L’European Utility Week, c’est l’un des plus importants salons européens dédiés à la transition énergétique et aux énergies vertes. Après Vienne en 2015, et Amsterdam en 2013 et 2014, la quatrième édition s’est déroulée à Barcelone du 15 au 17 Novembre.
Une édition de l’European Utility Week en ligne direct avec la COP 21
Grande réussite depuis le protocole de Kyoto (1997), la COP 21 à Paris (2015) s’est fermée sur un accord signé par tous ses participants en faveur de la limitation du réchauffement climatique entre 1,5 et 2°C d’ici 2100. Le secteur de l’énergie fera face à de nombreux challenges et l’objectif de cette édition de l’European Utility Week est d’y répondre.
Plus de 12 000 visiteurs, 450 conférenciers et 600 exposants ont participé à l’événement. Parmi eux, des invités de classe internationale comme le secrétaire général adjoint au ministère de l’énergie danoise et membre du board de l’Agence International de l’Energie, Christian Pilgaard Zinglersen.
Par ailleurs, tout le secteur de la smart energy sera présent, allant de Siemens à Engie, en passant par IBM ou Enedis sans oublier les cabinets de conseil comme Accenture ou Cap Gemini Consulting.
En pratique, le salon est décomposé en trois activités principales :
- L’Exhibition: le hall d’exposition est composé de quatre zones (energy storage, energy revolution, smart buildings, smart grids) permettant aux visiteurs d’aborder les grands thèmes du salon.
- Les Summits: conférences dispensées par de grands acteurs abordant les futures tendances et les implications pour le secteur de la smart energy.
- Les Hubs Sessions: à l’intérieur de l’espace Exhibition, ces sessions offrent des mini-conférences et des questions-réponses afin de faciliter la créativité et la réflexion.
Quels sont les grands enseignements de cette édition de l’European Utility Week ?
Pour la plupart des conférenciers, les technologies permettant la transition énergétique existent et ne sont plus les problématiques centrales. Ce sont les comportements des différents acteurs, du producteur au consommateur qu’il faut maintenant transformer :
- Digitalisation de l’accès à la consommation d’énergie et des services
- Production et consommation locale d’énergie
- Introduction de bourses d’échange d’énergies locales
- Sécurisation et transmission des données des consommateurs qui le souhaitent aux producteurs d’énergie
- Multiplication des projets de smart grids
Zoom sur trois projets innovants présentés à cette édition de l’European Utility Week
Cette édition a été très riche en projets innovants. Trois projets ont toutefois particulièrement retenu l’attention du public :
- Nouveau service de rechargement pour les voitures électriques – Plug Surfing
Dans un contexte où les véhicules électriques sont amenés à se multiplier, la question des stations de recharge est centrale. Plug Surfing, c’est le prix de la start-up la plus innovante du salon et une application qui permet de localiser les bornes disponibles et de payer ses recharges directement via l’application. Avec plus de 30 000 points de charge en Europe dont un à Paris (encore quelques efforts à faire…), cette start-up propose une aide concrète et innovante au développement des voitures électriques.
Plus précisément, Plug Surfing ne possède pas directement les bornes de charge qu’utilisent ses clients. Ces bornes appartiennent à de grands acteurs de l’électricité comme E.0N ou RWE, ou à des fournisseurs locaux. Pour chaque types de bornes, il était auparavant nécessaire d’avoir un compte et une carte de recharge. Plug Surfing permet de se connecter à toutes ces bornes via une clé RFID unique. En plus de ce service, l’application donne accès au prix de la recharge, à l’origine de l’électricité (100% verte, fossile…), à la puissance installée et permet d’avoir une seule facture à la fin du mois.
- Smart grids en courant continu
Alors que la plupart des équipements électriques comme les télévisons, les ampoules LEDs, les batteries de téléphones, d’ordinateurs ou de voitures électriques ainsi que les systèmes de production d’énergies renouvelables comme les panneaux photovoltaïques fonctionnent en courant continu, l’électricité est distribuée jusque dans les maisons en courant alternatif. En effet, le courant alternatif permet de transférer l’électricité sur de beaucoup plus grandes distances que le courant continu. Ainsi, en sortie des usines de production, le courant est alternatif. Par habitude de l’utilisation de ce type de courant, l’intégralité des réseaux d’électricité fonctionnent en courant alternatif, y compris sur les fins de réseaux, où les problématiques de distance et de voltage sont négligeables.
Ce paradoxe implique des conversions constantes entre courant continu et alternatif, donc des pertes d’énergie et la multiplication des transformateurs. D’importantes entreprises spécialisées dans les smart grids comme GridCo Systems ou Liander s’intéressent de près à ce sujet et on pourrait assister d’ici peu à de nouveaux types de réseaux de distribution basse tension. Ces réseaux de courant continu viendraient en complément des réseaux de courant alternatif lorsque le voltage serait faible.
- Stockage par air comprimé de l’électricité – StoreElectric
Les énergies renouvelables sont dépendantes de phénomènes naturels intermittents comme l’ensoleillement ou le vent. Cette caractéristique engendre des problématiques d’intégration et d’équilibre de l’offre et de la demande sur le réseau électrique. Afin de minimiser ces aspects et donc de soutenir leur développement, une des pistes envisagées est le stockage de l’électricité. De nombreux types de stockage existent comme les batteries, l’électrolyse de l’eau ou les volants d’inertie. Connue depuis les années 80, le stockage de l’énergie par air comprimé était limitée à l’époque par son rendement de 50% et ses installations conséquentes; aujourd’hui, le développement de nouvelles technologies permet d’augmenter ce rendement. De nombreuses entreprises dont StoreElectric s’intéressent désormais à ce marché.
StoreElectric, accompagné par PwC et Siemens, développe une offre innovante permettant d’atteindre 70% de rendement. Un projet pilote de 40 MW est actuellement en cours. Par ailleurs, une plus grande installation de 500 MW, utilisant d’anciennes carrières de sel pour le stockage du gaz comprimé est en projet dans le Nord-Ouest de l’Angleterre et devrait voir le jour d’ici 4 ans. Avec des coûts estimés à 83€/MWh pour le stockage et 120€/MWh pour la production, cette offre permettrait de concurrencer directement le stockage sous forme de pompage hydraulique et la production par centrale à gaz.
Conclusion
Le monde de l’énergie est en pleine transition, bouleversant les habitudes et les acquis de nombreux acteurs. La digitalisation et les progrès technologiques demandent une forte réactivité des acteurs historiques et permettent à de nouveaux entrants de proposer des solutions innovantes. Ce salon montre la densité et la volonté de nombreux acteurs de s’investir dans la transition énergétique.
Alors, convaincu ? Rendez-vous du 3 au 5 Octobre 2017 à Amsterdam pour la prochaine édition de l’European Utility Week.
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