Nous sommes actuellement en train d’assister à une réelle montée en puissance des véhicules électriques : en France, par exemple, près de 40 000 véhicules électriques ont été écoulés en 2018 contre seulement 31 000 en 2017, soit une croissance d’environ 27% (Source : Association Nationale pour le développement de la Mobilité Electrique). Avec l’émergence de ce nouveau marché, de nombreuses start-ups lancent des offres de services visant à optimiser l’utilisation des voitures électriques et répondre aux nouveaux besoins des utilisateurs. Parmi elles, Jedlix, entreprise néerlandaise spécialisée dans la recharge intelligente, appelée aussi « Smart Charging ».
Nous avons eu le plaisir d’interviewer Guillaume Vanstraelen, Business Developer France de Jedlix, qui a accepté de partager avec nous la vocation et les ambitions de la start-up.
Comment est né le projet Jedlix ?
Jedlix- en référence à Anyos Jedlik, inventeur de la dynamo et du moteur électrique- a démarré en 2016 comme un projet d’intrapreneuriat. Les deux fondateurs ont en effet initié la première version de Smart Charging des véhicules électriques lorsqu’ils étaient encore employés d‘ENECO, société néerlandaise spécialisée dans la distribution d’électricité et la production d’énergie verte.
À la suite du succès de plusieurs phases de tests, dont l’une consistait à piloter de bout en bout la recharge d’une Tesla, la start-up est finalement devenue indépendante.
Elle a ainsi pu élargir son périmètre de collaboration en commençant à travailler avec d’autres fournisseurs d’énergie ainsi que plusieurs constructeurs automobiles.
Actuellement, la société compte 25 employés basés soit en France ou aux Pays-Bas et cet effectif sera amené à croître dans les prochaines années.
Comment fonctionne le service Jedlix ? Et quel est le rôle de l’application pour les clients ?
Le service de recharge intelligente proposé par Jedlix permet de piloter de manière intelligente la recharge de véhicules électriques, en tenant compte des différents besoins de l’utilisateur. Concrètement, le système repose sur un algorithme qui permet à la voiture, une fois branchée à la borne de recharge, de communiquer avec le gestionnaire du réseau électrique pour que la charge soit déclenchée au moment le plus propice. Les équipes de Jedlix ont imaginé une application mobile sur laquelle l’utilisateur renseigne son heure de départ ainsi que le niveau de charge souhaité. A partir de là, l’algorithme va croiser ces données avec celles transmises par le gestionnaire du réseau afin de lancer une recharge optimale, lorsque le réseau électrique n’est pas congestionné.
L’application développée est un système à la fois « set and forget » et « plug and play » : d’une part, l’utilisateur renseigne ses paramètres de préférences et n’a plus besoin de continuellement les modifier ; d’autre part, aucune installation matérielle n’est exigée et il suffit d’une connexion 3G pour que l’application dialogue avec la voiture.
Vous proposez aux utilisateurs d’optimiser la recharge de leur véhicule électrique en lançant la recharge lorsque le réseau électrique n’est pas surchargé. Comment faites-vous pour suivre l’état du réseau électrique ?
Dans l’objectif de suivre l’état du réseau électrique et d’identifier les déséquilibres entre l’offre et la demande, la start-up a réussi à établir des partenariats avec les gestionnaires du réseau électrique. En France par exemple, RTE (Réseau de transport d’électricité) lui transmet régulièrement des informations précises sur l’état de saturation du réseau, ce qui permet de mettre à jour le plan de charge des véhicules branchés – en démarrant la charge lorsque le réseau est peu sollicité et en l’interrompant lorsqu’il est congestionné.
Quel est votre positionnement par rapport au reste des acteurs de l’écosystème mobilité électrique ?
Jedlix se positionne sur le segment des offres de services. Son service de smart-charging se veut à la fois avantageux pour l’utilisateur et vertueux pour l’environnement.
Le déclenchement de la recharge a en effet lieu au moment où le réseau est le moins congestionné et le mix énergétique composé d’énergies renouvelables. Cela permet par conséquent de bénéficier de tarifs de l’électricité bas et d’une énergie verte -ou à minima relativement peu carbonée.
L’utilisateur réduit donc le budget consacré à la recharge et protège l’environnement (Jedlix estime que les utilisateurs peuvent bénéficier en moyenne d’une recharge complète gratuite tous les mois)
A noter que l’application est également intéressante pour les gestionnaires du réseau car elle permet de moduler la charge en tenant compte des pics de consommation d’électricité.
Pouvez-vous décrire votre modèle financier ?
La plus-value financière est réalisée sur les marchés des réserves d’équilibrage : lorsque le réseau est surchargé, une partie de l’électricité stockée dans les batteries des voitures est réinjectée sur le réseau pour le soutenir. Le gain financier lié à l’opération est partagé entre la start-up et l’utilisateur.
Renault a annoncé en 2017 une prise de participation à hauteur de 25% dans Jedlix. A terme, le service a-t-il vocation à fonctionner exclusivement avec les véhicules Renault ?
L’offre proposée par Jedlix est actuellement compatible avec des véhicules Renault mais également BMW et Tesla. Tous les actionnaires de Jedlix, y compris donc Renault, ont pour ambition de collaborer avec un maximum de constructeurs automobiles afin que tout propriétaire de véhicule électrique puisse bénéficier du service de Smart Charging.
Cela suppose cependant que le logiciel élaboré par Jedlix soit compatible avec le système d’information spécifique aux modèles électriques de chaque constructeurs, qui est par ailleurs unique – il est par exemple le même pour une Tesla modèle S, modèle 3 ou modèle X.
Quelles sont les prochaines étapes pour Jedlix ?
L’effort est actuellement concentré sur deux principaux volets :
- Le renforcement de l’offre commerciale, l’objectif étant la généralisation du service Jedlix à des marques automobiles autres que Renault, BMW et Tesla.
- Le déploiement à l’international, à commencer par le continent européen, ce qui suppose de tisser de nouveaux partenariats avec les gestionnaires de réseau de chacun des pays visés pour avoir des informations sur les réseaux nationaux.
Sources:
1. Vente de véhicules électriques en France en 2018:
http://www.avere-france.org/Site/Article/?article_id=7532&from_espace_adherent=0
2. Site web de Jedlix:
https://jedlix.com/en/