Energystream se propose d’analyser trois smart grid emblématiques de la transition énergétique en cours vers des systèmes énergétiques décentralisés. Au-delà du buzz dans les médias, c’est l’occasion de rentrer en profondeur dans chaque smart grid, afin d’en comprendre les tenants et les aboutissants. Cette semaine, Energystream vous présente le projet Lyon Smart Community à Lyon Confluence.
CONFLUENCE : de quoi s’agit-il ?
Confluence est le premier quartier durable labellisé par le WWF en France. L’écoquartier au cœur de Lyon s’inscrit dans une démarche de mixité sociale, et affiche des performances énergétiques exemplaires : 80% de la consommation d’énergie est couverte par les énergies renouvelables produite sur place.
Qui impulse le projet ?
La métropole de Lyon est à l’initiative : ce partenariat s’inscrit dans la démarche de la Métropole de Lyon de maîtrise de l’énergie, affichée notamment dans son Plan Climat et dans sa volonté de faire de l’agglomération le terrain de l’innovation et de l’expérimentation Smart City. La métropole lyonnaise est à ce jour, la métropole française qui compte le plus de projets Smart City en développement et peut être considérée, à ce titre, comme le territoire aujourd’hui leader dans ce domaine.
La Commission Européenne a fortement soutenu l’éco quartier. En effet, le projet a été financé par le programme Européen Concerto, avec une subvention de 3,9 millions d’euros. Lancé en 2003, le programme Concerto encourage les collectivités territoriales à développer des projets urbains majeurs (réhabilitation de sites existants ou de nouveaux quartiers), exemplaires en matière d’efficacité énergétique et d’emploi des énergies renouvelables.
Comment ça marche ?
Au moins deux facteurs peuvent expliquer la performance énergétique du quartier :
1 – Une production locale et diversifiée d’énergies renouvelables. Par exemple, trois chaufferies collectives à bois ont été installées dans le quartier, et des panneaux solaires thermiques et photovoltaïque sont posés sur les toits.
2 – Des bâtiments éco conçus, passifs ou à énergie positive, dotés d’une excellente isolation thermique.
Quels sont les résultats ?
Les 660 logements et 1500 m² de bureaux des trois premiers ilots (Lyon Island, Saône Park et le Monolithe), devraient consommer entre 30 et 60 kWh/m²/an, soit 3 à 10 fois moins que des bâtiments traditionnels.
Quelle est la trajectoire du projet ?
Le projet d’expérimentation de réseau intelligent de Lyon Confluence est né en Décembre 2011, fruit de la collaboration du Grand Lyon et NEDO (New Energy and Industrial Technology Development Organization), l’équivalent de l’ADEME au Japon. Cette collaboration a donné lieu à un protocole d’accords prévoyant une expérimentation sur 5 ans, articulés autour de quatre thèmes majeurs : les bâtiments à énergie positive, les véhicules électriques, un système de suivi énergétique résidentiel et un outil de pilotage énergétique du quartier (« community energy management system » ou CEMS). Ces quatre volets ont été lancés simultanément en 2012, la fin de la période de démonstration étant prévu pour 2016.
Les grandes étapes du projet ont été les suivantes :
- 2011 : étude de faisabilité – conclusion d’un accord de MOA entre Grand Lyon et NEDO
- 2012 : construction de l’éco-système du projet et signature d’accords de mise en œuvre par les partenaires privés
- 2013-2014 : exécution du projet
- 2014-2016 : période de démonstration et analyse des résultats
En ce qui concerne le « Community Energy Management System » (CEMS) celui-ci permettra à terme de faciliter la gestion globale de l’énergie au niveau du quartier. En effet, ce-dernier est un outil de pilotage et de prospective s’appuyant sur une mesure approfondie de la consommation d’énergie sur l’ensemble du territoire de la Confluence pour mieux planifier les besoins énergétiques. Toshiba est responsable du développement du CEMS et collabore avec les gestionnaires de réseau d’énergie, les gestionnaires de bâtiments, et les opérateurs de service de mobilité pour collecter les données sur la production et la consommation d’énergie. Ces données sont ensuite agrégées afin de fournir un outil de planification énergétique, permettant la visualisation de la consommation et de la production à l’échelle du quartier.
C’est d’ailleurs dans ce cadre que Lyon Confluence ambitionne d’ici 2030 d’atteindre la neutralité énergétique. Au-delà, l’objectif fixé est de devenir un territoire à énergie positive.
Où est l’innovation dans le projet
L’aspect innovant du projet Confluence réside dans son approche où chaque projet se retrouve complémentaire, ces-derniers touchant à la fois à l’efficience énergétique, la multi-modalité, au rôle du citoyen et aux outils de pilotage. En effet, l’écoquartier vise à créer un écosystème intelligent qui envisage tous les domaines : énergie, mobilité, nouveaux services, développement économique, environnement, urbanisme etc.
A terme, un nouvel aspect encore plus innovant du projet verra le jour. En effet, Bouygues Immobilier ambitionne de lancer une blockchain pour smartgrid, en partenariat avec les start-up Energisme et Stratumn dans le quartier de la Confluence. Le projet consistera à bâtir le démonstrateur d’un réseau local décentralisé de supervision des échanges d’énergie où les producteurs-consommateurs d’énergie solaire pourront suivre, en direct et en local, leurs échanges. Cette initiative fait d’ailleurs échos au projet Brooklyn Micro Grid et restera donc à suivre.
Conclusion
Le réseau d’énergie de la Confluence n’est pas encore à proprement parler un Smart-Grid où producteurs et consommateurs peuvent échanger librement l’électricité comme c’est le cas pour Brooklyn Micro Grid. Au sein de Lyon Confluence, le CMS cherche plutôt à donner une vision d’ensemble aux partenaires du projet des besoins et ressources énergétiques sur le quartier, et de développer une politique énergétique locale, adaptée à ses habitants, ses entreprises, et ses services.
Le démonstrateur Lyon Smart Community étant arrivé à échéance, le nouveau projet Smarter Together de Lyon Confluence a été lancé pour en prendre le relai, au côté des villes de Vienne & Munich dans le cadre du projet Horizon 2020 lancé par l’Union européenne. A l’échelle locale, L’objectif de Smarter Together est de continuer les expérimentations menées sur le quartier de la confluence. A une échelle globale, le projet ambitionne de proposer des solutions intelligentes duplicables à l’échelle mondiale pour améliorer la qualité de vie des citoyens. Il s’étendra sur cinq ans et dispose d’un budget global de 29 millions d’euros, dont 24 millions financés par le programme Horizon 2020 de la Commission européenne (8,6 M € pour le projet lyonnais dont 7 M€ financés par l’Europe).
Cinq pistes seront priorisées avec des objectifs précis :
- Sensibilisation et soutien technique/financier à la rénovation des logements (143 067 m2)
- Développement de la production d’énergie renouvelable (+ 17,2 MW)
- Développement des systèmes d’autopartage électrique (15 nouvelles installations)
- Développement de nouvelles solutions et partenariats pour améliorer système central de pilotage de l’énergie (CEMS)