Le développement accéléré de la technologie de drones a ouvert de nouvelles opportunités aux entreprises industrielles, notamment pour optimiser leurs opérations et améliorer la sécurité de leurs salariés. Plusieurs acteurs se sont positionnés sur ce nouveau marché en pleine croissance. Des constructeurs de drones, des opérateurs, et des spécialistes de traitement de données œuvrent tous à la démocratisation de l’usage de drones dans le secteur industriel.
Nous avons eu l’opportunité de rencontrer Marion Baroux, Sales Manager de DELAIR, un des leaders du marché de drones en France. Elle partage avec nous l’histoire et la vision de DELAIR.
Pourriez-vous nous parler de la genèse de DELAIR ?
DELAIR est une société française leader sur le marché des drones professionnels. La startup est née d’un besoin, de la part des co-fondateurs travaillant dans le secteur pétrolier, d’envoyer des agents dans les endroits reculés afin d’effectuer des missions de levée de doute. L’usage de drone était une alternative simple améliorant à la fois la sécurité et l’efficience des opérations confiées aux agents.
DELAIR propose des solutions drones complètes, incluant hardware, software et services. DELAIR conçoit et développe des drones à usage professionnel, des prestations de vol de drones pour nos clients qui ne disposent pas de pilotes certifiés, et nous avons développé une plateforme de gestion des données aériennes. Avec DELAIR, les industriels bénéficient de puissantes solutions d’aide à la décision basées sur l’intelligence aérienne.
Nous sommes actifs aujourd’hui sur 8 secteurs majeurs :
- Réseau d’électricité et de gaz
- Réseau transport
- Agriculture
- Les mines et les carrières
- Défense et sécurité (armée, forces spéciales, douanes)
- Emergency (sécurité civile, catastrophes naturelles)
- Oil and gas (on shore, off shore)
- Géospatial
Ces dernières années, plusieurs acteurs sont apparus sur le marché des drones professionnels, certains constructeurs de drones de loisir commencent également à se positionner sur ce marché. Quelles sont les forces et les spécificités qui différencient DELAIR de ses concurrents ?
La force de frappe de DELAIR réside dans sa capacité à faire de la R&D. Nous avons toujours fait le choix de développer un réel savoir-faire dans la conception des drones, cet atout nous permet aujourd’hui de développer des drones professionnels haut de gamme.
Une autre force est la capacité d’intégrer aussi bien le hardware que le software. Ceci a été un choix stratégique fait tôt lors de la genèse de DELAIR, afin de pourvoir apporter une valeur ajoutée qui se démarque sur le marché.
Nous avons trois lignes de produits, avec des différences en termes de prix et des fonctionnalités :
Drone UX5 qui pèse un peu plus de 2kg : c’est un produit fiable, qui est aujourd’hui exporté dans 40 pays. Principalement utilisé dans l’agriculture | |
Drone DT18 qui pèse moins de 2kg en charge maximale : il est plus grand et est utilisé pour effectuer des missions plus complexes | |
Drone DT26X qui pèse 15kg en maximum. Ses atouts : une très grande précision avec des images de meilleure qualité grâce à la stabilité du drone. Il faut noter que ce drone nécessite une dérogation pour pourvoir voler à cause de son poids, mais la démarche de la demande n’est pas compliquée |
(Images – site web DELAIR)
Avez-vous des exemples de cas d’usage d’utilisation des drones par vos clients ?
Je prendrai l’exemple d’un de nos grands clients : SNCF Sureté
Contexte : SNCF avait besoin de faire voler un drone la nuit sur des points stratégiques de manière discrète, afin de surveiller et d’identifier des voleurs de câbles électriques en flagrant délit. Le but était aussi de les suivre après constatation d’infraction.
Méthodologie : nous avons procédé au développement en mode expérimental avec 4 campagnes d’essai.
Résultat : l’utilisation de drones la nuit pour surveiller les points stratégiques permet à SNCF d’étendre ses zones surveillées et de réduire le nombre de visites par des agents de sécurité.
Et dans l’énergie je peux citer le cas d’ENEDIS
Contexte : Enedis nous a sollicités avec un besoin lié à la gestion de la végétation. Concrètement, Enedis a une obligation réglementaire concernant la distance minimale entre ses câbles électriques et la végétation environnante. Des agents terrain procèdent donc régulièrement à des visites de lignes pour identifier les zones à élaguer. Compte tenu de la longueur du réseau Enedis, l’utilisation de drones s’avère une bonne alternative aux visites terrains.
Méthodologie : nous avons parcouru 1000 km de lignes, et nous avons livré un rapport final faisant l’inventaire des zones à élaguer afin de pourvoir planifier les interventions.
Résultat : les drones ont permis une acquisition et un traitement des données de manière automatisée. Ainsi, ENEDIS peut réaliser des gains opérationnels et financiers.
Enedis a souhaité aller encore plus loin. Ils ont acheté des drones plus simples à manipuler et très peu contraints par la règlementation. L’ambition est de les mettre à disposition des techniciens afin qu’ils soient autonomes en les pilotant pour des missions de surveillance plus fréquentes.
Certains industriels voient que la réglementation entrave le développement de cas d’usages intéressants comme les vols de longue élongation, Qu’en est-il du développement de la règlementation drone ?
Il y a un cadre réglementaire posé par la DGAC depuis 2012, il peut être perçu aujourd’hui comme très strict, mais les autorités sont à l’écoute et prêtes à dialoguer avec les différentes parties prenantes afin de faire évoluer la réglementation en fonction des usages.
Ceci n’est pas forcément le cas dans tous les pays européens. La volonté est de faire de la France le leader du marché du drone civil.
Les acteurs sont d’accord qu’il est nécessaire d’avoir une réglementation stricte afin de dissuader les pratiques risquées que de nouveaux acteurs peuvent avoir. Néanmoins, on peut demander des dérogations pour faire voler certains types de drones. Il faut dans ce cas constituer un dossier complet détaillant une analyse des risques possibles et la méthodologie de maitrise des risques. Nous avons par exemple réussi à faire voler un drone avec la technologie de communication 4G, nous avons prouvé à la DGAC que l’utilisation de technologies cellulaires ne présente aucun risque de perte de contrôle de drone, et nous avons ainsi obtenu son accord.
Et peut-on aujourd’hui rêver d’un drone autonome dans un futur proche ?
Aujourd’hui les drones volent déjà en autonomie, l’opérateur est là seulement pour prendre contrôle en cas de problème comme la réglementation l’exige. La technologie est quasiment prête pour envisager des drones complétement autonomes, par contre la réglementation a besoin de temps pour s’adapter à ces nouveaux usages, cela nous donne aussi le temps pour nous préparer.
Si on se projette à 5-10 ans, il est tout à fait envisageable d’avoir une flotte de drones contrôlés par une seule personne, voire par un système intelligent en toute autonomie.
Finalement quels sont les objectifs de DELAIR pour son avenir ?
A l’heure actuel, nous avons une gamme de produits solide qui répond aux réels besoins du marché : 3 vecteurs, une dizaine de capteurs, des outils d’analytics (solution de traitement d’images automatiques…).
Nous avons cinq objectifs importants :
- Une plus grande commercialisation de nos produits en France et en Europe (où nous avons un positionnement très fort)
- Continuer notre expansion à l’international : nous avons déjà ouvert une filiale à Singapour et aux USA
- Développer des nouveaux produits et solutions et les industrialiser au maximum en France
- Automatiser la chaine d’acquisition et de traitement des données
- Être à l’écoute de nos clients en restant dans une relation étroite avec les grands groupes (qui nous ont ouvert leurs portes et nous aident à comprendre leur métiers).
L’interview est réalisée avec la participation de Peter Gitau.