Alors que le Salon de l’Agriculture 2015 bat son plein depuis le 21 février, une filière assez récente cherche à faire parler d’elle : la filière bioplastique. Au fur et à mesure des avancées technologiques des industriels français, cette filière se renforce et s’affirme de plus en plus comme un substitut viable aux matières plastiques d’origines pétrochimiques.
Le bioplastique : renouvelable, biodégradable, compostable !
Les bioplastiques sont des matériaux dits « biosourcés », fabriqués (à 40% minimum) à partir d’amidon ou de fécule extrait de blé, maïs ou pomme de terre, ils sont donc renouvelables.
Également biodégradables, les bioplastiques s’intègrent parfaitement au concept d’économie circulaire. Respectant la norme européenne EN 13432:2000 en vigueur, ils sont décomposés à 90% par des micro-organismes en moins de 6 mois.
Enfin, les bioplastiques sont compostables et peuvent donc être revalorisés en fin de vie en servant d’engrais organique à des cultures végétales.
Le bioplastique… Quel intérêt ?
L’étendue des applications bioplastiques ne cesse de croître grâce aux progrès technologiques des acteurs du secteur ces 5 dernières années. Aujourd’hui, le bioplastique peut remplacer le plastique conventionnel dans l’emballage alimentaire, les capsules à café, les sacs poubelles, les sacs de caisse, les couverts et gobelets, les coques de téléphone, certaines pièces automobiles…
Les avantages par rapport aux plastiques d’origine pétrochimique sont multiples :
- Émission de 30 à 75% de CO2 en moins ;
- Recours aux ressources pétrolière limité – 8% de la production pétrolière est aujourd’hui dédiée à la production de plastiques conventionnels ;
- Plus grande indépendance vis-à-vis du pétrole dont le prix instable est amené à progresser au fur et à mesure de la raréfaction ;
- Faciliter la filière tri des déchets organiques – représentant en France près de 30% de nos déchets ménagers, seuls 8% sont compostés ;
- Revaloriser les bioplastiques en compost pour fournir la filière agricole française en engrais organiques comme substituts aux engrais pétrochimiques.
Mais alors… pourquoi pas maintenant ?
Pourtant, malgré ses propriétés, le bioplastique ne représentait en 2012 que 0,4% du total des plastiques produits. La raison primaire de cette faible utilisation actuelle, quoiqu’en progression, reste le prix : 1,5 à 4 fois plus cher que le plastique conventionnel du fait de volumes de production moindres.
D’autres raisons plus secondaires portent sur les doutes attachés à la filière : la question de la priorisation des surfaces cultivables entre productions agroalimentaires et productions à usage industriel ; l’incertitude face aux propriétés du bioplastique, parfois non adaptées par rapport aux plastiques conventionnels (moindre résistance à la chaleur…).
Cette filière française a aujourd’hui besoin d’une impulsion pour véritablement s’affirmer au niveau européen et mondial. C’est dans cet objectif que s’inscrit l’article 19bis de la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte. Il prévoit l’interdiction de la distribution de sacs plastiques d’origine pétrochimique à usage unique dans les supermarchés dès le 1er janvier 2016. Rendez-vous mardi prochain, le 3 mars, pour connaître le résultat du vote au Sénat. On peut d’ores et déjà se poser la question suivante : La jeune filière bioplastique française est-elle prête à produire dès 2016 les 12 milliards de sacs plastiques conventionnels « fruits & légumes » consommés chaque année en France ?