La data est-elle vraiment exploitée grâce à nos objets connectés dans le secteur de l’énergie ?

La collecte de données n’a jamais été aussi facile ! Les objets connectés permettent de les récolter en pagaille tandis que les logiciels d’analyse sont de plus en plus performants. Cependant, les données sont-elles réellement exploitées au maximum par nos fournisseurs d’énergie ? Comment sont-elles valorisées ? Quels sont les réels bénéfices liés à cette activité dans le secteur énergétique ?

Vision de l’écosystème d’objets connectés qui existe dans le secteur de l’énergie

Face à un besoin croissant de maîtrise de l’énergie et d’optimisation de la consommation, le nombre d’objets connectés facilitant le pilotage énergétique explose. Nous pouvons les répartir en 3 grandes familles selon leurs fonctionnalités et leur caractère communicant ou intelligent :

Les compteurs communicants

Energystream - Linky - Data exploitationDans cette catégorie les nominés sont : Gazpar (GrDF) et Linky (ERDF). Ils ne font pas à proprement parler parti des objets connectés mais ils participent activement à la collecte des données permettant une plus grande maîtrise de l’énergie. En bout de chaîne, ils permettent aux ménages de visualiser leur consommation et donc de l’adapter afin de bénéficier des meilleurs tarifs calculés en fonction de la consommation réelle. Tandis qu’en amont de la chaîne, ils permettent aux distributeurs d’énergie d’adapter l’offre à la demande.

Les thermostats connectés

C’est la catégorie qui semble s’être la plus développée ces derniers temps notamment avec l’intervention des fournisseurs d’énergie : Qivivo, Netatmo (ENGIE), Tado, Nest (Direct Energie) ou encore Ween en font partis. Ces objets connectés constitués de capteurs et reliés au wifi proposent de contrôler à distance votre ballon d’eau chaude ou encore votre chauffage électrique via une application disponible sur votre smartphone. Mais certains vont encore plus loin et sont auto-apprenants : ils collectent et gardent en mémoire certaines données (géolocalisation des habitants, comportement thermique de votre habitat, …) leur permettant de comprendre vos habitudes et de gérer en toute autonomie la mise en route de votre chauffage peu avant votre arrivée ou encore l’arrêt de votre climatisation lorsque que vous sortez. Ainsi, ils améliorent votre consommation énergétique et votre confort.

De l’autre côté de la barrière, cela permet aux fournisseurs d’énergie de mieux vous connaitre et donc de développer leur marché en vous proposant de nouveaux services (ex : bilan énergétique, …).

Les box énergie

Ces box dédiées aux services énergétiques ou orientées domotique pilotent l’ensemble de la consommation énergétique de votre logement en contrôlant non seulement votre thermostat mais également vos appareils électroménagers ou encore votre éclairage. Ainsi, vous pouvez identifier les gros postes de consommation et des box comme Voltalis vous permettent même de faire de l’effacement diffus en coupant automatiquement certains appareils lors des pics de charge.

Les objets connectés permettent donc de collecter une énorme quantité d’informations (brutes ou sous forme d’usage) qui constituent la porte d’entrée à la valorisation des données.

Vraiment exploitées ?

Big data - Energystream

Il est important de collecter les données mais faut-il encore savoir comment s’en servir. Toute la difficulté réside dans le traitement de ces données ou comment trouver une aiguille dans une botte de foin. Selon IBM(1), seules 10% des données générées par les smartphones, tablettes, véhicules ou accessoires connectés sont analysées. C’est le challenge de l’Energy Data Management dont le but est de traiter les données de consommation énergétique collectées afin de les analyser pour ensuite vendre des services ou des conseils aux clients.

Comme nous l’avons vu précédemment, les objets connectés permettent de récupérer les données et de les exploiter immédiatement en réglant votre chauffage par exemple. Ainsi, cela permet des économies d’énergie pouvant être supérieures à 10%(2) selon l’Ademe, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’énergie. Par exemple, selon Lionel Paillet, Directeur Général Europe chez Nest, des millions de foyers utilisant Nest à travers le monde ont économisé près de 4 milliards de kilowatt heures d’énergie par rapport à ce qu’ils auraient consommé en laissant leur thermostat à une température constante(3).

Cependant, ceci ne représente que la partie émergée de l’iceberg du traitement des données. En effet, la data peut également permettre de mieux comprendre les habitudes, les usages et donc les attentes des consommateurs. Les objets connectés ont alors aux yeux des fournisseurs d’énergie les mêmes fonctionnalités qu’un « cookie ». Ainsi, il est possible de les anticiper et d’identifier les leviers à faire valoir et les actions marketing à lancer : nouvelles offres plus spécialisées, promotions adaptées ou services à forte valeur ajoutée permettant de se distinguer des concurrents.

Energystream - Data exploitationMalgré tout, il reste une marge de progression au traitement des données. En effet, dans le secteur énergétique les données récoltées restent propre au secteur or pour les exploiter au maximum il faudrait réussir à mutualiser les informations provenant de sources diverses (compteurs communicants, objets connectés au sein de l’habitat intelligent, données de géolocalisation, bornes multimodales pour la mobilité, état des sources de production d’énergie intermittente, quantité d’énergie produite, consommée ou échangée sur les réseaux en temps réel, etc) mais également les croiser avec les informations issues de secteurs d’activité complémentaires.

De plus, il faut réussir à analyser les données en temps réel pour éviter qu’elles ne perdent de la valeur dans le temps. En effet, toujours selon IBM(1), environ 60% des données générées par les objets connectés perdent une grande partie de leur valeur juste après avoir été créées. Ce type de données serviraient en effet uniquement à prendre des décisions plus avisées sur l’instant et auraient bien moins d’intérêt à être stockées à long terme.

Le dernier challenge à relever et pas des moindre reste d’obtenir la confiance des utilisateurs en garantissant la sécurité et la confidentialité de leurs données. Pour se faire, les réglementations doivent notamment évoluer (ex : Loi Lemaire).

 

Les objets connectés sont une réelle source d’informations et constituent un véritable enjeu économique pour les fournisseurs d’énergie qui l’ont bien compris. Leur défi à l’avenir sera donc d’exploiter encore plus les données recueillies notamment en faisant évoluer leur business model et en réussissant à convaincre les utilisateurs. Puisque cela ne constitue pas leur cœur de métier historique, ils sont de plus en plus nombreux à s’associer avec des start-up pour développer leurs offres à l’image d’ENGIE et Netatmo.

 

(1) https://www.aruco.com/2015/04/donnees-objets-connectes-valeur-ibm/

(2) http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/fiche-individualisation-frais-chauffage.pdf

(3) http://www.objetconnecte.net/thermostat-nest-troisieme-generation/

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