Les solutions douces encourageant les populations à se tourner vers d’autres modes de transport collectifs ou vers les mobilités collaboratives sont déjà nombreuses, mais n’ont eu jusqu’à présent que peu d’impact sur le trafic routier. Certaines villes commencent alors à se tourner vers des solutions plus « smart », intégrant les dernières technologies de l’information et de la communication (TIC) pour mieux répondre aux enjeux d’aujourd’hui.
Solutions Smart mises en place à travers le monde
Les solutions de décongestion intelligente ayant émergé ces dernières années présentent la particularité d’impliquer des technologies déjà existantes, ce qui facilite grandement leur développement et mise en place. En effet, ces solutions impliquent en premier lieu de contrôler les mouvements et déplacements des individus en temps réel, en utilisant smartphones, caméras CCTV digitales, capteurs et traqueurs GPS… La principale nouveauté dans le domaine de la décongestion intelligente reste les nouvelles formes d’automobiles connectées, capables d’échanger des données avec l’environnement voisin. Ces voitures connectées cherchent encore leur place sur le marché de l’automobile, mais les projets de développement par différents constructeurs sont nombreux, et ces véhicules devraient se compter au nombre de 420 millions dans le monde d’ici à 2018 !
Ainsi, les données de circulation récoltées peuvent ensuite être analysées en temps réel par des centres de contrôle. Ceux-ci peuvent par la suite proposer des solutions immédiates pour alléger les flux de circulation, en indiquant par exemple des moyens de transport ou chemins alternatifs, notamment sur les axes encombrés. Ces données sont aussi utilisées comme outils prédictifs, permettant d’anticiper d’éventuels embouteillages récurrents sur certaines zones et à certains horaires permettant ainsi l’identification de solutions en amont.
D’après l’entreprise Cisco, plus de 25% des embouteillages seraient non-récurrents, causés par des accidents exceptionnels. Il faudrait alors pouvoir rapidement détecter ces incidents, et agir vite. C’est ici que l’analyse des données collaboratives émanant des voyageurs entre en jeu, notamment des postes sur les réseaux sociaux ou remontées d’utilisateurs sur des applications de type Waze. C’est ce qui a déjà été fait à Toulouse, où l’étude des postes d’automobilistes mécontents sur les réseaux sociaux a déjà permis d’accélérer le temps de réponse moyen pour traiter des problèmes de maintenance des routes, passant d’une moyenne de 15 jours à seulement un jour.
Sur les routes, un autre projet soutenu par le groupe Volvo, basé sur le concept du peloton (platooning), permettrait de connecter des véhicules en circulation par un système de communication électronique sans fil, les faisant circuler en succession et permettant ainsi de freiner ou d’accélérer à l’unisson. Ceci permettrait d’améliorer le trafic routier tout en réduisant leur consommation en carburant.
Outre le développement des technologies associée à ces méthodes de décongestion smart, la question de l’accès aux données de circulation se pose encore. En effet, beaucoup de ces méthodes supposent un accès aux données en temps réel des différents éléments impliqués dans la gestion du trafic, comme à la programmation des feux de circulation par exemple. Certaines villes comme Manille aux Philippines commencent à prendre des initiatives de mise à disposition de ces données de trafic, pour permettre à d’autres organismes de proposer des solutions innovantes aux problèmes de congestion majeur auxquels le pays fait face aujourd’hui.
Dans les villes, les solutions smart pour améliorer les conditions de circulation sont nombreuses. A Bellevue (Washington D.C.), un système de feux adaptatifs a été mis en place, permettant d’adapter la durée de chaque feu en fonction des conditions de circulation. Ce système fonctionne grâce à une série de capteurs placés dans les rues du quartier, capables de détecter la concentration de trafic à chaque intersection et ainsi de s’adapter aux besoins de circulation. Le temps passé à rouler dans le quartier branché Factoria de Bellevue a ainsi baissé de 36% pendant les heures de pointes depuis la mise en place de ces feux adaptatifs, un gain de temps considérable pour les conducteurs du quartier.
Egalement basé sur la communication avec les feux de circulation, les Vehicular Communication Systems mettent en lien feux de circulation et véhicules sur les routes, pour fluidifier le trafic. Les feux de circulation donnent ainsi la priorité aux véhicules d’urgence, et adaptent le temps des feux à chaque intersection en fonction du nombre de véhicules présents dans chaque sens.
Toujours dans la même optique, le constructeur Audi a lancé la technologie de Traffic Light Assist à Ingoldstadt et Berlin en Allemagne, et Verona en Italie. Grâce à cette technologie, le système a accès aux données prédictives des feux tricolores (temps de changement de couleur) et associées aux données récupérées en temps réel permet de notifier les conducteurs quant aux prochains changements de couleur des feux, qui peuvent ainsi adapter leur vitesse de conduite en conséquence en se basant sur la vitesse suggérée par le système.
Un peu futuriste, le projet Slot-Based Intersection proposé par une équipe de MIT prévoit même de retirer totalement les feux tricolores. La gestion de la circulation serait alors entièrement basée sur un puissant algorithme, régulant le flux à la manière du trafic aérien. Le système fonctionnerait en utilisant les informations de trajectoire fournies par les véhicules en circulation, équipés de capteurs, et enverrait des commandes de regroupement des véhicules en groupes allant dans la même direction. Le système de contrôle central imposerait par la suite une vitesse calculée pour chacun des groupes de véhicules, afin d’éviter toute collision au niveau de l’intersection.
Par ailleurs, d’après une recherche publiée par IBM, plus de 30% du trafic urbain serait causé par des conducteurs en recherche de stationnement. La mise en place de solutions intelligentes aux problèmes de stationnement devient alors un point clé de décongestionnement des villes. Une première solution, initiée à Westminster au Royaume-Uni, prévoit l’installation de capteurs détectant quand une place de parking est disponible, l’information étant ensuite directement transmise sur le smartphone de conducteurs en recherche de places aux alentours. Les conducteurs peuvent alors payer directement sur son smartphone pour réserver la place, et s’y garer.
Si les initiatives de systèmes de décongestion intelligentes sont nombreuses, beaucoup reste encore à faire avant que celles-ci puissent être déployées à travers le monde. Mais les résultats sont prometteurs, et les technologies déjà existantes : un investissement initial pour un déploiement à grande échelle pourrait permettre non seulement un gain de temps, mais aussi un gain économique important sur le long terme.