Google, fondée en 1998, s’intéresse à des domaines de plus en plus variés. A l’aide d’Alphabet, maison mère créée dans le but de donner une meilleure visibilité aux investisseurs, la firme intervient, en autres, dans le développement du véhicule autonome dès 2010 avec la Google Car, dans l’étude des mécanismes du vieillissement avec le projet Calico ou encore dans le développement d’Art Project, qui consiste en la numérisation des oeuvres d’art afin de les rendre accessibles sur Internet. La problématique de la transition énergétique est également un des domaines qui intéresse l’entreprise : la conférence du 12/12 donnée par Google France nous a montré que l’investissement de la firme dans le secteur de l’énergie se traduit selon 2 axes : l’utilisation et la valorisation de la donnée au service des énergéticiens et l’accompagnement du développement de nouvelles énergies vertes.
Google au service des fournisseurs d’énergie
Google a pour objectif de s’insérer dans la chaîne de valeur de l’énergie sans pour autant concurrencer les acteurs industriels. Le groupe souhaite avant tout “améliorer l’expérience de l’utilisateur”. Concrètement, Google Media intervient sur l’acquisition de clients à deux niveaux :
- la connaissance du parcours digital du client, notamment via ses requêtes sur le moteur de recherche.
- le ciblage publicitaire sur toute la chaîne d’acquisition du client.
Par exemple, si on prend la requête “Contrat d’électricité”, on constate une saisonnalité qui peut s’expliquer par une période de déménagement, une fin de contrat ou des variations de températures. D’autre part, les analystes se sont aperçus que la part des recherches mobiles sur la catégories “Electricité” avait fortement augmenté ces dernières années. Cela a donc poussé les fournisseurs d’énergie à renforcer leur présence sur le web mobile.
Ce qui intéresse les fournisseurs d’énergie, c’est d’identifier les “moments clés” des parcours de leurs clients. Ainsi, une personne sur deux prépare son déménagement sur Internet. Les recherches concernent trois types de demande : les questions liées au logement, les questions administratives et les contrats (eau, gaz, électricité, Internet…)
Ces recherches de pré-déménagement évoluent : elles ont augmenté de 13% entre 2014 et 2015. Mais Google va plus loin : il parvient à catégoriser assez finement les recherches associées à cet univers, en travaillant sur les mots clés.
Les catégories de requêtes pour le thème du déménagement :
Ainsi, ils ont pu identifier que 10% des requêtes liées à l’univers du déménagement concernent les fournisseurs d’électricité comme EDF ou Direct Energie.
En complément du ciblage des internautes, Google propose aux fournisseurs un service de publicité multicanal. Ainsi, l’internaute qui cherche à comprendre les différents types de contrats d’électricité sur Youtube se verra donc proposer une vidéo explicative d’EDF, par exemple. Puis, voulant comparer les prix des fournisseurs via une recherche dans le navigateur, une publicité Google Adwords du même fournisseur apparaîtra en premier résultat … etc.
Google apporte donc aux fournisseurs d’électricité de la data et des solutions technologiques qui répondent à leurs besoins. Mais il va aussi plus loin en se positionnant comme un véritable acteur de l’efficacité énergétique et du développement durable.
Un acteur en puissance du développement durable
Paradoxalement, toutes ces données représentent un véritable coût énergétique pour Google. En effet, les Data Centers stockant l’ensemble de ces données représentent 80 % de l’empreinte carbone de la firme. Google consomme même 1 % de l’électricité mondiale !
Une politique d’efficacité énergétique a alors été mise en place afin de limiter l’impact énergétique des Data Centers. La clé de la réduction du poids énergétique de ces infrastructures a été d’exploiter les données mesurées par un ensemble de capteurs, comme l’humidité, la température, ou même la vitesse des mouvements d’air intérieur.
Cette démarche de Machine Learning a notamment permis de démontrer que plus les paramètres mesurés et analysés sont nombreux, plus les économies d’énergie seront importantes. Google peut ainsi appliquer des mesures d’efficacité énergétique performantes : quand les Data Centers du marché affichent une efficacité d’environ 50%, ceux de Google atteignent une efficacité de 90 %.
La firme Californienne entend poursuivre son engagement énergétique : elle vient d’annoncer l’objectif d’alimenter ses Data Centers et ses bureaux avec 100 % d’énergies renouvelables en 2017. Cette annonce comporte son lot de défis, dont le principal est d’assurer une alimentation continue de ses infrastructures, quelques soient les conditions extérieures (manque de vent, pas de soleil la nuit…). Pour atteindre cet objectif, Google pourra notamment compter sur son engagement dans le développement des technologies éoliennes. Makani en est l’exemple le plus concret : la start-up financée par le fond de Google X souhaite développer un système d’éolienne innovant, fixé à des cerf-volant pour bénéficier des forces supérieures des vents d’altitude et ainsi offrir un rendement plus élevé.
Google s’intéresse également plus modestement à l’énergie solaire, en proposant des audits d’ensoleillement des toitures grâce à un outil similaire à Google Maps : SunRoof (seulement disponible aux Etats-Unis pour le moment).
Si la capacité d’ensoleillement d’un client est intéressante, Google lui propose des contacts de fournisseurs et d’installateurs de panneaux solaires afin de concrétiser un potentiel d’énergie solaire.
Conclusion
En somme, cette conférence a permis à Google d’expliciter son positionnement dans le secteur de l’énergie : l’entreprise se définit comme un facilitateur et un catalyseur d’innovation. Elle souhaite accompagner les énergéticiens dans la transformation du secteur mais ne se pose pas en concurrent frontal.
Cependant, ce positionnement reste à préciser car le développement d’énergies renouvelables (à l’image de Makani) va permettre à l’entreprise de produire sa propre énergie. Dans le même registre, rappelons qu’Apple a obtenu l’été dernier l’autorisation de commercialiser sa propre énergie verte. Affaire à suivre !
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