Que pourrait être une soirée en 2028, en rentrant chez soi après une journée de travail ? Que sera devenue la révolution naissante des « objets connectés » et du « Big data » ? Quel type d’entreprise pourrait avoir réussi, pour quelles raisons ?
Ce récit du futur, imaginaire, présente certaines réponses plausibles, déduites de partis pris sur le décryptage des tendances actuelles.
20 novembre 2028, 20h, Tom rentre chez lui….
FamilyHome avait construit son leadership à partir d’un « régulateur de confort intelligent », révolutionnaire en 2019, dont l’usage était aussi simple que son efficacité était grande. Un petit boitier des plus esthétiques, véritable centrale d’intelligence artificielle miniaturisée (l’élément différenciant de FamilyHome), communiquait avec l’ensemble des objets connectés présents dans l’habitation, depuis la mise en place d’une norme unique internationale en 2018. Cette centrale régulait automatiquement les différents objets (chaudières, climatiseurs, les différents accessoires de la vie courante, et, surtout, les objets spécifiquement conçus par FamilyHome), sans nécessiter d’intervention, car il était auto-apprenant. Cerise sur le gâteau, il renforçait efficacement les économies d’énergies apportées par les nouveaux bâtis et matériaux des habitats à énergie-positive. Ce motif avait d’ailleurs été le premier argument pour promouvoir les objets intelligents (encore appelés objets connectés à cette époque) : l’éclairage, très réactif, suivait les déplacements ; la teinte des vitres s’adaptait au niveau d’’ensoleillement; les micro-éoliennes et la peinture photovoltaïque du bâtiment alimentaient de manière optimisée la batterie à hydrogène de l’habitat… Jusqu’au jour où FamilyHome prit conscience que les habitants accordaient encore plus de valeur à l’apport de confort, de simplicité, et de sécurité de vie.
« Je me demande quel sera le nom de la nouvelle marque :’FamilyMove’ ? »
Un message apparut sur l’écran de la voiture.
Les capteurs avaient détecté la présence du véhicule et commençaient la recharge automatique des batteries à hydrogène du véhicule.
Il remonta un peu la manche de son épais blouson pour permettre à sa puce d’identification implantée dans son poignet de se connecter à la serrure. Cette puce était une technologie propriétaire de FamilyHome, et présentait beaucoup d’avantages par rapport aux badges sans contact, qu’il avait d’ailleurs la fâcheuse habitude d’égarer.
La voix de HAL l’accueillit dans l’entrée (encore l’une des coquetteries « vintage » de Tom ; il avait paramétré la voix de HAL, l’ordinateur de 2001 Odyssée de l’espace… que d’ailleurs aucun de ses invités ne reconnaissait).
« La facture de FamilyHome vous attend dans votre boite aux lettres virtuelle »
« Envoie la moi au salon, HAL »
20h15…
- « Montant production d’énergie informatique de l’habitat (tous les « radiateurs » de la maison de Tom étaient des unités de calcul distribuées, très esthétiques d’ailleurs) : Ok »
- « Votre solde est positif de : …. » Sa maison à énergie-positive tenait toutes ses promesses de rentabilité !
- « Montant des assurances pour les différentes personnes du foyer : Ok »
- Pour son profil, un message suivait : « Tom, vous devez mieux surveiller votre taux de cholestérol et prendre plus régulièrement votre traitement. Nous avons noté 3 prises oubliées ce mois ». Tom acquiesça. HAL le lui rappelait déjà chaque jour.
Suivaient les lignes des montants facturés par les différents partenaires de FamilyHome, très nombreux. Certains montants étaient calculés quasiment en temps réel en interrogeant les capteurs ou compteurs intelligents, dont certains étaient fournis par FamilyHome. D’autres partenaires saisissaient directement sur le boitier de HAL la nature et la durée de leur intervention chez Tom. Tous se trouvaient ainsi déchargés de la gestion administrative de leurs factures.
20h30…
Tom alla rapidement à ce qui l’intéressait principalement : la synthèse de l’utilisation des données personnelles. En tant que responsable de la Direction Éthique de FamilyHome, l’une des plus importantes Directions de la firme, Tom se faisait un devoir d’analyser soigneusement chacune de ses données.
Les informations apparurent progressivement, faciles à consulter.
Car là était un des atouts différenciateurs majeurs de FamilyHome. La firme avait compris très tôt qu’elle devait appréhender ses clients avec la considération qu’ils méritaient en tant qu’individus, en ces temps où l’utilisation des « Big Data » restait chaotique.
FamilyHome garantissait à ses clients, via son « certificat » (une forme de carte d’identité numérique), la capacité d’associer à chaque type de donnée personnelle des engagements de respect de limites d’usage, de partage et de conservation de ces données. Pour accorder les droits en lecture ou modification aux données, un code personnel, associé au certificat, était généré par la puce sous-cutanée de l’utilisateur. Cette demande d’autorisation était renouvelée à chaque nouveau type de communication ou à une certaines fréquence à partir de ses données biologiques. Le profil porté par ces puces était naturellement paramétrable par leur seul propriétaire.
Peu à peu, les fournisseurs de gaz, d’électricité, puis d’eau, de domotique, avaient progressivement créé des partenariats avec FamilyHome, devenu le champion de sa catégorie.
Mais FamilyHome refusait tout contrat exclusif. En retour, la firme n’exigeait aucun droit de possession sur les bases clients, ni sur les données collectées, qu’elle redistribuait d’ailleurs à ses partenaires légitimes.
« C’était un pari, réalisa Tom. Avant la généralisation de leur système de certificats personnels (qui impliqua, dès 2020, une quasi révolution des standards de sécurisation des échanges et traitements des données distribuées pour être utilisables par tous), ils devaient définir des contrats avec chacun de leurs partenaires, pour garantir le respect de leurs précieux engagements clients ».
La petite start-up innovante avait ensuite séduit des sociétés d’assurance habitation, de personnes, des sociétés de sécurité, et des entreprises de services à domicile. FamilyHome avait aussi acquis certains nouveaux fournisseurs d’énergie, qui peinaient, puis de jeunes compagnies d’assurance ou de services à domicile. Toutefois, tous ses clients restaient maîtres de choisir leurs entreprises.
Comment FamilyHome pouvait rester le leader du marché des objets intelligents, où la compétition était devenue si féroce ?
En gardant toujours une longueur d’avance sur ses concurrents, grâce à des investissements en innovation conséquents, gérés certes avec talent, et surtout guidés par une forte conviction dans une nouvelle éthique du commerce et une relation client équilibrée. Cette éthique, source de confiance, avait pour clé de voute la responsabilisation des clients sur la gestion de leurs propres données.
‘Tommy’, le robot ménager roula en silence vers Tom en lui tendant un plateau sur lequel reposait son habituel jus de fruits…et la recharge dosée pour la soirée de son diffuseur anti cholestérol. Comme d’habitude, il avait adapté l’émoticône de son visage à l’humeur qu’il captait chez Tom, très concentrée. Tom ne put se retenir de sourire.
Dans la cuisine, il entendit les robots-cuisiniers qui s’affairaient pour réaliser le menu programmé pour le diner.
20h45…
Soudain, des éclats de rire vifs lui parvinrent de l’entrée.
Visiblement son fils et son épouse rentraient au même moment. HAL se joignit à eux avec un rire grave et rocailleux, qui ressemblait à s’y méprendre à celui du meilleur ami de la famille. Tom savoura un instant sa dernière facétie, et se leva pour les rejoindre.
Une soirée tout à fait ordinaire et fort agréable s’annonçait…
*Article revu avec les équipes du blog « @RiskInsight », http://riskinsight.solucom.fr, de notre practice « Risk Management et Securité » pour les sujets ayant trait à la sécurisation des données personnelles
Merci pour cet article