Start-ups, projets, data, nouveaux acteurs, le secteur de l’énergie foisonne d’initiatives innovantes… Par exemple, saviez-vous que les datacenters peuvent désormais être autonomes en énergie grâce au photovoltaïque et des batteries automobiles de seconde vie et que Brooklyn, dispose d’un réseau d’énergie locale combinant énergie propre et principes de la blockchain ? Enfin, saviez-vous qu’il existe des fournisseurs d’énergie récompensant leurs clients lorsqu’ils consomment moins d’électricité ?
Focus sur 3 initiatives innovantes autour du data et du digital dans l’énergie
La data écologique : datacenter autonome en énergie
Webaxys a inauguré le mardi 21 juin à Saint-Romain de Colbosc (Seine-Maritime) un datacenter en partie autonome en énergie.
Conçu dans le cadre du projet « GreenDataNet » financé par la Commission européenne, ce projet pilote est considéré comme une première européenne, et allie le savoir-faire de plusieurs acteurs : Eaton, premier producteur au monde de l’équipement et des systèmes électriques, Nissan dont les véhicules électriques sont équipés de batteries, et Webaxys un hébergeur et opérateur télécoms basé en Normandie.
Le principe est astucieux : des panneaux photovoltaïques installés sur les toits alimentent des batteries de véhicules de seconde vie, une gestion intelligente de l’énergie est ensuite effectuée sur les installations pour déterminer, en fonction des besoins du bâtiment la nature de l’énergie à consommer.
En revanche, si aucune information ne permet à ce jour d’affirmer que ces économies d’énergie permettent de réduire le coût des services proposés par l’entreprise, à l’heure où l’écologie devient une préoccupation majeure, nul doute que le caractère écologique et innovant de ce datacenter est un argument commercial majeur pour Webaxys. N’oublions pas qu’envoyer un e-mail comportant une pièce jointe d’1Mo équivaut énergétiquement à 30 minutes de fonctionnement d’un réfrigérateur !
La data collaborative : un réseau d’énergie solaire basé sur la blockchain
Le projet TransActive Grid, soutenu par l’État de New York, est également basé sur l’énergie renouvelable, et l’économie collaborative. Ce réseau local et autonome a été inauguré à Brooklyn début 2016, dans les quartiers de Park Slope et Gowanus.
Ce réseau d’énergie locale – ou microgrid – a été développé par la joint-venture TransActive Grid, composée de deux entreprises : Lo3 Energy, qui développe des réseaux d’énergie solaire, et ConsenSys, spécialisée dans le Bitcoin.
Le principe : des habitations équipées de panneaux solaires peuvent échanger de l’énergie en temps réel avec d’autres habitations du même quartier. Alors que le Bitcoin permet d’échanger des devises, TransActive Grid permet la circulation d’énergie électrique, et gère l’ensemble des transactions qu’elles soient énergétiques ou financières (entre particuliers).
Cette initiative innovante, basée sur la consommation et l’échange d’énergie « locale » de particulier à particulier – néanmoins fragile puisque reposant sur l’énergie solaire uniquement – permet en revanche d’imaginer d’autres usages issus de l’économie du partage, comme par exemple les dons d’énergie entre particuliers dont pourraient bénéficier les personnes en situation précaire.
La data au service de l’usager Plüm Énergie,
La Start-up Plüm Énergie, lancée en 2016 se présente aujourd’hui comme le premier fournisseur d’énergie qui récompense ses clients lorsqu’ils consomment moins d’électricité. Basée sur une communauté d’entraide et un système de cagnotte, la startup veut encourager ses utilisateurs à maitriser et baisser leur consommation énergétique.
Le principe : à la souscription, les utilisateurs décrivent leur mode de consommation énergétique. Sur la base ce cette estimation, et de la simulation effectuée par la strat-up tenant compte de l’évolution du climat, des mensualités sont définies. Les clients disposent de conseils les incitant à réduire leur consommation et peuvent tous les mois visualiser l’évolution de leur cagnotte en renseignant les données de leur auto-relève figurant sur leur compteur. En effet, pour chaque mois où la consommation réelle d’un client est inférieure l’estimation de la start-up, celui-ci gagne un « bonus » : la différence est créditée (dans la limite de 15%) dans cette cagnotte. En revanche, aucun « malus » n’est appliqué dans le cas d’une consommation excessive. A l’issue du semestre, une relève est effectuée par le technicien Enedis, et les clients peuvent alors utiliser une partie de leur cagnotte pour régler leur facture… ou régulariser leur situation si leur consommation réelle apparaît comme supérieure aux estimations de Plüm Energie.
Cette initiative innovante, est un savant modèle de gagnant-gagnant entreprise et clients: les client sont récompensés lors qu’ils réduisent leur consommation, tandis que la start-up collecte des données lui permettant de mieux affiner ses estimations. C’est d’ailleurs le credo de la start-up, qui se positionne comme « le nouveau fournisseur qui entend devenir un véritable partenaire pour aider les français à mieux maîtriser leur consommation ».
Toutes ces initiatives ont un point commun, elles visent à limiter l’impact des consommations d’énergie, que ce soit en limitant le fonctionnement d’installations réputées énergivores comme les datacenter, ou en incitant les clients (ou utilisateurs du réseau) à modifier leurs habitudes et consommation. Néanmoins, face aux nombreuses interrogations qu’elles suscitent (y-a t-il assez des batteries électriques de seconde main pour équiper l’ensemble des datacenter ? La blockchain d’énergie est elle déployable à l’échelle d’une ville et une entreprise peut-elle être rentable lorsque son modèle incite ses clients à réduire leur consommation d’énergie ?) la question se pose : ces initiatives sont-elles réellement toutes déployables à grande échelle ?