Le 9 mars dernier, la 2ème édition des Energycamps nous permettait de réunir autour de la table divers experts du Smart Building. Le Smart Building, ou Bâtiment intelligent, est un formidable générateur de « data », données. Retour sur ces bâtiments de demain qui sont à la fois sources de données et de services innovants mais aussi sujets de nouveaux enjeux.
LES ENJEUX DU DEVELOPPEMENT DES SMART BUILDING
Au niveau des acteurs
- Le Smart Building est-il une opportunité de diversification pour les énergéticiens ?
Le Smart Building de demain passe-t-il par une augmentation des relations de service autour de la donnée avec l’énergéticien ? Ce dernier va en effet pouvoir intégrer la chaîne de valeur de la gestion énergétique en amont des consommateurs finaux. Un énergéticien pourrait par exemple proposer de travailler en partenariat avec des promoteurs immobiliers pour intégrer ses capteurs et ses services de conseil énergétiques au sein du bâtiment. Ce qui permettrait par la suite de proposer un service intégré à l’usager final.
Reste à déterminer si les énergéticiens ont les compétences nécessaires (« data analyst », agilité, etc.) pour développer ces types de services qui s’éloignent de leur cœur de métier de fournisseurs d’énergie.
- Lecture différente du Smart entre l’exploitant et l’utilisateur ?
Il peut exister un conflit d’intérêts. L’exploitant cherche à tirer profit du Smart pour tendre vers l’efficacité, les économies d’exploitation et l’optimisation quand l’utilisateur tend vers le confort de son environnement pouvant aller à l’encontre d’une gestion optimale. Un arbitrage sera alors nécessaire pour définir les règles de gestion convenant aux uns et aux autres.
Il faut par ailleurs prendre en compte l’intelligence du bâtiment dans le fait qu’une consommation/gestion non-optimale à un instant T peut être compensée par une consommation/gestion optimisée à un instant Y. Par exemple, une surconsommation d’électricité utilisée pour faire fonctionner une salle de serveurs informatiques en T pourra être compensée par une redistribution de la chaleur produite par les serveurs à l’ensemble du bâtiment en Y afin de limiter l’énergie consommée en chauffage.
- Comment assurer un engagement Smart durable de l’utilisateur ?
Le Smart Building ne peut se passer de l’engagement individuel de chaque utilisateur dans la démarche Smart. Toute implémentation Smart est tributaire d’un volet communication destiné à sensibiliser l’utilisateur au rôle qu’il joue dans l’écosystème Smart du Building.
Au niveau des infrastructures
- Le Smart Building est-il multifonctionnel ?
Il faut repenser les infrastructures, abattre les cloisons et voir le bâtiment comme un tout multifonctionnel mêlant locaux commerciaux, bureaux professionnels, habitations et espaces verts. Les bâtiments multifonctionnels tendent à être énergétiquement plus efficaces que les bâtiments monofonctionnels (notamment en terme de perte d’énergie). Les pertes d’énergie nettes occasionnées lorsqu’un bâtiment professionnel est inoccupé [~ entre 19h et 8h tous les jours] peuvent être amorties en assurant une occupation continue via l’intégration de logements par exemple.
Au niveau de la sécurité de la donnée
Ces bâtiments du futur vont générer un volume formidable de données créatrices de valeur, mais également source de risques si elle ne sont pas correctement protégées. Les données issues du Smart Building sont des données potentiellement personnelles puisqu’elles font ressortir les habitudes de vie des personnes présentes dans le bâtiment. Il convient donc d’une part d’anonymiser ces données et d’autre part d’en protéger l’exploitation par des tiers.
Les attaques informatiques qui ne cessent de faire la une des journaux obligent les gestionnaires d’infrastructures à développer des outils de protection informatique. Ce qui représente à la fois un enjeu de cyber-sécurité mais aussi de confiance pour éviter la défiance des usagers à l’égard de ces bâtiments.
