Victorian Big Battery, la plus grosse batterie au monde !

Avez-vous déjà entendu parler de la Victorian Big Battery ? Non ? C’est normal ! Actuellement en cours de construction, il s’agit de l’une des batteries les plus puissantes au monde. Située à Geelong dans le Sud de l’Australie, elle sera mise en service sous peu … d’ici fin 2021 ! A ce jour, la principale ressource utilisée par l’Australie pour produire de l’énergie est le charbon. Or, les accords de Paris appellent les pays développés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

A travers la mise en place de ce projet, l’Australie a notamment pour objectif de s’inscrire davantage dans la transition énergétique en favorisant l’utilisation d’énergies renouvelables.

Ce projet d’ampleur inédite rassemble de nombreux acteurs dont la France. Quelles sont les particularités de cette batterie gigantesque ? Qu’est ce qui la différencie des expérimentations Française via le projet RINGO ? Qui sont les acteurs et quels sont leurs rôles ?

Ci-dessous, quelques éléments de réponse à ces interrogations.

 

1. Quelques explications sur l’origine du projet

En raison de sa situation insulaire, de la structure de son réseau et du faible développement du nucléaire, l’Australie fait massivement appel au charbon. Elle tire pleinement partie de cette ressource tant d’un point de vue énergétique qu’économique.

En effet, ce continent est aujourd’hui le premier exportateur mondial de charbon. Cette activité économique a d’ailleurs connu une croissance exponentielle ces 10 dernières années.  Le charbon est l’élément incontournable pour l’Australie en termes de production énergétique. En effet, 60% (1) de l’électricité générée en 2019 était issue du charbon. Quant au mix énergétique, il repose essentiellement sur cette ressource fossile.

Graphique détaillant le mix énergétique sur lequel se base l’Australie pour produire de l’électricité (1)

Il existe deux types de charbons utilisés en tant que combustible dans les centrales électriques : le black coal et le brown coal. Le black coal a une grande teneur en carbone, quatre fois plus élevé que le brown coal. En revanche, il produit plus d’énergie.

 

 

 

Du fait de leur mode de production, les centrales thermiques à charbon génèrent des émissions de CO2 telles que l’Australie figure parmi les pays qui produisent le plus de gaz à effet de serre dans le monde.

Or, à l’échelle mondiale, l’heure est à la transition énergétique. Plusieurs actions ont été menées en ce sens. C’est le cas des accords de Paris dont l’objectif est de limiter le réchauffement climatique. Pour ce faire, chaque pays est invité à mettre en place des stratégies de développement à long terme. L’objectif est de diminuer les émissions de gaz à effet de serre.

Pour s’inscrire dans cette dynamique, l’Australie ambitionne de faire baisser ses émissions de gaz de 26% d’ici 2030. Afin d’atteindre cet objectif, le gouvernement a décidé de fermer certains sites de production d’électricité carbonée, tout en favorisant le développement de nouvelles capacités de production renouvelables et de solutions de stockage d’électricité.

C’est donc dans cette optique, que la centrale de charbon Yallourn va fermer d’ici 2028. Soit 4 ans plus tôt que la date prévue initialement. Située dans l’état de Victoria, cette centrale alimente 20% (2) de la demande en électricité de l’Etat. Sa fermeture va permettre de réduire fortement les émissions de CO2. C’est une première étape pour l’Etat de Victoria qui ambitionne d’atteindre le palier 50% d’énergie renouvelable d’ici 2030 (3).

L’objectif est donc double, non seulement pallier -partiellement- au manque énergétique dû à l’arrêt de la centrale Yallourn mais également s’inscrire dans la dynamique de transition énergétique. Jusqu’à présent, les énergies solaire et éolienne sont utilisés.  C’est pour y répondre que la Victorian Big Battery va être mise en place. Il s’agit de la batterie la plus puissante au monde !

 

2. La Victorian Big Battery, une solution inédite pour concilier enjeux énergétiques & environnementaux

Infographie répertoriant les éléments clés sur la Victorian Big Battery

Alors que la Victorian Big Battery est en cours de construction en Australie, la France a lancé depuis le 2 juillet 2021 des expérimentations similaires portants sur le stockage de l’énergie rassemblés dans le projet RINGO.

A ce stade, le projet mené plus précisément par RTE repose sur 3 batteries réparties sur 3 sites : Ventavon, Vingeanne et Bellac avec une puissance de 100 000 MWT. Les batteries sont interconnectées entre elles et fonctionnent en circuit intelligent afin de permettre un équilibre entre énergie produite et énergie consommée.

Le principe est le suivant : si une quantité d’électricité est stockée sur un site, une batterie située sur un autre site réinjecte de l’électricité dans le réseau dans l’objectif de garder un équilibre. Ce jeu d’équilibre est réalisé par un algorithme qui choisit où et quand acheminer l’électricité.

Cette gestion automatisée d’un réseau de batterie à grande échelle est la première expérimentation mondiale !

 

3. La France, un acteur central du projet de grande ampleur de la Victorian Big Battery

C’est la société française Neoen qui opère la construction de cette batterie hors norme. Impliquée sur de nombreux projets aussi bien en France qu’à l’international (Finlande, Suède etc.) cette jeune entreprise est le premier producteur indépendant Français d’énergies renouvelables.

Afin de mettre en place ce projet inédit, Neoen travaille en partenariat avec l’entreprise Américaine Tesla, et l’opérateur du réseau de l’Etat de Victoria : AusNet Australia.

La Victorian Big Battery (simulation)

Tesla apporte son expertise ainsi que sa technologie innovante : Megapack. Il s’agit d’une batterie lithium-ion avec une capacité de stockage massive pour soutenir et soulager les réseaux électriques. Pour cela, la batterie stocke l’énergie solaire ou éolienne pour l’injecter dans le réseau lors des pics de consommation. Cette technologie a la particularité de bénéficier d’une intelligence embarquée lui permettant d’interagir directement avec le réseau et ce en millisecondes.

Ainsi, la Victorian Big Battery aura la capacité de donner une réponse de manière automatique et instantanée en cas de coupure de réseau. Environ 210 (4) batteries Tesla Megapack vont être fournies.  Les performances du Megapack permettront de réaliser d’importantes économies en termes de délais et de bénéfices comparé à d’autres systèmes de batterie et aux centrales à combustibles fossiles.

AusNet Services, qui exploite le réseau électrique de l’Etat de Victoria aura pour rôle de fournir la connexion requise entre la Victorian Big Battery et le réseau afin que l’énergie stockée par la batterie puisse être envoyée sur le réseau.

 

4. Des bénéfices multiples pour tous les acteurs

L’intérêt principal de l’utilisation de la Victorian Big Battery réside dans le fait d’améliorer la stabilité du réseau. Les raisons d’une coupure peuvent être nombreuses telles que des aléas climatiques en de tempête, les déconnexions brutales de centrales à charbon etc. Grâce à la Victorian Big la distribution auprès des foyers serra assurée le temps qu’une solution pérenne soit mise en place.

La Victorian Big Battery est une solution face aux problèmes d’intermittences générées par l’utilisation des énergies renouvelables. A titre d’exemple, l’électricité produite grâce aux panneaux photovoltaïques ou aux éoliennes sera redistribuée en cas d’épisodes peu venté ou de manque de soleil. En effet, elle aura été stockée en amont puis injectée dans le réseau au moment approprié. « En implantant l’une des plus grandes batteries au monde sur son territoire, l’État de Victoria continue à s’affranchir du charbon et fait le choix d’innover afin de pouvoir donner toute leur place aux énergies renouvelables. » Lily D’Ambrosio Ministre de l’énergie et de l’environnement

A court terme, la construction de cette batterie gigantesque génère de nouveaux emplois. Plus de 80 postes ont été ouverts.   Cela participe au développement de l’économie locale.

 

En conclusion, la Victorian Big Battery se distingue non seulement de par sa puissance entre 350 et 400 MW mais également par sa capacité à interagir de manière instantanée avec le réseau. Les avantages sont nombreux tels que notamment assurer une meilleure stabilité du réseau ou réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce projet, d’une telle ampleur, étant inédit, nous pouvons nous demander si ce modèle va se répliquer dans le monde.

 

 

 

 

Bibliographie :

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