Les entreprises françaises du secteur de l’énergie ont toujours la côte en Chine, d’autant que l’Empire du milieu continue de bénéficier d’une croissance importante alors même que le vieux continent a du mal à sortir de la crise. En avril dernier, lors de son voyage officiel en Chine, le Président François Hollande, a signé avec son homologue chinois Xi Jinping plusieurs accords importants. Ils portent essentiellement sur le traitement et le recyclage de combustibles nucléaires pour Areva, sur l’énergie thermique pour EDF et le stockage de gaz pour GDF Suez.
Le volet nucléaire
Une première lettre d’intention a en effet été signée entre Areva et la China National Nuclear Corporation (CNNC). Elle prévoit la construction en Chine d’une usine de traitement-recyclage des combustibles usés utilisant la technologie française. Des négociations ont également été ouvertes entre Areva, le China Guangdong Nuclear Power Group (CGNPC) et EDF en vue d’une alliance qui vise à poursuivre un certain nombre d’études communes « en vue du développement d’un nouveau réacteur de troisième génération franco-chinois« .
En France, le premier accord tripartite de ce type signé entre ces trois industriels avait fait grand bruit. Début janvier, l’Inspection générale des finances (IGF) et la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) lançaient une enquête sur les relations franco-chinoises dans le nucléaire. Les enquêteurs cherchent à savoir si EDF a monnayé des intérêts stratégiques de l’industrie nucléaire tricolore.
Cela n’empêche pas ces trois grands groupes de continuer également de travailler sur une éventuelle phase 2 de la centrale nucléaire de Taishan, où deux réacteurs EPR sont déjà en construction.
Des accords autour de l’énergie thermique pour EDF
Le second volet de ces accords vise à développer une coopération entre EDF et China Datang Corporation (CDT). Il porte sur plusieurs projets communs de production d’électricité d’origine thermique, en Chine mais également à l’international.
Les deux groupes vont également étudier une coopération technique dans le domaine de l’ingénierie thermique et ont aussi convenu de renforcer leurs échanges en matière de recherche et développement, a précisé EDF dans un communiqué.
EDF avait déjà signé en 2006 un accord avec CDT, qui avait notamment permis à l’électricien français de prendre une participation de 35% dans la centrale à charbon supercritique de Datang Sanmenxia Power Plant Phase II (DSPC), située dans le nord de la Chine. Une bonne nouvelle donc pour l’énergéticien français qui confirme ainsi ses bonnes relations avec un membre du top 5 des compagnies de production d’électricité en Chine.
GDF Suez se démarque
GDF Suez, autre fleuron de l’industrie énergétique française, a également su tirer profit du déplacement du Président de la République à Pekin. Le groupe a signé plusieurs accords importants avec des partenaires chinois dans le domaine du stockage de gaz naturel, de la fourniture d’installations de regazéification de gaz naturel liquéfié et de l’environnement. Gérard Mestrallet, Président Directeur Général de GDF Suez, a souligné dans un communiqué de presse le caractère symbolique de ces signatures, qui incarnent l’engagement du groupe sur le marché chinois. Ces accords s’inscrivent dans une stratégie plus globale de la firme « visant à étendre sa présence sur les marchés en forte croissance, notamment dans la région Asie-Pacifique« .
Le premier accord intervient sur le stockage de gaz naturel. Ce contrat de prestations de services techniques est signé avec China National Petroleum Corp (CNPC). Il prévoit l’évaluation de 6 projets de conversion de gisements bientôt épuisés en lieux de stockages souterrains de gaz naturel, que sa filiale PetroChina envisage de mettre en gaz en 2013. Le volume de stockage représenterait 10 milliards de mètres cubes (Gm3), l’équivalent de la totalité de la capacité de stockage de GDF SUEZ en France aujourd’hui.
GDF Suez va dans un second temps fournir à la Chine une unité flottante de stockage et de regazéification permettant d’accélérer la possibilité de recevoir du Gaz Naturel Liquéfié (GNL) à Tianjin, à une centaine de kilomètres de Pékin, pour soutenir la croissance de la région. Ce second accord intervient avec China National Offshore Oil Corporation (CNOOC). Il prévoit le sous-affrètement du méthanier GDF Suez Cape Ann à partir d’octobre 2013, pour une durée allant jusqu’à 5 ans. Il s’agit du premier terminal flottant de regazéification de GNL en Chine.
Pour autant ces quelques signatures officielles ne font, a priori, pas rêver les spécialistes du secteur. « […] Rien de nouveau. […] Rien à inscrire dans le carnet de commandes », tacle le magazine Usine nouvelle. On peut toutefois reconnaître que ces projets réchauffent les relations entre nos deux pays. « Pourtant, ces quelques annonces sont de bonnes nouvelles ! N’oublions pas que les deux pays sortent d’une crise en la matière. […] La signature de ces quelques engagements rassure un peu. Le premier marché mondial du nucléaire n’est pas définitivement fermé aux entreprises françaises ». La diplomatie énergétique sino-française serait donc en voie de guérison.
L’empire du soleil levant, c’est le Japon, la Chine étant celui du milieu. On remarquera qu’Hollande qui envisage une réduction de la part du nucléaire dans le cadre de la transition énergétique multiplie pour autant les accords dans le domaine aussi bien avec la Chine que le Japon, sur le retraitement, mais aussi sur les réacteurs de 4ème génération avec le gouvernement japonais.