Mobilité électrique dans les villes et les territoires : faisons le point ! 

Le 17 septembre 2019, Enedis en partenariat avec Wavestone a organisé une table ronde sur le thème « la mobilité électrique dans les villes et les territoires : faisons le point ! » : l’occasion de faire un bilan et de partager les perspectives de développement de la mobilité électrique, en villes et dans les territoires. A cet événement, étaient conviés :

  • Dominique Lagarde, Directeur du programme Mobilité Electrique chez ENEDIS
  • Alain Leboeuf, Vice-Président du Conseil départemental de la Vendée et Président du syndicat d’énergies SyDev
  • Lionel Jouve, Responsable du service énergies renouvelables et écomobilités au sein de la Métropole de Saint Etienne
  • Augustin Montoussé du Lyon, Directeur territorial Loire chez ENEDIS
  • Gautier Châtelus, Directeur adjoint du Département Infrastructure et Transport à la Caisse des Dépôts
  • Nicolas Leclere, Senior Manager – Electrified powertrains innovation team au sein du groupe PSA
  • François Guerin, CEO de See You Sun
  • Jean-Laurent Schaub, CEO de Ween.AI

Les échanges entre les participants ont permis de mettre en lumière les actions menées pour accélérer les ventes de véhicules électriques. La mise en œuvre de ces actions et portent sur trois plans, comme cité dans l’étude « Ensemble vers la mobilité électrique » 2019 – 2025 – 2030

  • L’amélioration de l’offre de véhicules et de services
  • Le développement des infrastructures de recharge
  • Le renforcement de l’image de la motorisation électrique.

 

Compléter l’offre de véhicules et de services

mobilité - différents véhicules électriquesTout d’abord, des véhicules électriques ne peuvent investir nos routes que s’ils existent sur le marché. Peu nombreux et diversifiés aujourd’hui, les constructeurs prévoient d’accélérer leurs sorties de nouveaux modèles, à l’instar de PSA qui poursuit l’étoffement de sa gamme électrique avec en ligne de mire l’électrification progressive de la totalité de sa gamme dès 2025. Il s’agit d’un véritable challenge pour les constructeurs automobiles qui nécessite de déployer de nouvelles compétences en interne, de s’intégrer à un écosystème dont ils étaient distants il y a très peu de temps, mais également de s’approprier les usages du véhicule électrique.

Les constructeurs accompagnent la mise sur le marché par de ces nouveaux modèles par des services dont l’objectif premier est d’accompagner l’utilisateur dans sa transition (par ex : acquérir sa borne de recharge simultanément à l’achat de son véhicule). Ces services accompagnent également l’utilisateur dans son expérience en facilitant sa recharge en dehors de son domicile ou en mettant en place une couche servicielle d’assistance aux déplacements. C’est, entre autres, le projet de Ween.AI qui développe des assistants de mobilité à destination des utilisateurs de véhicules électriques, basés sur la prédiction individualisée des déplacements. Jean-Laurent Schaub, CEO et co-fondateur de la start-up, explique que ces données permettront une optimisation autonome de la recharge du véhicule.

 

Développer les infrastructures de recharge

mobilité - recharge de véhicule électrique

Le second prérequis à la massification des véhicules électriques est la possibilité pour chacun de se recharger, quels que soient ses usages ou son lieu d’habitation. Le SyDEV, représenté par son président Alain Leboeuf, a été l’un des premiers syndicats d’énergie à mettre en place une stratégie de déploiement d’un réseau de bornes publics. Il s’agissait alors d’un maillage des territoires en bornes lentes et rapides afin de rassurer les conducteurs et de comprendre leur utilisation. Cette expérimentation a fait apparaître la nécessité psychologique d’un maillage de bornes lentes. Mais leur utilisation est opportuniste et repose sur la gratuité. Lorsqu’elles deviennent payantes, elles sont délaissées au profit du domicile et des bornes rapides en itinérance. C’est une observation partagée par la Caisse des Dépôts, représentée par Gautier Châtelus, qui explique que les business models diffèrent selon la puissance des bornes : le client accepte de payer uniquement pour le service de la recharge rapide.

Pour contrer les difficultés rencontrées et mises en lumière par le SyDEV, d’autres collectivités ont adopté des stratégies innovantes pour déployer un réseau de bornes de recharge lentes. Au printemps 2019, la Métropole de Saint-Etienne a démarré l’expérimentation d’une autre stratégie d’équipement du territoire en infrastructures de recharge : la borne à la demande. En effet, dans le cadre de son engagement en faveur du développement durable, Saint-Etienne a mandaté la société E-Totem afin de déployer les bornes à la demande en fonction des besoins des usagers. Ce modèle importé d’Amsterdam, basé sur la demande citoyenne, permet de s’assurer que l’installation sera utilisée. Ce modèle n’empêche pas d’avoir un schéma directeur pour le déploiement mais représente une initiative complémentaire

Concernant la recharge rapide en itinérance, qui apparaît toujours comme un frein important à la conversion des automobilistes au véhicule électrique, les inquiétudes se focalisaient moins sur le business model que sur la capacité du réseau à fournir la puissance requise sans nécessiter des investissements démesurés. A ce titre, Dominique Lagarde a pris le temps d’expliquer qu’Enedis avait mener des expérimentations sur les stations d’autoroutes et leurs postes sources. Le constat est qu’à hauteur de 2MW par station (soit plus de 12 points de charge de 150kW), il n’y a pas d’investissements supplémentaires autres que le raccordement à réaliser. Les difficultés viendront sans doute plus des hubs de recharge rapide dans les villes où l’augmentation des postes « ne représente pas seulement un enjeu technique mais aussi collectif ».

L’Etat s’engage également à lever les freins et assurer un cadre juridique et financier favorable à l’installation de borne de recharge en adoptant la loi d’orientation des mobilités (LOM). Votée en juin par l’Assemblée nationale, elle implique de nombreux changement en termes de mobilité électrifiée. Elle inscrit, notamment, l’obligation de la prédisposition électrique d’installation de borne de recharge dans les parkings d’immeubles. L’objectif de la loi LOM étant la création d’un véritable droit à la prise en habitat collectif et la simplification du raccordement des équipements de recharge

Enfin, Augustin Montoussé, Directeur territorial Loire chez Enedis, rappelle que s’il n’y a pas de problème technique à raccorder ni de risque d’appels de puissance trop importants au niveau national, des tensions peuvent apparaitre sur le réseau au niveau local. Face à ce risque, Dominique Lagarde rappelle que la capacité à piloter de la recharge permettra de dépasser cette contrainte. De plus, de nouvelles solutions sont développées ; entre autres, l’utilisation des synergies entre la recharge des véhicules électriques et les sources de production électrique intermittentes (en l’occurrence, le photovoltaïque) par la start-up See You Sun, représentée lors de la table ronde par François Guérin (CEO). Ce type d’initiatives participent en outre au verdissement du véhicule électrique et de son image.

 

 Améliorer l’image et l’accompagnement

mobilité - bus électrique

L’amélioration de l’image du véhicule électrique est primordiale pour permettre un développement du véhicule électrique, souffrant aujourd’hui d’une image écornée : on lui tient divers reproches plus ou moins fondés (manque d’autonomie, prix d’achat, et même un coût écologique supérieur aux véhicules thermiques) mais ses avantages sont également méconnus (confort, absence de bruit et de vibrations liés au moteur, accélération rapide, etc.).

Qu’il s’agisse des villes, des métropoles, des départements ou des régions, il y a donc un réel travail d’accompagnement à mener afin de promouvoir et de changer l’image du véhicule électrique. Aujourd’hui le SyDEV, avec le soutien du Conseil Départementale de la Vendée et des collectivités locales, participe activement à la promotion du véhicule électrique en organisant le Vendée Energie Tour qui a pour objectif de promouvoir la mobilité durable non seulement aux citoyens mais également aux entreprises : l’essai d’un véhicule électrique permet de constater les avantages concrets du véhicules électriques. Dans le même sens, en incitant les entreprises à électrifier leurs flottes, les utilisateurs pourront appréhender et s’approprier le véhicule électrique dans le cadre professionnel pour en devenir de potentiels clients dans le cadre personnel.

L’électrification des transports en commun permet également aux usagers de s’habituer à cette nouvelle motorisation et d’en découvrir les avantages, contribuant à l’amélioration de l’image du véhicule. Dans ce sens, Enedis a signé un partenariat avec la RATP pour accompagner le développement des bus électriques. Cette collaboration va notamment permettre de définir des modalités de raccordement optimales des centres-bus en fonction de chacune des configurations rencontrées et en prenant compte les forts appels de puissance. Les nouvelles formes de mobilité peuvent également y contribuer de la même manière. Par exemple, Renault promeut la mobilité durable à travers ses offres d’autopartage, Moov’in et Renault Mobilty, qui ont également permis le développement de modèles dynamique de la recharge avec Enedis.

Enfin, face au frein idéologique prêtant au véhicule électrique un caractère plus polluant que le véhicule diesel, il apparaît nécessaire d’amplifier les initiatives le couplant avec les énergies renouvelables, comme le fait See You Sun, et d’accélérer sur le recyclage des composants, comme avancé par Nicolas Leclere (PSA)

Conclusion :

Les nombreuses initiatives concrètes discutées lors de cette table ronde, émanant de collectivités locales, de grands groupes comme de start-ups, contribuent à préparer le territoire et les automobilistes au développement du véhicule électrique. Les chantiers évoqués, auxquels on pourrait ajouter la normalisation des communications entre l’infrastructure de recharge pour véhicule électrique et les voitures ou l’interopérabilité des réseaux de bornes, sont profonds et leur mise en place est longue. Pour autant, ils sont un prérequis au décollage des ventes de véhicules électriques afin de lever les freins perçus par le consommateur mais également pour adapter le territoire à cette nouvelle motorisation. Les succès mis en avant doivent dorénavant permettre à la nouvelle décennie, qui s’ouvrira dans quelques mois, d’être celle, non plus des initiatives et des tests, mais d’un passage à l’échelle permettant à la totalité des automobilistes de se convertir à l’électrique.

 

 

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