Le club « Les Echos » en partenariat avec Wavestone recevait le 12 décembre 2018 Patrick Pouyanné, PDG de Total, pour un débat sur la question : « Total, quels atouts, quels défis face à la transition énergétique ? » Ce fut l’occasion de revenir sur le positionnement adopté par le groupe depuis quelques années déjà mais aussi de répondre à des questions un peu plus d’actualité.
« La transition énergétique c’est une question de rythme »
Afin d’amorcer les discussions, le PDG du groupe TOTAL nous confiait sa vision de la transition énergétique. La réussite de toute transformation passe par l’adhésion de la majorité au changement. Ainsi « un bon rythme de transition c’est un rythme acceptable par la société » nous souligne Patrick Pouyanné comme pour faire échos aux récents mouvements des « gilets jaunes » en réaction à la taxe sur le carburant. En effet qui finance la transition énergétique en France ? C’est bien le consommateur ! Et le changement se doit d’être progressif pour ne pas être perçu comme une sanction.
Des objectifs trop ambitieux et une désolidarisation des politiques freinent l’adhésion de la communauté à la cause de la transition énergétique. Des objectifs plus réalistes ainsi que des décisions mieux adaptées aux réalités économiques de chaque pays sont indispensables pour mener « une transition énergétique heureuse ».
« Construire le futur en se positionnant sur des marchés en croissance »
Acteur majeur de la scène énergétique mondiale, Total multiplie les acquisitions durant ces dernières années. Actifs GNL d’Engie, Direct Energie ou encore sociétés spécialisées dans l’efficacité énergétique telles que Greenflex ou BHC ; il est clair que Total souhaite conserver son positionnement dans le domaine de l’énergie notamment en s’attaquant aux marchés d’avenir.
Mais comment tirer son épingle du jeu ? Total mise sur la confiance : en effet une étude menée par Wavestone et l’institut ELABE en juin 2018 indiquait que « 61% des Français ne font pas confiance aux fournisseurs d’énergie pour mener à bien la transition énergétique ». Selon le PDG du groupe, contrairement aux fournisseurs alternatifs la marque TOTAL rassure mais le défi sera « de combiner une marque considérée chère avec l’image dynamique et accessible de Direct Energie. »
La neutralité carbone : comment y parvenir ?
Alors que le gouvernement français a pour objectif l’atteinte de la neutralité carbone à horizon 2050, les modèles industriels quant à eux prédisent des process encore largement émetteurs de CO2. La question du rôle de la captation de ces émissions dans l’atteinte des objectifs de neutralité se pose alors.
Pour le PDG de Total, les solutions les plus simples (à -10€/tCO2) sont celles basées sur la nature : « investir dans la biomasse, l’entretien des forêts et des terres dégradées. » Néanmoins il est indispensable d’investir dans d’autres solutions de capture du carbone. Mais avec des prix du carbone autour de 20€/tCO2, les investissements sont encore frileux et décolleront vraiment le jour où la taxation du carbone sera réellement incitatrice pour les industriels c’est-à-dire entre 60-100 €/tCO2.
« Il n’y aura pas de grand soir dans le monde de l’énergie »
En conclusion, la politique énergétique observée au 21eme siècle (économie d’énergie, essor du renouvelable…) est nettement différente de celle pratiquée dans les 60. L’ère n’est plus à la multiplication des centrales à charbon ni à la découverte effrénée de gisements pétroliers mais croire qu’il y aura une rupture brutale avec le système actuel n’est pas réaliste. Ainsi l’un des plus grands défis de la transition énergétique sera de décarboner les écosystèmes tout en proposant au consommateur une énergie accessible.
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