La prise de conscience quant à la nécessité d’une transition écologique nous pousse à réinventer le modèle économique de demain. L’économie linéaire, basée sur le principe de l’abondance des ressources, est aujourd’hui obsolète. Face à ces enjeux, l’économie circulaire est une alternative prometteuse. En effet, elle se présente comme étant une solution viable et vertueuse pour répondre aux enjeux économiques, environnementaux et sociaux. Pour adopter des modèles circulaires sur un territoire, il faut commencer par bien comprendre le fonctionnement de ce territoire. C’est-à-dire : quels sont les flux de matières et d’énergies mis en jeux sur ce territoire ? Cette analyse permettra d’établir une cartographie du territoire : le métabolisme urbain.
D’après Bochet et Cunha, la notion de métabolisme urbain constitue un ensemble de transformations et de flux de matière et d’énergie intervenant dans le cycle de vie d’une zone urbaine. On pourra alors s’appuyer sur cette cartographie pour établir une stratégie, identifier les actions circulaires à mener et les acteurs à embarquer. Nous allons voir ici pourquoi connaître le métabolisme urbain est valorisant et détailler la marche à suivre pour l’élaborer.
Les différents usages du métabolisme urbain
Créer des chaînes de valeurs circulaires entre les différentes parties prenantes du territoire demande une connaissance systémique de ce territoire. L’implication de l’ensemble des acteurs est donc indispensable. Le métabolisme urbain permet aussi de cartographier les parties prenantes du territoire et les écosystèmes d’acteurs. On peut ainsi explorer le potentiel du territoire et identifier les domaines à forts enjeux. Le métabolisme urbain est ainsi à la fois un outil de prospection qui permet d’embarquer les entreprises du territoire et un outil d’aide à la décision sur lequel on pourra s’appuyer pour mettre en place des stratégies circulaires. Surtout, il permettra ensuite de suivre en continu l’évolution du territoire à l’aide d’indicateurs et donc de s’assurer de l’efficience des actions mises en place.
Par exemple, Dunkerque est réputée au niveau national pour l’écologie industrielle qui y est mise en place auprès de 150 entreprises. C’est l’association ECOPAL qui a réalisé une analyse de flux du territoire à partir de laquelle l’AGUR a développé une « toile industrielle » représentant les principaux échanges et relations qu’ont développés les industries du territoire entre elles. Celle-ci est un véritable outil d’intelligence économique, de prospection, d’analyse et de compréhension au service de l’économie circulaire.
L’identification des solutions à mettre en place
Les flux entrants et sortants
Une fois les flux et stocks du territoires connus, l’objectif est de minimiser les flux entrants et sortants. Les solutions consistent alors à diminuer la consommation, consommer de manière plus efficace, réinjecter les flux sortants et enfin valoriser les stocks. Les flux entrants diminueront alors naturellement. Concernant les flux de matières, réinjecter les flux sortants consiste principalement à recycler sur place les déchets de la ville plutôt que de les jeter à l’extérieur. Concernant les flux d’énergie, cela consiste principalement à utiliser l’énergie dégagée par différents processus comme une source. Par exemple, la ville de Paris a mis en place le chauffage d’une piscine en utilisant l’énergie dégagée par des serveurs informatiques sous forme de chaleur. Toujours à Paris, la chaleur dégagée par les eaux usées est utilisée pour chauffer diverses infrastructures, telles que l’école de Wattignies, la mairie du 11ème arrondissement ou encore la piscine d’Aspirant-Dunand.
Les stocks
Aussi, utiliser les stocks consiste à valoriser tout ce qui est inutilisé dans une ville. On peut distinguer les stocks de la ville sous deux formes.
Premièrement, il existe des stocks sous forme de biens inutilisés. Valoriser ces stocks consiste principalement à promouvoir et mettre en place une économie de fonctionnalité. Cette économie consiste à vendre un service plutôt qu’un bien, ce qui encourage l’optimisation des produits. Par exemple, les voitures sont inutilisées une grande partie de la journée, et souvent elles ne sont pas utilisées à pleine capacité. Les solutions telles que la location, l’autopartage ou encore le covoiturage permettent d’optimiser l’utilisation des voitures.
Deuxièmement, on peut voir les stocks sous formes de déchets. Il faut alors voir ces déchets comme des gisements dont on peut extraire des ressources en les recyclant. On peut détailler ici les différentes formes de recyclages en fonction de l’état du bien jeté. Tout d’abord, on cherche à réutiliser le bien tel quel s’il est fonctionnel. On peut également faire de l’upcycling, c’est-à-dire donner à l’objet une valeur supérieure à celle qu’il avait à l’origine. Un exemple connu consiste à fabriquer une table à partir de palettes usagées. Ensuite, si le bien ne peut plus remplir de service, on cherche à le réparer en changeant les pièces déficientes quand cela est possible. Sinon, on en extrait les composants qui sont encore en état de fonctionnement pour les réutiliser. L’étape suivante consiste à réutiliser simplement la matière première des composants déficients (par exemple l’or qui est présent dans les téléphones). Pour finir, le dernier recours est la revalorisation énergétique du bien.
Définir les stratégies les plus pertinentes
Le métabolisme urbain permet de se focaliser sur les stratégies circulaires les plus pertinentes. Ainsi la ville devient peu à peu un territoire autonome, émancipé et indépendant. Par exemple, Amsterdam et Barcelone se sont fixées pour objectif ultime d’être des villes autosuffisantes en 2050.
La réalisation du métabolisme urbain peut être un acte fondateur de l’engagement de la collectivité en faveur de l’économie circulaire. Il permet d’embarquer l’ensemble des parties prenantes du territoire vers un même projet, car la coopération de ces dernières est indispensable. Il sera également utile pour prospecter, communiquer et surtout suivre en continu l’évolution du territoire. Le métabolisme urbain demande un engagement fort de la collectivité, engagement nécessaire à la transition écologique. Car si la transition écologique est impérative, l’économie circulaire est sa meilleure alliée. Elle est une des solutions à mettre en place aujourd’hui pour préserver le monde de demain.