Energystream poursuit son tour de France énergétique des régions et fait aujourd’hui étape en Bretagne. La région Bretagne se trouve en situation de péninsule énergétique. Elle doit faire face à un déséquilibre structurel entre consommation et production d’énergie qui s’accentue. Elle dispose pourtant d’un fort potentiel de développement des énergies renouvelables, notamment marines. Les projets déjà initiés pourraient d’ailleurs la hisser au rang de leader mondial des énergies marines renouvelables. Décryptage.
Le défi de la dépendance énergétique en Bretagne
Dans son dernier rapport (« World Energy Outlook »), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) tire la sonnette d’alarme. Les projections en termes de demande énergétique sont encore à la hausse : la demande mondiale devrait par exemple augmenter d’environ un tiers d’ici à 2035, tirée en particulier par les pays hors OCDE. Cette demande doit faire face à la raréfaction des énergies fossiles dans un contexte de tensions géopolitiques sur fond de dérèglement climatique.
Certaines régions du monde sont plus menacées que d’autres par ces besoins croissants en énergie. A l’échelle de la France, la Bretagne est par exemple en situation de forte dépendance et de fragilité d’approvisionnement. D’après L’Observatoire de l’énergie et des gaz à effet de serre en Bretagne, elle ne produit que 8,3% de sa demande, ce qui la rend dépendante vis-à-vis des autres régions. Or, du fait de sa situation géographique, les infrastructures d’approvisionnement ne sont pas suffisamment sécurisées. La Bretagne est donc confrontée à un risque généralisé de black-out.
Dans ce contexte, le Pacte électrique breton de 2010 vise à apporter une réponse durable au défi de l’approvisionnement électrique de la Bretagne. Il repose sur 3 piliers : la sécurisation de l’approvisionnement en énergie, la maîtrise de la demande en électricité et le déploiement massif de toutes les énergies renouvelables.
Une opportunité : l’exploitation des énergies marines renouvelables
Pour parvenir à cet objectif et accroître son action en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, la Bretagne a décidé de s’engager dans le développement des énergies renouvelables, et en particulier les énergies marines renouvelables (EMR). Comme l’expliquait un précédent article, il s’agit de l’énergie électrique produite principalement grâce aux courants marins (hydroliennes), au mouvement des vagues (houlomoteur) ou des vents marins (éoliennes flottantes ou posées au large) et grâce aux marées (usines marémotrices).
La Bretagne dispose pour cela d’importants atouts naturels, industriels et économiques (détails ici). Avec ses 2 730 km de côtes, elle bénéficie de ressources naturelles exceptionnelles : les courants, les marées, les échanges thermiques, les vagues, la houle, le vent et les différences de salinité. Elle est de surcroît reconnue dans toute l’Europe pour ses compétences en recherche, développement et innovation. Elle dispose également d’infrastructures portuaires adaptées, notamment à Brest. Enfin, en tant que cinquième région industrielle de France, elle compte de nombreuses compétences utiles à la filière.
De multiples projets structurants sont déjà en marche
La Bretagne a déjà amorcé l’exploitation des EMR à travers de multiples projets, synthétisés dans le schéma suivant :
La filière de l’éolien offshore posé a déjà commencé à se structurer. Une zone de 80 km2 propice à l’accueil d’une centaine d’éoliennes a ainsi été identifiée au large de Saint-Brieuc. La production annuelle d’électricité sur ce site est estimée à environ 1,6 terawatts, ce qui correspond à la consommation moyenne de plus de 320 000 foyers (hors chauffage).
Des projets d’exploitation à grande échelle de gisements hydroliens se développent également. Relativement peu encombrante en comparaison de l’éolienne, l’hydrolienne tire parti du caractère renouvelable et prédictible de l’énergie cinétique des courants marins. Une ferme hydrolienne pilote devrait voir le jour dès 2013 à proximité de l’île d’Ouessant. Un autre parc démonstrateur devrait être mis en service sur le site de Paimpol-Bréhat en 2014, sous la houlette de la DCNS et d’EDF. Malgré les atouts naturels de la région, les projets sont néanmoins retardés par des problèmes de raccordement électrique et par les inquiétudes quant à l’impact environnemental des turbines (création de zones de turbulence empêchant le développement de la flore).
Enfin, le projet d’éolienne flottante offshore WINFLO réunit des industriels majeurs des secteurs naval et éolien. Ce projet industriel majeur devrait aboutir à horizon 2020 à l’installation de 100 éoliennes flottantes sur le site pilote de Groix. Surveillée à distance par e-monitoring, WINFLO bénéficiera de nouvelles technologies de e-maintenance issues du secteur naval et qui seront pour la première fois expérimentées pour la maintenance industrielle d’éoliennes en mer.
Les chantiers à adresser pour devenir le leader des EMR
Pour parvenir à saisir pleinement l’opportunité que constituent les EMR et répondre à ses problèmes de dépendance énergétique, la Bretagne doit cependant s’organiser :
- En structurant rapidement la filière,
- En instaurant une coopération régionale et interrégionale entre les acteurs du secteur,
- En mettant en œuvre les conditions de préservation de l’environnement marin.
C’est à ces conditions que la Bretagne sera en mesure de tirer parti de l’exploitation des énergies marines. Elle pourra alors répondre à son défi énergétique tout en stimulant l’économie de toute une région, en créant des emplois, en étant un moteur d’innovation et un exemple éco-responsable. Si les modalités de mise en œuvre restent à ce stade difficiles à anticiper, la filière laisse entrevoir des retombées importantes.
Bonjour,
Quels sont les acteurs (industriels) de l’industrie éolienne de la baie de saint Brieuc ?
Le parc hydrolien de Paimpol passera-t-il de démonstrateur à une installation de production électrique ?
Merci de bien vouloir compléter mon information sur ces sites.