Le groupe automobile Stellantis, né de la fusion entre le groupe PSA et Fiat-Chrysler Automobiles, a annoncé mercredi 31 mars la commercialisation de ses premiers fourgons roulant à l’hydrogène d’ici la fin de l’année 2021. Utilitaires de tailles intermédiaires, ces modèles seront des répliques exactes des camionnettes 100% électriques Expert, Jumpy et Vivaro des marques Peugeot, Citroën et Opel.
Les caractéristiques techniques, avantages et enjeux d’une telle solution sont désormais connus.
Une architecture hybride mariant hydrogène et électricité
La spécificité de la solution proposée réside dans sa structure hybride, « la meilleure combinaison entre piles à combustibles et batteries électriques » d’après Carla Gohin, responsable de la recherche et de l’innovation chez PSA. Ce système d’alimentation mixte est composé de réservoirs d’hydrogène d’une pression de 700 bars situés sous le plancher de l’espace de chargement, d’une pile à combustible logée avec le moteur sous le capot avant et d’une batterie électrique maintenue sous les sièges. Les composants n’entravent ainsi pas la capacité de chargement des véhicules si importante pour les professionnels. Chaque système peut être rechargé via une trappe extérieure spécifique.
Architecture de l’utilitaire hydrogène (Image issue de la présentation de Stellantis)
L’architecture de ces véhicules est basée sur leurs homologues électriques afin de maximiser les synergies entre les deux plateformes et limiter les coûts de développement et opérationnels. Ainsi, les trois volumineux réservoirs ont pu être intégrés dans l’espace initialement réservé à la batterie électrique situé sous l’espace de chargement.
Une technologie à faibles émissions de CO2
« Un premier palier vers l’objectif de zéro émission à 2050 a été franchi avec l’électrification de nos véhicules. Nous voulons aller plus loin : être à la pointe de l’innovation, permettre la complémentarité des énergies tout en répondant au mieux aux attentes de nos clients, et c’est là que l’hydrogène a des avantages certains. » d’après Carla Gohin.
Avec cette nouvelle gamme, Stellantis étend son offre à faibles émissions de CO2. En effet, la pile à combustible est une solution plébiscitée pour son caractère neutre en carbone. Utilisée pour produire de l’électricité à partir d’hydrogène, cette technologie ne rejette que de la vapeur d’eau.
L’hydrogène vert est vu comme un carburant d’avenir pour décarboner la mobilité. D’ailleurs, les acteurs du marché se mobilisent afin de faire de la production à grande échelle de cette énergie neutre en carbone une réalité. En effet, le développement de l’hydrogène vert est encore freiné par des coûts de production peu compétitifs.
La réponse à un besoin professionnel
« 44% de nos clients ne roulent jamais plus de 300 km par jour. Une partie de nos clients souhaite donc dépasser les 300 km par jour et nous devons leur proposer une offre additionnelle. » Xavier Peugeot, vice-président du département ‘Véhicules utilitaires légers’ chez Stellantis. Cette offre de véhicules roulant à l’hydrogène se positionne en complément de celle 100% électrique qui ne répond pas parfaitement à la demande tous les usages professionnels.
Trois éléments de première importance pour les professionnels sont adressés : la couverture de trajets longue distance avec une autonomie promise de l’ordre de 400 km, la suppression du temps perdu lié au rechargement du véhicule avec un temps de rechargement des réservoirs de seulement trois minutes et une capacité de chargement intacte. A cela s’ajoute d’autres avantages. Aucun compromis en matière de performance et de sécurité n’a été fait : les réservoirs permettent une conduite sécurisée à tout type vitesse tandis que la batterie prend le relais pour les phases de démarrage et porte main forte pour les phases d’accélération. Enfin, la batterie permettra de parcourir 50 km si le véhicule est à court d’hydrogène.
Systèmes utilisés en fonction du type de conduite (Images issues de la présentation de Stellantis)
Des défis d’infrastructures et financiers à adresser
Le marché ne décollera pas sans un réseau suffisant de stations de recharge. Pour l’instant, le développement de ces infrastructures en Europe reste encore timide. Les deux pays les plus avancés sont la France et l’Allemagne qui comptent respectivement 25 et 90 stations. C’est d’ailleurs sur ces deux marchés que se limitera la vente des utilitaires dans un premier temps. Stellantis travaille activement avec des fournisseurs d’énergie pour accélérer les projets d’infrastructures et compte sur un soutien financier public pour arriver à ses fins.
La baisse du coût des véhicules hydrogène reste le défi majeur. D’après Lars Peter Thiesen, manager de la stratégie hydrogène et piles à combustible chez Stellantis, « L’entreprise se focalise sur le coût de possession et s’est lancé le défi de rendre cette technologie profitable dans les années à venir. » Pour cela, l’entreprise espère vendre une quantité suffisante de véhicules rapidement afin d’atteindre des économies d’échelle et ainsi baisser le prix. Aucun détail n’a d’ailleurs été communiqué lors de la présentation du 31 mars quant aux aspects tarifaires, qui devraient être dévoilés ultérieurement.
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