% à un appareil de diffusion de vidéos (1). N’oublions pas que ces objets ont un coût qui n’est pas négligeable compte tenu de l’aspect non vital de ces objets.
Mais pour quel usage ?
Confort de vie et autogestion. Les objets connectés révolutionnent la manière dont on envisage l’environnement qui nous entoure et notamment notre habitat. Prenons l’exemple du thermostat connecté. Il est maintenant possible de piloter le thermostat relié à sa chaudière à distance depuis son smartphone ou depuis son canapé avec sa tablette. Les nouvelles générations de thermostat peuvent désormais s’autoprogrammer en enregistrant vos habitudes de vie et de consommation (pour le Thermostat Nest Learning 3ème génération, l’auto-programmation est disponible après 5 jours de réglages pour enregistrer vos habitudes de consommation). Au-delà des économies d’énergie, la sérénité et le confort sont bien visés. Ainsi, au regard de l’objet choisi et de son niveau de valeur ajoutée, la finalité de l’utilisation (ou plutôt de la non utilisation puisqu’intelligent et autogéré) est de se désengager et de ne rien faire pour n’avoir qu’à profiter de ses bienfaits. Le besoin s’est donc transformé à mesure que sa technologie a évolué. L’économie et le contexte de sa consommation ne sont plus les deux fonctionnalités recherchées mais bien un confort de vie et une maison qui s’autogérerait. La maison connectée va jusque rendre connecté des objets qui n’en sont pas et ici encore créer de nouveaux besoins. C’est le cas de la batterie Roost qui permet de rendre connectés les détecteurs de fumée et de les relier au smartphone (flux entrant et sortant). Ou bien encore la serrure Linus de Yale qui, reliée à l’application Nest, est pilotable à distance via son smartphone et connectée à d’autres objets de la maison.
Analyse de la consommation. Les objets connectés permettent également de bénéficier d’une analyse de sa consommation, via les bilans mensuels fournis par les fournisseurs du service. Ces études mettent par exemple en parallèle les comportements entre plusieurs individus qui présentent la même typologie en termes de consommation, ou encore analysent les caractéristiques de la consommation de l’individu sur l’année, avant/après le thermostat connecté, etc…
Jusqu’à la personnalisation du contrat d’assurance. Enfin, la maison connectée créé également de nouveaux besoins dans un secteur moins attendu que l’énergie, celui de l’assurance. En effet, les indicateurs précis fournis par l’usage des objets connectés permettent de mesurer finement les risques et d’évaluer à l’avance les dépenses de l’assureur pour couvrir les dégâts possibles.
La maison connectée présente donc de multiples avantages tels que la modernisation de l’Habitat, un confort de vie supplémentaire et une consommation plus responsable. L’usager est donc bien gagnant de la montée en puissance de ces objets connectés. L’Individu n’est malgré tout pas le seul à bénéficier de ce marché en plein boom.
Les professionnels, les autres grands gagnants de ce nouveau marché
Au-delà de la commercialisation d’un nouveau produit, les entreprises tirent profit de ce nouveau marché des objets connectés pour l’Habitat en exploitant l’ensemble de la technologie à leur portée.
La donnée : un nouveau marché exploité
La récolte des données sur les habitudes de consommation des usagers est rendue possible grâce aux capteurs installés sur les objets connectés. Ces capteurs permettent les modulations de ces objets et son utilisation optimale. Outre le caractère immédiat de l’utilisation de ces données, par exemple le calcul de la capacité de votre maison à être tempérée à +3°c en x temps, elles sont également utilisées dans d’autres mesures. Certains fournisseurs de ces services proposent une analyse du comportement de consommation. Ainsi, pour ce faire, les données sont récoltées, stockées, analysées pour donner lieu à des bilans énergétiques à destination de l’usager, Même si les mentions légales stipulent la non prise en compte de ces informations à des fins commerciales, elles peuvent néanmoins représenter une valeur ajoutée du service pour le client via les bilans mensuels. La valeur ajoutée est également profitable aux entreprises qui délivrent ce bilan. Ainsi, la data peut être exploitée au sens macro afin d’obtenir des typologies clients et identifier les leviers à faire valoir pour les cibles ainsi cadrées. Les nouvelles technologies donnent naissance à une accumulation et un stockage des habitudes de vie, de consommation, etc.. Ces informations sont une véritable mine d’or pour les acteurs tels que les constructeurs de nouveaux appareils, les opérateurs en charge de la gestion des réseaux mais également des acteurs directement touchés par l’utilisation de ses objets connectés.
Une meilleure maîtrise de la distribution d’énergie
L’autre point positif de cette collecte de données via les objets connectés et plus largement les réseaux connectés est de pouvoir maîtriser la distribution d’énergie et d’anticiper par exemple des périodes de forte chaleur ou à l’inverse des périodes de température très basse. Ainsi, les consommations habituelles des individus serviraient de base de données sur laquelle s’appuyer pour anticiper une forte demande en énergie. La première étape passe notamment par les compteurs communicants tant sur le gaz (Gazpar) que sur l’électricité (Linky) qui permettent aux distributeurs d’avoir les consommations au réel en direct. Les fournisseurs d’énergie se lancent eux-aussi dans la commercialisation des objets connectés et proposent en accompagnement d’un contrat d’énergie un objet connecté, à savoir le plus communément un thermostat connecté. Ainsi, ENGIE commercialise le thermostat Netatmo tandis que Direct Energie commercialise le Thermostat Nest. On assiste à une course à la promotion en période de chauffe entre les différents acteurs.
Une nouvelle tendance de vie : être connecté
Sans nul doute, la maison connectée surfe sur un nouveau besoin : celui d’être en permanence relié à notre écosystème via nos moyens de communication tels que le Smartphone, la tablette , etc… 70% des français ont un smartphone(1). L’usage des smartphones s’est transformé : il permet désormais de piloter un écosystème régulant les usages des objets connectés de la vie quotidienne (maison, bureau, voiture). Le smartphone dépasse largement ses fonctions premières et devient un « catalyseur » d’informations dans lequel circulent les données de vie de l’individu, y compris même les informations de santé (application). Le phénomène de « multi-tasking » est de plus en plus fréquent, notamment chez les 18-24 ans. Cette tendance consiste à utiliser le smartphone comme deuxième écran, par exemple en complément de la télévision. Le smartphone est l’outil numéro 1 qui ne quitte pas les usagers de la journée, ainsi 38% des Français consultent en moyenne 10 fois leur smartphone sur la journée et 28% jusqu’à 25 fois(1). C’est sans compter la démocratisation des autres devices tels que la tablette, l’ordinateur portable et même pour les plus technophiles la montre connectée. Les principales marques de ces objets ont engagé une course à la technologie et à la promotion via des canaux de distribution multiples. Nest Labs (Alphabet) par exemple via son protocole domotique Weave entend faire de la maison une maison entièrement connectée pour devenir une maison « prévenante et attentionnée ». Ou encore Homekit d’Apple qui permettrait de contrôler tous les objets connectés de la maison via une application IOS.
La maison connectée : quelles sont ses limites?
Un faible pourcentage de la population est pour l’instant équipé d’objets connectés et encore moins si l’on se cantonne à l’Habitat seul. Outre l’absence de motivation pour équiper sa maison et le manque d’intérêt immédiat perçu, les objets connectés peuvent être boudés pour des raisons sécuritaires.
L’utilisation des données : une question sensible
À mesure que l’usage des objets connectés devient de plus en plus prépondérant dans la vie quotidienne et notamment dans la vie personnelle des usagers, la question de la protection des données émerge. En effet , le partage de ces informations est au-devant de la scène et les français émettent une certaine réticence à voir diffuser les détails de leur vie la plus intime. En effet, malgré la notification des usagers interdisant la diffusion de leurs données, des contournements possibles grâce à des normes juridiques spécifiques peuvent être envisagés dans le cadre d’enquête macro-économique. Cette problématique reste sensible d’un point de vue commercial. La réelle menace réside dans la sécurisation des flux et du stockage de ces informations face au hacking.
La protection de la vie privée
La valeur ajoutée des objets connectés réside dans la nature même de récolte des données émises par l’Individu. Il s’agit des données les plus intimes sur ses habitudes de vie, sa consommation, sa santé, etc… Ces éléments sont bien sûr bénéfiques à l’individu et ils peuvent également être vecteur de développement pour les entreprises. Toutefois, la lecture des données privées peut également être utilisée à mauvais escient, notamment en cas de piratage. En effet, le hacking des données peut donner des indications aux pirates sur vos habitudes de consommation, vos habitudes d’emploi du temps, de présence à la maison (rien qu’en surveillant votre consommation d’énergie par exemple). On peut imaginer alors qu’il apparaît aisé au regard de ces informations de cambrioler une maison sans encombre. La cybercriminalité peut aller plus loin et s’emparer du contrôle de votre smartphone pour accéder à votre maison par exemple sans même que vous ayez des suspicions sur une intrusion.
La liberté personnelle est-elle en danger ?
Si l’on suit la démarche de certaines marques qui tendent vers une maison entièrement connectée et intelligente en auto-gérance, l’ensemble des actes des individus seraient étudiés dans le cadre de l’utilisation simple du système. La démocratisation de l’usage de ces objets et leur banalité pourraient avoir un effet pervers. Si l’on fait écho à l’installation des caméras au sein des villes, les caméras installées au domicile pourraient être utilisées pour prévenir le crime. Et cela même si cette utilisation va contre la liberté personnelle. En effet, dans le cas d’une présomption de fraude ou de crime, les autorités pourraient être amenées à vous surveiller via les caméras de votre domicile en accédant à la domotique que vous avez-vous-même fait installer.
La liste des points sensibles inhérents aux objets connectés et notamment dans l’Habitat n’est surement pas exhaustive et à mesure qu’ils vont prendre de plus en plus d’ampleur au sein de notre vie quotidienne, de nouvelles dérives et risques vont apparaître. Chaque innovation contient des limites, il est donc du ressort de ses utilisateurs de ne pas tomber dans une facilité aveugle d’utilisation sans en mesurer les conséquences
(1] Etude Deloitte, Usages Mobiles 2015, A Game of Phones, Novembre 2015
Nous avons mis au point une maison connectee « Living Lab » pour précisément tester les objets connectés ( 157 objets connectés installés) …… En effet cela doit servir avant tout au consommateur, a l’utilisateur ou au gestionnaire de patrimoine
Bien à vous