ENGIE et Netatmo s’allient pour proposer un thermostat connecté et un contrat d’énergie. Vers un nouveau business model co-acteurs dans l’énergie…
Faire vivre son produit dans les yeux d’un autre
Le 15 juin 2015, ENGIE a lancé le Thermostat Netatmo by ENGIE. Avant cela, ENGIE avait déjà commercialisé le Thermostat Connecté DolceVita. Pour cette nouvelle version, le grand groupe de l’énergie s’est associé à la start up Netatmo pour commercialiser ce produit sans avoir à prendre en charge la production, les fonctionnalités du produit ou encore le design.
Qui est Netatmo ?
Netatmo est une entreprise française jeune de 4 ans (création en mai 2011) qui propose des objets connectés qui facilitent notre quotidien. Le Thermostat Netatmo permet ainsi de réguler et contrôler sa consommation d’énergie à distance via une application mobile, l’interface web ou depuis chez soi en remplacement d’un régulateur classique.
Netatmo n’en est pas à son coup d’essai et s’était déjà associé à un autre géant de l’énergie : EDF Luminus (filiale belge EDF) et CHAM (filiale française EDF spécialisée dans la maintenance) en 2014 ou encore avec la filiale au Royaume-Uni en 2015.
Que propose ENGIE à travers ce partenariat ?
ENGIE a fait appel à Netatmo afin de proposer à la vente cet objet connecté tendance et de prendre ainsi le pas à son premier thermostat deux ans après le début de sa commercialisation. ENGIE fait le choix d’écarter de son périmètre la partie définition de la technique, conception et design pour ne se concentrer que sur la partie vente et SAV. Pour ce faire, ENGIE propose une vente 100% en ligne sur son site internet ou une vente plus classique grâce à un conseiller. Les partenaires ENGIE seront également à même de le proposer avec une option installation. Son prix est de 179 euros (hors frais de livraison). Le plus d’ENGIE est de proposer la matière première à cet objet en couplant la vente du thermostat à un contrat d’énergie. Une remise de 80 euros est alors promise (dans la limite des stocks disponibles de 500 produits et jusque fin septembre).
Vers un nouveau business model…
Avec ce nouveau produit, les habitudes du leader de fourniture de gaz changent. ENGIE s’associe à Netamo pour vendre et répondre à une demande accrue des clients de gestion de leur consommation énergétique. Ainsi, ENGIE achète le matériel, en réalise la promotion via son site internet et des campagnes emailing et en assure le service après-vente. La partie facturation et paiement est également gérée par ENGIE. Le groupe apporte une valeur ajoutée au produit puisque le client est en mesure d’acheter son énergie et l’objet qui va lui permettre d’en gérer sa consommation, et ce au même fournisseur. Netatmo quant à lui a tout à gagner avec ce nouveau partenariat. Ainsi, la start-up garde la main sur sa technologie et fabrication, vend en BtoB -et écarte ainsi les coûts liés à la vente en BtoC, et la gestion directe du SAV. Pour autant, le consommateur garde toujours en visu la marque Netatmo. En effet, la gestion de la consommation se fait sur l’interface créée et alimentée par Netatmo. Les données récoltées sont concaténées et exploitées par Netatmo. Les résultats obtenus doivent d’ailleurs donner lieu à un « Bilan Économies d’Energie » que Netatmo envoie à ces utilisateurs sans intermédiation.
… qui profite aux deux parties.
L’alliance est bénéfique pour les deux parties. D’une part, Netatmo améliore sa visibilité en bénéficiant de la visibilité d’ENGIE –d’autant plus mis en lumière ces derniers temps avec le changement de nom de ce dernier (GDF Suez devient ENGIE). Il améliore ses ventes indirectes en ayant des efforts de vente limités. Leur produit bénéficie d’un fort rayonnement du fait qu’ENGIE propose un contrat d’énergie en complément. En outre, Netatmo garde la main sur les données qui font parties de la valeur ajoutée de leur technologie. En effet, Netatmo oriente sa stratégie de communication sur les économies d’énergie réalisées grâce au pilotage à distance du chauffage en comparaison à un profil similaire sans thermostat. Cette communication est rendue possible grâce à l’exploitation de la data des utilisateurs de l’objet.
D’autre part, ENGIE redore son image en s’associant à une entreprise jeune et dynamique et répond aux nouvelles tendances du marché. Les consommateurs sont de plus en plus friands des objets connectés mais aussi des moyens de réduire leur consommation et donc leur facture d’énergie. Grâce au thermostat, les utilisateurs sont en mesure de réaliser jusque 25% d’économies (Source Ademe – Brochure 6 591 – Septembre 2011 – Le chauffage, la régulation et l’eau chaude). C’est aussi un bon moyen de capter de nouveaux clients et de conserver ceux en quête de renouveau grâce au couplage du thermostat et d’un contrat d’énergie. L’offre de lancement d’une remise de 80 euros est d’ailleurs réservée aux souscriptions d’un contrat gaz ENGIE. Le géant oriente donc sa stratégie de développement vers les nouvelles technologies connectées et s’arme d’un produit qui a déjà fait ses preuves. Le thermostat est en effet commercialisé par Netatmo depuis le 1er septembre 2013 et rencontre le succès. C’est un produit complexe par sa technologie et en même temps dont l’utilisation et l’installation est accessible à tous. ENGIE rivalise donc avec ses concurrents low-cost non pas par les prix mais par la diversité et la recherche de qualité et de valeur ajoutée.
Que cela change-t-il pour le client ?
Il est légitime de s’interroger sur le choix d’achat du client chez un vendeur plutôt qu’un autre. Côté coût, le prix est le même que l’on passe par Netatmo ou ENGIE pour l’achat d’un thermostat seul. Seule la souscription à l’énergie fait baisser le coût d’achat en offre de lancement. En boutique, tels que chez Darty, Fnac ou encore Leroy Merlin pour ne citer qu’eux, le prix est également de 179 euros. Enfin, les partenaires ENGIE pourront proposer une tarification personnalisée en prenant en charge la pose de l’appareil.
Concernant la qualité, elle est la même quel que soit le vendeur puisqu’il s’agit du même produit fourni par la start-up. Toutefois, la différence peut se faire sur le service après-vente. En effet, ENGIE conserve son service de qualité pour ce produit. Ainsi, le client est en mesure d’obtenir un service en direct par téléphone, tandis que Netatmo privilégie les contacts en ligne. En tout état de cause, les aspects techniques relèvent de la compétence de Netatmo. C’est donc ce dernier qui est garant de la technologie du produit alors qu’ENGIE est responsable de son fonctionnement puisque vendeur. L’interface et la technologie restent dans le périmètre de la start-up, la confidentialité des données de consommation du client aussi.
De nouveaux partenariats émergent et sont désormais visibles et assumés par les deux parties. Un nouveau business model dans le secteur de l’énergie émerge. Il définit de nouvelles règles d’alliance encore rares dans ce secteur avec lesquelles le processus de vente et d’exploitation du produit est scindé et réparti sporadiquement entre les deux. Cette forme de commercialisation rappelle le secteur des télécoms. Les boutiques des différents opérateurs proposent ainsi les produits d’entreprise à forte valeur ajoutée telles qu’Apple, Samsung, etc… Pour l’instant, les conclusions à tirer pour ces projets co-acteurs dans le secteur de l’énergie sont méconnues et notamment les contrecoups à craindre s’ils existent. Néanmoins, à l’heure actuelle le projet est bénéfique pour les deux parties : ENGIE s’ouvre aux nouvelles technologies et en fait profiter ses clients tandis que Netatmo gagne en visibilité et en notoriété.
Et si la subsistance des grands groupes face à la concurrence grandissante et agressive résidait dans l’alliance avec les start-ups pour créer des projets communs ?