Energystream a eu l’opportunité d’assister le mardi 3 juillet au lancement de la saison 2 du programme d’Open Innovation « CityMakers » centré sur les enjeux de la mobilité urbaine du futur. Cette initiative portée par NUMA ambitionne « d’expérimenter des solutions concrètes pour accélérer la transition vers une mobilité flexible et durable ». CityMakers met en avant la collaboration de multiples acteurs orientée vers des partenariats public-privé à travers des grandes entreprises, des collectivités, des startups, des PME et des chercheurs. Europcar Mobility Group, Groupe Renault, MAIF, Nissan, RCI Bank and Services, Shell et la Ville de Paris sont les participants de la saison 2 de CityMakers. Cet événement marque la fin de la première étape du programme avec la révélation de six challenges prioritaires orientés notamment sur le véhicule électrique. A terme, l’objectif est de déployer plus largement des solutions dont la pertinence aura été validée par des tests terrain.
NUMA ? Un réseau mondial de programmes de formation, d’innovation et de transformation des organisations (accélérateur de startups, culture et partenariat d’innovation…).
Pourquoi la Ville de Paris soutient-elle le programme d’Open Innovation CityMakers ?
Emmanuel Grégoire, Adjoint à la Maire de Paris Anne Hidalgo, Chargé du budget, de la transformation des politiques publiques & SI, a introduit le lancement de la saison 2 de CityMakers. Participer à la construction des transports individuels et collectifs constitue selon lui le rôle principal de la collectivité en termes de mobilité urbaine. Néanmoins, depuis quelques années nous assistons à une hausse considérable de la vitesse de mise en place des innovations mais aussi de leur obsolescence, bousculant complètement le rôle des collectivités territoriales. En effet, la puissance des outils numériques accélère le rythme des innovations, sans oublier le développement de l’intelligence artificielle et de la robotisation.
Emmanuel Grégoire, Adjoint à la Maire de Paris Anne Hidalgo
Concernant l’organisation des mobilités, les collectivités sont historiquement en charge de deux missions : être un investisseur en termes d’infrastructures de transport et être en charge de la police des circulations.
Cette compétence de police des circulations implique un rôle prédictif et prospectif sur l’organisation de l’espace public et sur les partages des différents modes de mobilité. Dès la fin du 19ème siècle, des investissements colossaux sont consentis afin de développer les grands modes de transport tels que le tramway. Toutefois, ils sont intégralement détruits à la fin de la Seconde guerre mondiale au profit d’infrastructures favorisant le développement des véhicules individuels et des transports collectifs roulants. Aujourd’hui, les collectivités sont sur la voie de la réorganisation de la répartition entre voitures thermiques, véhicules électriques et bornes de recharge, vélos en « free floating », VTC… Être la police des régulations n’était pas la fonction première des collectivités mais c’est aujourd’hui indispensable afin de faire cohabiter tous les modes de transport. De plus, le temps est compté pour contrer pollution et dérèglement climatique : les collectivités doivent en avoir conscience et être les plus proactives à ce sujet.
Afin de rester à l’avant-garde en matière d’innovation, d’écosystème de création de valeur, de solidarité et d’organisation du territoire, les collectivités doivent trouver le moyen de répondre à deux problématiques centrales : la révolution des mobilités et la soutenabilité des métropoles. C’est pourquoi la Ville de Paris cherche à avoir une vision globale et prospective des mobilités urbaines dans la ville et au de-là de celle-ci. Par conséquent, le programme partenarial CityMakers constitue un outil pour alimenter sa réflexion sur le sujet de l’évolution des mobilités en se coordonnant avec l’ensemble des acteurs de l’écosystème.
Une première phase d’ateliers de travail a permis aux partenaires de CityMakers de mettre en avant six challenges regroupés en trois thèmes :
- Véhicule électrique et la ville : « Garantir la recharge des véhicules électriques », « Fournir une meilleure expérience de recharge », « Comprendre la valeur de la recharge dynamique »
- Solutions de mobilité à la demande : « Améliorer les offres de mobilité dans les zones peu desservies »
- Mobility as a service : « Améliorer les politiques de mobilité par la donnée » et « Donner confiance à l’usager dans toutes les mobilités »
Dans cet article, nous allons détailler les trois challenges dédiés au premier thème : « Véhicule électrique et la ville ». Nous vous donnons rendez-vous sur Transportshaker pour découvrir les trois autres challenges issus des thèmes : « Solutions de mobilité à la demande » et « Mobility as a service » !
Trois challenges dédiés aux enjeux du véhicule électrique
Mais avant tout, où en est le déploiement du véhicule électrique en France ? En 2018, 139 000 véhicules 100% électriques sont comptabilisés en France sur un total d’environ 35 millions de voitures en circulation… 14 381 véhicules particuliers 100% électriques ont été immatriculés depuis le début de l’année 2018 (Avere). Le Gouvernement souhaite atteindre le cap de 1 million de véhicules électriques en circulation en 2022 : dont 600 000 véhicules 100% électriques et 400 000 véhicules hybrides (Le Monde).
Comment garantir aux chauffeurs la recharge de leur véhicule électrique ?
L’usage des véhicules électriques est en hausse chez les professionnels de transport (Taxi, VTC). De par les technologies actuelles et les réseaux de bornes encore faibles en nombre, la recharge des véhicules électriques a été identifiées comme un des freins à leur déploiement. Sentiment de perte de temps, source de stress pour les conducteurs, impression de contrainte sur la gestion des itinéraires… Le challenge vise à faciliter la recharge des véhicules électriques pour les conducteurs, notamment professionnels, avec une solution de réservation de bornes. Celle-ci consiste en une API de réservation inter-operateurs de recharge pour permettre de réserver une borne de recharge indépendamment du réseau d’un opérateur. Les acteurs engagés par ce challenge sont : Yuso (éditeur de solutions d’optimisation de flottes de véhicules), RCI Bank and services (filiale du Groupe Renault et banque proposant des offres d’automobilité) et la Mairie de Paris.
A savoir ?
La startup française All in factory a créé et breveté des bornes de recharge réservables et monétisables Book & Plug : le déploiement des 1000 premières bornes est prévu en septembre 2018 dans les Hauts de France.
Comment proposer une meilleure expérience de recharge des véhicules électriques aux professionnels de la mobilité ?
L’utilisation des véhicules électriques, en particulier par les VTC (Véhicule de Tourisme avec Chauffeur), augmente en zone urbaine. De plus, le temps consacré à la recharge représente pour un chauffeur VTC une baisse de sa productivité. Afin de contrer celle-ci, des infrastructures et des services adaptées sont nécessaires (smart charging, smart metering, stationnement adapté aux VTC…). « L’enjeu de ce challenge est de fournir une expérience de charge optimisée, productive et efficace pour les chauffeurs VTC. » Son objectif est de monter un hub pour la recharge des véhicules électriques permettant aux chauffeurs de VTC de réduire le temps de recharge. L’un des défis sera alors de coordonner les déploiements de bornes de recharge avec l’opérateur de distribution Enedis pour assurer l’approvisionnement et la bonne intégration des bornes sur le réseau, ndlr. Ce challenge regroupe le spécialiste de location Europcar Mobility Group, le Groupe Renault, la startup française Marcel (service de VTC « citoyen » en IDF) et la compagnie pétrolière Shell.
A savoir ?
Chargemap.com recense toutes les infrastructures et les prises de chargement en Europe en s’appuyant sur les données des constructeurs et des utilisateurs, régulièrement mises à jour.
Apparition du réseau de bornes de recharge universelles Belib’ dans Paris pour particuliers et professionnels : à terme il a pour vocation d’être interopérable et le badge permettra d’accéder à d’autres bornes que celles de la Mairie de Paris.
Enjeux ?
Selon les Echos, 22 308 bornes publiques réparties sur 8320 stations étaient recensées en France au 1er janvier 2018. Selon le Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer, 100 000 installations de recharge publiques seront comptabilisées en 2020. La mise en place des infrastructures de recharge et les enjeux associés au pilotage de la recharge constituent un des domaines d’innovations techniques du véhicule électrique. La mobilité électrique implique une transformation digitale des activités, associée avec le développement d’acteurs relayant les informations nécessaires à l’utilisateur par des applications mobiles (géolocalisation des bornes, disponibilité, temps de charge…). Cette digitalisation va de pair avec une interopérabilité des acteurs.
Comment évaluer la valeur de la recharge dynamique comme une alternative aux bornes de recharge ?
« En 2030, à Paris, 60% des km seront parcourus par des véhicules utilisant de l’énergie électrique. » Face à l’augmentation et l’intensification de l’utilisation des véhicules électriques, le modèle classique de bornes de recharge – semblable aux stations essences actuelles – semble peu soutenable (occupation de l’espace public, utilisation du parc non optimisée dans le cadre de l’autopartage…). L’objectif de ce challenge est d’évaluer l’alternative de la technologie de recharge dynamique (concept permettant aux véhicules de se charger en roulant, par induction via des dispositifs de charge intégrés à la chaussée) pour répondre à cette problématique. L’expérimentation se déroulera en deux temps grâce à une simulation de flux. Après une phase d’observation des déplacements des véhicules électriques particuliers ou professionnels, le challenge simulera ensuite à l’horizon 2030 sur quelles routes installer des dispositifs permettant aux véhicules de se charger en même temps qu’ils roulent. Shell et le Groupe Renault sont positionnés sur ce challenge. Ces deux acteurs historiques de la mobilité s’adaptent aux défis des transports en se tournant massivement vers l’électrique. A l’instar de Total, Shell, présent sur toute la chaîne de valeur du pétrole, prend le virage de l’électrique pour renforcer sa position de leader de l’énergie.
A savoir ?
La recharge par induction n’est pas une nouvelle technologie : elle consiste à placer une plaque émettrice sous la route et une plaque réceptrice sous le véhicule. Vedecom, institut de recherche français, dispose d’une solution de ce type ainsi que Qualcomm, entreprise américaine, avec sa solution Halo.
Prototype de route et véhicule électrique mis en place par Qualcomm en partenariat le Groupe Renault.
Et après ?
Les équipes sont désormais à la recherche d’autres partenaires tels que des startups, chercheurs et entreprises afin de compléter les groupes de travail. Sélectionnés le 10 septembre 2018, ils rejoindront les équipes des challenges afin de comprendre les besoins de l’utilisateur, concevoir et tester des solutions viables économiquement et techniquement. En effet, pour chaque challenge, les équipes vont chercher à comprendre les contraintes, les freins et les besoins des usagers de la mobilité en Ile de France. Numa nous donne rendez-vous le 31 janvier 2019 lors du DemoDay pour voir les résultats et clôturer la saison 2 de CityMakers. Ce rythme de sept mois permettra de construire très rapidement des solutions pertinentes pour l’usager, qui auront un véritable impact business pour les entreprises demain.
Pour plus d’informations : https://fr.citymakers.io/challenges-2
de gros enjeux locaux et des enjeux de distribution d’energie importants