En marge du forum économique de Davos qui s’est déroulé jusqu’au 20 janvier dernier, 13 grands groupes ont annoncé leur union au sein du « conseil de l’hydrogène » (hydrogen council). L’objectif de cette alliance, qui confirme une tendance déjà perceptible, est d’assurer la promotion de cette énergie dans le cadre de la transition énergétique.
Un groupement pour la promotion de l’hydrogène qui réunit des acteurs industriels majeurs
L’hydrogène est l’énergie du futur : son développement doit être fortement encouragé pour espérer répondre aux objectifs de l’accord de Paris sur le climat. C’est en tout cas la conviction des 13 grands groupes qui ont choisi il y a quelques jours de lancer la première alliance mondiale pour la promotion de l’hydrogène. A leur tête, les deux dirigeants d’Air Liquide et de Toyota.
L’objectif de cette nouvelle formation est double :
- Accélérer la recherche autour de la filière hydrogène et assurer son développement commercial : les entreprises membres du groupe ont annoncé pour ce faire un investissement cumulé de 1,4 milliard d’euros par an ;
- Assurer un travail de lobbying auprès des pouvoirs publics pour obtenir un cadre réglementaire favorable au développement de la filière et aboutir à la création de standards internationaux.
Mobilité et stockage des EnR, les deux axes principaux du développement de l’hydrogène
Nous évoquions déjà dans un précédent article le rôle prépondérant que peut jouer l’hydrogène dans le cadre de la transition énergétique. Cet élément bénéficie de nombreux avantages : entre autres, il possède une très bonne densité énergétique (trois fois celle du gazole) et sa combustion n’émet aucun gaz à effet de serre.
Dans le domaine de la mobilité, l’hydrogène peut être utilisé pour alimenter des piles à combustible. Il suffit de regarder l’actualité pour noter la forte dynamique du secteur. Energy Observer, le premier bateau entièrement propulsé à l’hydrogène, s’apprête à entamer un tour du monde. Alstom a dévoilé fin 2016 ses premiers trains à hydrogène qui seront en circulation dès 2018 sur des lignes régionales allemandes. Sur la côte Basque, La Poste vient d’annoncer que ses facteurs utiliseront les premiers vélos à assistance à hydrogène au monde de la société Pragma Industries…
Les véhicules à hydrogène possèdent plusieurs atouts au premier rang desquels une autonomie importante (supérieure à 600 km pour les voitures) et un temps de charge rapide. Cependant, leur développement continue à pâtir de coûts élevés et ils peinent encore à concurrencer les très plébiscités véhicules électriques. Les grands constructeurs qui figurent parmi les 13 groupes impliqués (Honda, BMW Group, Daimler, Toyota, Hyundai) espèrent rapidement renverser la tendance.
L’hydrogène offre également de grandes perspectives en tant qu’énergie de stockage, pour pallier l’intermittence des énergies renouvelables. L’énergie excédentaire peut en effet être utilisée pour produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau. Il est ainsi possible d’envisager des stockages d’énergie à grande échelle et de longue durée. Dans ce domaine, il est une entreprise française qui s’illustre particulièrement : MCPhy Energy, qui vient de signer un important contrat avec le fournisseur allemand Energiedienst concernant le stockage d’énergie hydroélectrique.
De l’hydrogène oui, mais développons l’hydrogène vert !
Nous l’avons évoqué plus haut : l’hydrogène est une énergie propre car sa combustion n’émet aucun gaz à effet de serre. Pourtant, présenter les choses de cette manière revient à omettre le fait que plus de 99% de l’hydrogène est aujourd’hui produit à partir d’énergies fossiles[1], notamment par vapoformage de gaz naturel, un procédé fortement émetteur de CO2. Ce n’est donc pas l’hydrogène qu’il faut encourager mais l’hydrogène « vert », produit grâce aux énergies renouvelables essentiellement par électrolyse. Or, cette technique de production coûte aujourd’hui jusqu’à quatre fois plus cher que le reformage.
Dans le rapport qui accompagne sa création, l’alliance plaide tout de même clairement pour le développement d’une production décarbonée d’hydrogène, c’est-à-dire sans rejet de CO2. Pourtant, la plus grande maturité (et compétitivité) des procédés utilisant les hydrocarbures en font et en feront encore un choix privilégié. Pour assurer la neutralité de la production, les industriels placent ainsi beaucoup d’espoir dans les nouvelles techniques de captage/stockage de CO2 (CCS). Ambitieux. Si l’hydrogène peut être une chance pour la transition énergétique, la trajectoire envisagée pour développer sa production mériterait d’être éclaircie.
Les 13 entreprises membres du Conseil de l’hydrogène sont : Air Liquide, Alstom, Anglo American, BMW Group, Daimler, Engie, Honda, Hyundai, Kawasaki, Royal Dutch Shell, The Linde Group, Total et Toyota
L’annonce de la création de l’ « hydrogen council » s’est accompagnée de la sortie d’un rapport dédié à l’hydrogène disponible sur le lien suivant http://hydrogeneurope.eu/wp-content/uploads/2017/01/20170109-HYDROGEN-COUNCIL-Vision-document-FINAL-HR.pdf
[1] Rapport de l’ « Hydrogen Council »